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    Un petit rappel rapide avant ce chapitre : désormais, le rythme de publication du blog sera hebdomadaire, un chapitre tous les vendredis. La publication a en effet rattrapé les chapitres traduits d'avance que nous avions ! Merci de votre fidélité et bonne lecture !

     

    Chapitre 28 : Restons juste comme ça

     

     Je retire rapidement ma main à l'instant où je réalise ce qu'il se passe. Puis, je commence à m'énerver.

     

     «  - Qu'est-ce que tu fais, Yuri ?!

     - Tu es vraiment hétéro, Noh ? »

     

     Au lieu de me répondre, elle répète sa question. Elle attrape ma main et me fait tâter sa poitrine une nouvelle fois. Là, elle enfonce ses doigts dans ma chair et me force à presser ses seins. La colère me fait trembler.

     «  - Pour quel genre de mec tu me prends ?

     - Un pervers ! » me crie-t-elle en approchant son décolleté de mon nez.

     

    Je n'avais pas idée que Yuri était ce type de personne.

     

    «  Tu me déçois, Yu. »

     

    Je n'ai rien d'autre à lui dire. J'utilise ma main libre pour la repousser avant de m'excuser et de me lever pour retourner près du rivage. Je suis tellement sur les nerfs que mon corps entier est traversé de spasmes. Je récupère une serviette en remontant la plage pour m'en recouvrir vu que je ne veux pas que qui que ce soit voit l'expression furieuse sur mon visage. Mais j'entends un bruit de pas rapide derrière moi juste avant de sentir une masse de 45 kilos s'abattre sur mon dos.

     

    «  Qu'est-ce que tu fais, Yu ?! »

     

    Visiblement, Yuri a décidé de me sauter dessus en dépit du fait qu'on vient juste de se disputer.

     

    « Je t'aime tellemeeeeeeeeeeeeeeeeent ! » s'exclame-t-elle en refermant ses bras sur mon cou. Je suis totalement ébaubi par ce qu'il se passe.

      «  - Quoi ?! 

     - En fait, je me demandais si je serais capable de crier à l'aide si tu avais vraiment l'intention de me faire quelque chose, étant donné que la plage est remplie d'étrangers (1) »

     

    Elle ignore donc ma question et continue de parler avec animation. Entre ses délires et son ton joyeux, je prends conscience que je ne suis plus vraiment en colère.

     

     « Tu me testais ?! »

     

     Je sautille légèrement ce qui déséquilibre Yuri qui me re-saute immédiatement dessus. Elle pousse un cri de contentement.

     

    « Juste un peu ».

     

    Ses petits bras m'enserrent plus fortement maintenant. Je suppose qu'elle a peur de glisser. Même si j'étais énervé un peu plus tôt, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un ricanement.

     

     « Tu aurais eu des problèmes si tu avais fait ça à quelqu'un d'autre, tu sais ça ?  Ne refais plus jamais ce genre de test avec quoi que ce soit, okay ? ».

     

    C'était vraiment une chose stupide à faire, et je me sens en devoir de le lui rappeler. Yuri continue à couiner de joie et ne montre aucun signe d'épuisement.

     

     « Je suis tellement heureuse que ce soit toi mon petit ami » me dit-elle en appuyant sa tête contre la mienne.

     

    Hein ? Donc je suis vraiment le copain de Yuri ?

     

    «  Hé, Noh !

     - Hum ? »

     

     J'avais presque oublié qu'on était sur le point de regagner l'hôtel.

     

    «  Comment ça se fait que tu n'aies jamais dit aux autres que tu n'étais pas réellement mon petit ami ? »

     

    Ah, donc elle s'en rappelle, quand même. Que c'est surprenant.

     

    « Parce que tu as dit à tout le monde que je l'étais, comme j'aurais pu dire le contraire après ça ?

     - Je suis vraiment une magouilleuse, hein ?

     - Ouais ! »

     

     Yuri me donne une petite tape sur la tête.

     

     Quoi ?! Je n'ai rien dit de mal !

     

    «  Tu aurais pu être plus gentil. Tu réalises qu'une fille qui t'aime bien peut se faire des idées si tu ne la détrompes pas ? »

     

    Ah donc elle a aussi conscience de ça ? Je suis fier d'elle, en un sens.

