• Chapitre 1

     

    Chapitre 1 : Ça a commencé comme ça

     

    « Noh ! Comment ça se fait que le budget du club ait été réduit à ce point ?! »

     La voix tonitruante d'Ohm me cloue sur place dès que je franchis la porte. J'arrive à peine au club que déjà je me retrouve avec le document litigieux fourré sous le nez.

     

     Je fronce les sourcils en commençant à lire le papier (qu'Ohm continue gentiment de tenir à deux centimètres de mes yeux) en détail. Je connais le montant du budget nécessaire au club mieux que la date d'anniversaire d'Aum Patcharapa (1) et je me souviens très bien avoir demandé 25 000 bath pour que nous puissions acheter de nouveaux tambours vu que ceux qu'on utilise commencent à se faire vieux.

     

     Mais alors pourquoi ce machin dit-il qu'on a le droit seulement à 5 000 bath ?! Qu'est-ce qui est arrivé aux 20 000 restants ?!

     

     «  Putain ! Tu sais bien qu'on va bientôt recevoir la facture des nouveau tambours. Il va falloir qu'on fasse la manche pour les payer ou quoi ?? ».

     

     Ohm continue à vociférer sans se fatiguer tandis que les autres membres du club, assis autour de nous, prennent un air totalement angoissé. Alors qu'est-ce qu'un président de club comme moi est censé faire ?

     

     « Je reviens tout de suite »

     

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     Le son de mes chaussures en cuir résonne sur le sol alors que je cours en direction du bâtiment principal. J'ai peur que les bureaux ne soient déjà fermés à cette heure. Tout s'embrouille dans ma tête. Je ne comprends pas comment ça a pu arriver. Et je crains d'avoir merdé en tant que président du club.

     

     Putain ! Mais comment j'ai pu faire cette erreur ?!

     

     J'étais sûr que nous obtiendrions le budget que j'avais demandé, tellement sûr que j'avais déjà commandé les nouveaux tambours.

     

     Mais comment peuvent-ils décider de couper notre budget, juste comme ça ?!

     

     Bingo ! Le bureau du conseil des étudiants est toujours ouvert ! J'espère que je vais tomber sur une personne en mesure de régler le problème.

     

      « Je suis le représentant du club de musique ! Je voudrais savoir si vous pourriez vérifier le montant du budget qui nous a été accordé ! On pense que vous avez fait une erreur ! »

     

     Dans un premier temps, j'ai l'impression que mes hurlements ont retenti dans le vide. Mais après, je remarque un garçon, planté au milieu du bureau.

     

     Phun Phumipat. Le secrétaire du conseil des étudiants pour la 2ème année consécutive. On est dans la même section (bien qu'on ne soit pas très proches).

     

     C'est mieux comme ça ! Je parie que ce mec peut m'aider !

     

     «  Phun ! Est-ce que tu peux vérifier notre budget ? S'il te plaît ? S'il te plaît ? Il manque 20 000 bath ! Je crois que je vais devenir maboule ! »

     

     Je décide d'utiliser notre (distante) amitié à mon avantage. Il a d'abord l'air surpris en me voyant débarquer, puis, gentiment, il traverse la pièce en direction d'une série de dossiers qu'il ouvre pour les consulter.

     

     «  Une seconde, Noh »

     

     Pas de problème, je peux attendre !

     

     Je reste là à regarder Phun pendant qu'il tourne les pages. Je prie avec l'énergie du désespoir pour que les premiers mots qu'il m'adresse soient « ah oui, on a fait une erreur », « le reste de l'argent arrivera la semaine prochaine », ou quelque chose dans le même genre. Mais je n'ai pas beaucoup d'espoir, le conseil des étudiants se trompe rarement, surtout que Phun vérifie toujours le travail après coup. En plus, ils n'ont jamais traité l'évaluation de notre budget a la légère.

     

     «  On n'a pas fait d'erreur, c'est écrit là. Regarde toi-même, Noh ».

     

     Phun vient de prononcer la phrase que je ne voulais surtout pas entendre. Il me tend le dossier et malgré le fait qu'il soit écrit en tout petit, le nombre « 5 000 » agresse tellement mes yeux que je manque de tomber à la renverse.

     

     «  - Comment ça se fait ?!

     - Tu n'es pas venu à la réunion d'attribution du budget, n'est-ce pas ? Qui avais-tu envoyé, déjà ?»

     

     La question de Phun me force à réfléchir et je me souviens : chaque année, une réunion est organisée pour décider du budget alloué à chaque club. Mais ce jour-là, je n'étais pas à Bangkok, ma grand-mère était tombée vraiment malade et toute la famille avait été la voir à Petchburi. Et la personne qui s'était rendue à la réunion à ma place était...

     

     Ce con de Ngoi !

     

     Son vrai nom est Ngaw, mais dès que je m'énerve contre lui, j'ai tendance à l'appeler Ngoi (les deux prénoms sont aussi horribles l'un que l'autre de toute façon). C'est un membre du club. Les autres ont tiré au sort vu que personne ne voulait y aller, et c'est lui qui a été choisi. Ces réunions durent au moins 12 heures sans compter qu'elles sont néfastes pour la santé. Mais comment Ngoi a fait son affaire, bordel ?!

     

     «  J'étais là à la réunion. P'Aun (2), du club de culture thaï, n'arrêtait pas d'essayer de réduire votre budget au bénéfice du sien. Ngaw avait tellement peur de lui, qu'il restait là à rien dire. Et à la fin, il ne restait plus que 5 000 bath pour votre club. A vrai dire, j'étais gêné de ce qu'il se passait et je me demandais si ça ne t'ennuierait pas.

    - Bien sûr que oui, ça m'ennuie ! Alors qu'est-ce que je peux faire, maintenant ? » dis-je en criant, surtout contre moi-même, parce que je ne vois pas ce que je peux faire d'autre que crier dans cette situation.

     

     Mais il règne un silence de mort dans la pièce. Phun pose le dossier sur la table alors qu'il s'apprête à dire quelque chose.

     

     « - Il y a un moyen...

     - Lequel ? Dis-le moi, Phun, je ferai n'importe quoi ! »

     

     Ma seule chance de salut est là devant moi, comment pourrais-je la laisser passer ? Je dévisage mon ami-pas-si-proche-que-ça, attendant sa réponse. Je remarque à peine qu'il me regarde de manière bizarre.

     

     Si j'avais su ce qu'il allait se passer, je n'aurais jamais prononcé ces mots.

     

     - Noh, deviens mon petit ami »

     

     

    A suivre...

     

     

     (1) Actrice célèbre en Thaïlande, particulièrement réputée pour sa beauté.

    (2) En thaï, p' est une marque de respect que l'on place avant le nom d'une personne généralement plus âgée ou du même âge que soi.

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 9 Août 2016 à 22:42

    Super. Merci beaucoup ^^

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    2
    Samedi 8 Octobre 2016 à 12:37

    Merci pour ce premier chapitre ! L'histoire a l'air très intéressante, j'adore la fin haha.

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