• Chapitre 35 : Nous sommes pareils

     

     

    Vendredi est arrivé, c'est le dernier jour de la semaine donc je me précipite de finir mes devoirs (en copiant sur Keng) avec Ohm (qui copie sur Palm). Nous sommes tellement concentrés que nous ne faisons pas attention à ce qu'il se passe autour de nous. Nous avons tellement de devoirs à rattraper que nous sommes venus à l'école à 7H (J'ai appelé Keng pour le réveiller aussi) afin de terminer l'exercice que nous devons rendre en anglais. Ce devoir d'été est terriblement difficile et je ne me suis pas exactement focalisé sur mes études la semaine dernière(1). Je me moque de ma propre situation puisque je l'ai créée moi-même.

     

    « Merde, Palm. Je pense que tu as mal écrit cette phrase. Peux-tu me montrer ce que Keng a mis ? »

     

    Ohm se plaint alors qu'il tournes et retourne les pages. Puis il regarde pendant un moment sur le cahier de Keng qui est à côté de moi, avant que mon téléphone ne sonne.

     

    Saluons notre hôte ! Nous vous souhaitons beaucoup d'argent ! Nous vous souhaitons beaucoup d'or ! Saluons notre hôte !

     

    Modifier ma sonnerie est un de mes hobbies (car j'ai beaucoup de temps libre). Ohm me jette un regard tout en continuant de recopier le devoir.

     

    «Utiliser cette sonnerie est un bon moyen pour rendre ton IPhone pathétique. »

     

    Va te faire, je l'aime bien .

     

    Je hausse les épaules, ne prêtant pas attention à ses moqueries. Je regarde qui m'appelle. Oh, je ferais mieux de le mettre en silencieux.

     

    «Un appel de ta maman, je parie. »

     

    Mon ami connaît trop bien ma situation. Je n'ai pas besoin de lui donner de réponse car il le sait déjà.

     

    « Tu ferais mieux de répondre tout de suite ou je serai forcé de m'occuper de tes conneries. », me crie Ohm, mais mon portable est déjà en silencieux. Une respiration plus tard, une sonnerie différente se fais entendre.

     

    Arrête de te vanteeeeeeeer ! Arrête de te vanteeeeeeeerrrr ! Arrête de te vanteeeeeeeerrrr !

     

     Tu insultes ma sonnerie, mais celle-la donne l'impression que t'as eu ton LG Secret au rabais aussi !

     

    Ohm me fusille du regard quand son téléphone commence à sonner. Il me le tend sans vérifier qui appelle.

     

    « Prends le. C'est ta maman. Je ne suis pas ton secrétaire.

     -Oh allez, je vais juste le mettre en silencieux alors », lui dis-je en cherchant le bouton pour ignorer l'appel (comment tu utilises ce truc?) mais Ohm me regarde sévèrement.

     

    « Réponds juste au téléphone. C'est ta petite-amie. Et j'ai une règle quand une gonzesse appelle tu te dois de répondre. Donc non , tu ne briseras pas ma règle. »

     

    Espèce d'enfoiré, tu vas sérieusement te servir de ta stupide règle à la con pour me forcer à prendre cet appel ?! Je prends une expression aigre alors que je regarde l’écran du LG qui affiche 'Maman de Noh' Oh, n'est-ce pas intelligent ?

     

    Très bien, je vais répondre.

     

    « Oui , Yuri ? ».

     

    Je décide de prendre son appel, même si je dois en finir avec mes devoirs avant la rentrée. J'écoute le ton de la voix guillerette et pétillante de Yuri et je ne peux pas m’empêcher de me demander s'il y aura un jour quelque chose de nature à la stresser.

     

    « Tu es libre cet après-midi ? »

     

    Je le savais. Je laisse échapper un petit rire silencieux.

     

     " Cet après-midi ? Je n'ai pas de projets mais...»

     

    J’émets l’hypothèse que Ohm va rester s'occuper du club. Je manque de perdre l'équilibre quand il me frappe sur la tête.

     

    Yuri continue à parler : « Allons quelque part ensemble. Je veux trouver un cadeau d'anniversaire pour To-San(2). Tu peux m'aider à choisir ? »

     

    Et bien, voilà la raison pour laquelle je devrais aller avec elle.(Yuri appelle son père 'To-san' parce qu'il est japonais.) Je sais que si je la laisse choisir un cadeau par elle-même, les chances sont très élevées pour que 'To-san ' finisse par recevoir un presse papier 'Hello Kitty ' pour son anniversaire.

     

    « Bien sûr, où devrions-nous aller ? 