     

    «  Nan, laisse tomber », lui dis-je tout en pensant aux raisons pour lesquelles j'ai laissé cette situation perdurer.

    Je n'ai pas contredit Yuri parce que je ne voulais pas la mettre dans l'embarras. Mais en plus de ça, je me suis dit qu'avoir une copine rendrait ma vie plus sereine. A cette époque, je jouais avec le groupe, on avait un concert de prévu à l'auditorium du lycée du couvent et le rythme était complètement fou. Je veux dire, j'étais content que les filles nous aiment bien. Mais une fois le concert terminé, j'ai commencé à recevoir des appels bizarres tous les jours et je n'étais pas très à l'aise vis-à-vis de ça.

     

    « Je savais que tu te comporterais en gentleman. Tu ne m'as jamais rabaissées. C'est bien que j'aie été la première fille à décréter que tu étais son copain, car tu n'aurais pas dit non à une autre non plus. Argh, j'aurais été tellement triste »

     

     En gros, je suis comme un article dans un magasin, je suis à celle qui pose la main sur moi en premier  ?

     Je trouve cette histoire très drôle, à vrai dire. Franchement, je n'ai pas dit la vérité aux gens parce que Yuri est vraiment une fille géniale. C'est loin d'être terrible de l'avoir pour amie. S'il s'agissait d'une fille très chiante, je l'aurais envoyé sur les roses à la seconde où elle aurait commencé à dire que j'étais son copain.

     On arrive finalement aux douches. Je laisse Yuri descendre de mon dos pour qu'elle puisse se rincer.

     

    «  Noh...

     - Quoi ?

     - Dis-le moi quand tu rencontreras quelqu'un que tu aimes vraiment. Je t'aiderai » me dit-elle soudainement.

     

    Elle ne me regarde pas, toutefois. Je la dévisage alors qu'elle enlève le sable de ses jambes et je souris légèrement.

     

     

    « Oui, d'accord.

     - Je suis sérieuse. Au début, je pensais que si je continuais à faire semblant d'être ta copine, tu finirais par tomber amoureux de moi »

     

     Oh, Seigneur. En quoi c'est logique, exactement, Yuri ? Je ne peux m'empêcher de rire en entendant son raisonnement ridicule.

     

    «  Ne rigole pas. Après un moment, j'ai compris que tu n'avais pas le moindre sentiment pour moi. Finalement, j'ai laissé tomber et accepté que ça n'arriverait jamais » me dit-elle en m'aidant à rincer ma jambe avant d'éteindre le jet d'eau. Son sourire est aussi éclatant que jamais.

     

    « J'ai hâte de rencontrer cette personne, qui qu'elle soit. Je veux être la première à la voir ».

     

     Je regarde le doux sourire de Yuri, empli de chaleur. Je sens un tiraillement dans ma poitrine. Pourquoi est-ce que je ne peux juste tomber amoureux de Yuri ? Elle est tellement gentille avec moi.

     

     Quant à la personne qui me plaît vraiment, eh bien...

     

     Le visage de Phun est la première chose qui apparaît dans mon esprit, bien que je ne sache pas quel genre de sentiment j'ai pour lui exactement. Je ne sais pas si c'est de l'amour. Mais je sais que je tiens énormément à lui. Aussi longtemps qu'il sera près de moi, il n'y aura rien d'autre au monde que je ne voudrai.

     

    « Noh... » m'appelle Yuri. On est toujours sous les douches.

     « Quoi ? Tu ne veux pas retourner à l'intérieur ? Il commence à faire vraiment frisquet.

     - Tu pourrais m'embrasser ?

     - …

     

    Ses yeux noirs me scrutent comme s'ils me suppliaient. Mais...

     

     «  - Ca n'arrangera pas les choses, Yu. Ce serait même bien pire, crois-moi »

     

    Yuri se force à rire.

     

    «  C'est ce que je me disais. Et me prendre dans tes bras ? Juste un peu ? »

     

    Je souris gentiment devant ses tentatives de négociation avant de tendre mes bras vers elle pour l'enlacer.

     

    « C'est mieux pour toi de me laisser et de trouver un mec bien à aimer.

     - Mais tu es le meilleur garçon que je connaisse », dit-elle d'une voix étouffée avant de me serrer un peu plus fort.

     

    Dans des moments comme ça, je me déteste de ne pas être capable de tomber amoureux de Yuri.

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Le jour arrive enfin à son terme et je me sens complètement vidé. Aim peut de nouveau marcher donc on a décidé d'aller en ville en voiture et de s'empiffrer dans un restaurant. Quand on est revenus à l'hôtel, j'avais à peine assez d'énergie en réserve pour prendre une douche avant de m'étaler dans mon lit, exténué.

     

     « Je suis moooooooooooort ».

     

    Honnêtement, je n'ai aucune idée de ce que j'aurais pu dire d'autre, à ce stade.

     

     Phun, occupé à ranger des trucs dans les armoires, se tourne vers moi en ricanant.

     

    «  Je ne rappelais pas que c'est toi qui avais conduit

     - Oui, bon, je sais, tu es encore plus fatigué que moi, d'accord ? »

     

    Il n'avait même pas besoin de me le faire remarquer. Je veux dire, rien que respirer me fatigue, moi. Je me repositionne dans mon lit avant de regarder par la fenêtre. J'entends les pas de Phun s'approcher de moi.

     

    «  Tu veux déjà dormir ?

     - Oui.

     - Alors, j'éteins la lampe ».

     

     Il n'attend pas ma réponse et appuie sur l'interrupteur. Les seules choses qui me rendent capable de déterminer que Phun s'est allongé dans le lit près du mien sont la lueur de la lune et le bruit du matelas qui s'affaisse.

     

     « N'oublie pas de prier avant de t'endormir », lui dis-je, même si je n'ai pas regardé s'il l'a fait ou non. Je me retourne et vois son ombre s'asseoir au pied du lit et se mettre à prier, juste comme je lui ai dit. Il s'incline trois fois avant de venir se coucher près de moi. La lune me permet de constater qu'il a mis son bras sur son front.

     

     « Qu'est-ce qu'il se passe ? Quelque chose ne va pas ? »

     

     Les gens qui vont mal prennent toujours cette pose.

     

    « Je ne sais pas... » me répond-il sans bouger son bras.

    Un silence s'installe entre nous dans l'obscurité.

     

     « …

     - Quelque chose m'a travaillé aujourd'hui... »

     

    Phun se met finalement à parler après être resté silencieux assez longtemps pour que je commence à m'endormir. Je sursaute et cligne brusquement des yeux pour chasser le sommeil.

     

     «  Quoi donc? Le fait que ton bazar pue comme un rat crevé ? »

     

     Comme prévu, une main s'abat droit sur mon crâne.

     

     « Tu veux que je te mette la tête dedans pour te faire une meilleur idée, connard ? Je voulais parler de...quand je vous ai vus, toi et Yuri, dans les bras l'un de l'autre...tout à l'heure. »

     

    Phun prend bien le temps de détacher chaque mot pour évoquer cette chose qui s'est passée bien plus tôt dans la journée.

     

    Très observateur, hein ? Comment je suis censé lui répondre ?

     

     «  Jaloux ? »

     

    Je prends le parti de le taquiner et pourtant, c'est moi qui ressens une douleur étrange dans la poitrine. Vous savez, comme quand vous essayez de mettre un peu de lumière dans une situation complètement désespérante ? Eh bien c'est ce genre de douleur.

     

    Phun soupire assez fort pour que je l'entende.

     

    « Pathétique, hein ? »

     

    Il se tait un moment avant de continuer.

     

    «  Je n'ai même pas le droit de ressentir ça ».

     

    Je ne peux que rester silencieux en entendant ces mots. Je ne veux surtout pas reconnaître que de le voir porter Aim partout comme aujourd'hui me rend malade, moi aussi. On écoute tous les deux le bruit léger des vagues atteignant le rivage. C'est exactement comme ce que je sens à l'intérieur de moi à cet instant précis. Comme si un poing venait s'écraser contre mon cœur encore et encore...