     

    -Rejoignons-nous à Siam après l'école, Noh. Je vais juste me promener là-bas en t’attendant », me dit-elle avant de raccrocher. Je rends le téléphone a Ohm qui me siffle.

     

     « Et bien, on est populaire ! »

     

    De quoi il parle ? Je commence a me demander ce qu'il sait, réellement.

     

     

    * * *

      Je fais rapidement le chemin pour retrouver Yuri à Siam une fois l'école terminée. Dès que je sors du taxi, j'attrape mon téléphone pour l’appeler mais je remarque une jeune fille à la peu claire choisir des produits à la boulangerie 'Au bon pain'

     

     Surprenons-la , hé hé hé.

     

    Je me faufile dans la boutique pour lui faire peur et qu'elle crie fort. Je me rapproche lentement d'elle...

     

    Yuri se retourne et me crie :

     

    « BOUUUH ! 

     -AAAAAAAAH ! »

     

     Ça ne c'est pas passé comme prévu puisque je suis celui qui à crié fort. C'est si embarrassant. Le personnel et les clients de la boulangerie essaient très difficilement de retenir leur rire.

     

    « Tu m'a fait peur, Yuri ! ».

     

    Je crie et tapote ma poitrine pour me calmer. Elle rit et pointe mon visage à la place. C'est si humiliant !

     

    «  Ha ha ha, si tu pensais pouvoir m'avoir alors tu te trompais vraiment. Ha ha ha. Bon tu n'a pas envie de manger quelque chose ? Je m'apprêtais à payer. »

     

    Comme si je voulais rester ! Dépêche toi de payer, qu'on parte. Je suis sur le point de creuser un trou et de m'y cacher !

     

    Yuri me voit secouer la tête, l'air désespéré et elle laisse échapper un rire pétillant avant de me tourner le dos vers la caisse. Nous quittons la café ensemble avec l'un de ses bras accroché au mien qui porte également le sac.

     

    « Alors, où devrions-nous aller ? Aide-moi à réfléchir.

     -Tu n'a pas une idée sur ce que voudrait To-san ?

     -Quelque chose qu'il pourrait utiliser au travail. Que penses-tu de fournitures de bureau ? »

     

    L'image d'un presse papier «Hello Kitty » apparaît de suite dans ma tête.

     

    « Quel genre de cadeau aiment les hommes, Noh ? 

     -Certainement pas un presse-papier Hello Kitty. », lui fais-je rapidement savoir. A ce moment, Yuri lâche mon bras et me regarde l'air abasourdi.

     

     « Comment t'as deviné?! Je pensais justement a ça ! »

     

     Vous voyez ? Je le savais. J'ai eu raison de venir ici avec elle.

     

    « Hé hé hé. », ris-je alors que Yuri frappe mon bras.

     

    « Noh , dis moi comment t'as su ! Tu peux lire dans mes pensées ?

     -Ha ha ha

     -Noh , comment t'as su?!

     -Ha ha ha

     -NOH ! »

     

    Et bien , je pense que Yuri est très facile à décrypter. Hé hé hé.

     

    Après que nous avons décidé de ne pas acheter de presse-papier 'Hello Kitty' , Yuri ma balade tout autour de Siam, mes jambes manquent de lâcher. Il semble que l'on se soit détournés de notre objectif puisque elle est maintenant en train de choisir une jupe. Je doute que To-san porte des jupes.

     

    « Noh , tu ne penses pas que celle-là est jolie? » me demande t-elle en drapant une jupe autour elle.

     

    « Ouais, c'est assez mignon. »

     

    Mais je ne sais pas vraiment, parce que pour ma part je pense qu'elles se ressemblent toutes.

     

    « Elle est pas trop courte ? Poursuit-elle.

     -Un peu. »

     

     A ce stade , Yuri gonfle ses joues. Elle me regarde avec une expression contrariée. Elle commence à utiliser sa petite voix, on dirait qu'elle est un peu irritée par ma réponse.

     

    «Je devrais vraiment porter quelque chose comme ça ? N'es-tu pas un peu inquiet? »

     

    Qu'est-ce qu'elle à cette fois ?

     

     Je laisse échapper un petit rire.

     

    « Tu peux porter ce que tu veux Yuri. Qui suis-je pour t'arrêter ? 

     -Tu n'es vraiment pas inquiet, alors » marmonne t-elle toute voûtée.

     

     

    Elle est vraiment adorable comme ça, donc je continue à parler.

     

    « Tu peux la porter, mais alors tu ne peux pas rentrer tard avec à la maison. C'est dangereux. Tu comprends ? »

     

    Les yeux de Yuri s'ouvrent largement une fois que j'ai fini de parler.