     

    « Est-ce que tu aimes Aim? »

     

     Soudainement, je décide de lui poser cette question. Je n'ai aucune idée de pourquoi je le fais. Je jette un coup d'oeil en directement de Phun, qui a une drôle d'expression sur le visage.

     

    « Je ne sais même pas ce que c'est, l'amour. Je sais que je tiens à elle. Et que...je suis près à veiller sur elle.

     - Alors, c'est probablement de l'amour ».

     

    La réponse de Phun est claire comme de l'eau de roche. Mon cerveau est désormais hors service. Je ferme les yeux, bien que je sois déjà dans une pièce sombre.

     

     «  Noh...

     - ... »

     

    Phun sait très bien que je l'écoute toujours, même si je ne réponds pas. Il poursuit, de sa voix profonde.

     

    « Ce que je viens de dire à propos d'Aim...j'éprouve la même chose pour toi, tu sais ».

     

    Pourquoi a-t-il dit ça ?

     

     « Pourquoi dis-tu ça ? ».

     

    Je lui pose directement la question alors que mes propres émotions me submergent. Il y a tellement de choses qui supplient pour être dites, à l'intérieur de moi. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas les autoriser à franchir la barrière de mes lèvres. Pas quand je passe mon temps à me répéter de ne pas dire des trucs qui mettraient Phun dans une situation compliquée.

     

    On reste tous les deux immobiles dans le silence. Puis, Phun se rapproche et me prend dans ses bras. J'accepte son geste en le serrant dans les miens en retour. Parce que c'est la seule chose qu'il nous reste encore, maintenant. C'est l'unique truc qui nous rappelle que nous sommes là l'un pour l'autre. Et peu importe quel genre de relation nous avons, je me sens tellement bien quand nous nous tenons comme ça.

     

    « Noh...je suis désolé ».

     

    Il me sert plus fort et m'embrasse sur la tempe.

     

    « J'aimerais être capable de me contrôler mieux que ça mais je... »

     

    Le son de sa voix s'amenuise, remplacé par le tremblement de ses bras. Il tremble tellement que je dois me libérer de sa poigne pour me retourner et le regarder. On plonge dans le regard l'un de l'autre comme si on essayait de communiquer par les yeux ce qu'on ressent vraiment.

     

     « Je n'y arrive pas non plus », lui dis-je avant d'autoriser mes lèvres à se poser sur les siennes. Personnellement, je ne crois pas qu'on ait besoin d'étiquette. Je veux juste qu'il reste près de moi aussi longtemps que possible.

     

     Et c'est tout ce que j'ai jamais voulu.

     

     

     

    A suivre...

     

     

    (1) Si vous trouvez cette répartie étrange, eh bien sachez que moi aussi ! Je ne suis pas sûre de comprendre ce que Yuri veut dire, je pense qu'elle fait allusion au cri qu'elle vient de lâcher et qu'elle dit à Noh qu'elle voulait vérifier si les gens, étrangers pour la plupart, se retourneraient pour voir d'où il provient bien que ce soit du thaï en version originale. Bon, même avec cette explication, je ne comprends rien à cette scène.

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 5 Décembre 2015 à 11:10

    Comme toujours un immense merci pour ce chapitre que j'ai dévoré.

    Dire que j'ai aimé la fin du chapitre est un doux euphémisme et une fois de plus je me demande pourquoi ils n'ont pas incorporé ce passage dans la série plutôt que de nous offrir ce ridicule baiser sur le front. Je trouve que le calin dans le lit aurait été beaucoup plus appréciable comme dans la première saison quand Phun est malade. C'est d'ailleurs certainement l'un de mes passages favori dans la série.

    Et puis des fois un calin vaut mieux que toutes les paroles que l'ont pourrait dire et pour ma part je trouve ça très sensuel.

    Bon je commence à divaguer. Il est temps pour moi d'aller me rafraichir.

    Bonne chance pour la suite et je vous retrouve la semaine prochaine pour mon plus grand plaisir.

     

    2
    Samedi 5 Décembre 2015 à 16:18

    Un grand merci pour ce chapitre que j'ai lu avec plaisir. C'est avec un grand plaisir que j'attend la semaine prochaine.

    Bon courage et encore merci pour votre travail.

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