     

    « Donc tu es inquiet ?! »

     

    Hein ? Bien sûr. Une femme qui rentre tard chez elle toute seule en portant une jupe courte ? Je suis un mec. Je sais quels sont les risques. Mais je n'ai aucune idée de ce à quoi Yuri pense. Elle me fait un grand sourire avant de remettre la jupe dans le rayon, puis elle serre mon bras (très) fort.

     

    « Noh, tu es le meilleur. »

     

    Je reste immobile parce que je ne sais pas ce qu'il se passe.

     

    Je vois. En fait , tu voulais juste savoir si je serais inquiet pour toi ? Hum, c'est bizarre.  

     

    Une fois que nous avons quitté le magasin avec les jupes, nous nous promenons dans Siam Square et traversons le centre de Siam avant d'arriver à Siam Discovery parce que Yuri a dit qu'elle voulait vérifier quelque chose au loft.

     

    Je ne sais pas si elle cherche des choses pour elle même, ou si elle veut toujours trouver un cadeau pour To-san. En tout cas elle a acheté un nouveau sac en tissu, une boite de crayons, un tapis de souris et un repose-poignet. Alors... où est le cadeau pour To-san ?

     

    Comme elle a payé pour tout ces trucs, elle se retourne et me regarde avec un air penaud.

     

    « Je n'ai pris que des trucs pour moi. Que dois-je faire maintenant ? »

     

    Je ne peux pas m’empêcher de rire fortement.

     

    « Je t'avais prévenue de ne pas venir ici. » Yuri me fait un signe de tête découragé et accepte le sac jaune que lui tend la caissière.

     

    « Où alors ? » se plaint-elle pendant que je mets le sac jaune dans un fourre-tout que je lui ai proposé de porter pour elle, avec son sac de cours. Son visage lumineux a une expression concentrée puis elle sourit largement.

     

    « Allons au central. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de choses qui attireront mon attention là-bas. »

     

    Ça a du sens. Je savais dès le début que venir à Siam n'étais pas une bonne idée. Je vérifie ma montre, elle me dit qu'il est un peu plus de 17H. Il se fais tard , mais on a encore du temps. Je lui fais un signe de tête et nous prenons le métro aérien (3) pour Central Chidlom.

     

    Il semble que c'est un meilleur choix car il y a seulement des choses pour les adultes dans cet endroit. Une adolescente comme Yuri est un peu déçue mais elle ne peut pas s'en empêcher. Si elle veux trouver quelque chose pour To-san , alors c'est l'endroit pour le faire. Je souris à Yuri qui semble prendre ça plutôt sérieusement alors qu'elle décide d'acheter une pince à cravate ou une montre pour son père.

     

    « Noh, tu ne penses pas que celle-ci est belle ? »

     

    Elle me montre une pince à cravate bien faite.

     

    « Plutôt jolie

     - Et que penses-tu de cette montre? »

     

     Elle prend la montre pour comparer. A ce stade je commence à me sentir incertain.

     

    « C'est dur de choisir. »

     

    Je ne sais vraiment pas quoi lui dire. Même si la monter est plus chère, elle est très jolie.

     

     Yuri expire bruyamment.

     

     « Qu'est-ce que tu préférerais si c'était ton anniversaire ? »

     

    Elle lève les yeux et me demande mon opinion avec des yeux suppliants. Je lui souris.

     

     

    « Si c'était Noh, alors Noh voudrait une montre. Mais puisque l'on parle de ton père, Noh ne sait vraiment pas. 

     -Alors je vais acheter la pince à cravate pour To-san et je vais acheter cette montre pour toi. »

     

    Quoi?! Elle décide brusquement des choses par elle-même. Naturellement, je ne peux pas permettre qu'une telle chose arrive.

     

    Je la stoppe immédiatement.

     

    « Ne fais pas ça, Yuri . Je n'en veux pas. C'est trop cher. »

     

    Yuri prend une expression déçue.

     

    « Mais je veux acheter quelque chose pour toi aussi. »

     

    Je change de tactique, au lieu de m'en prendre à elle, j'essaie de l’apaiser.

     

    « S'il te plaît , ne le fais pas. Nous sommes ici pour acheter un cadeau pour To-san , tu te souviens ? »

     

    Yuri hoche la tête puis elle tend la pince à cravate à l'employé pour la payer. Rapidement, il nous la rend disposée dans une belle boite.

     

    Yuri agit comme une petite fille.

     

    « J'ai faim, allons trouver quelque choses à manger. » me dit-elle alors qu'elle prend le cadeau emballé de l'employé et me le montre. Ouais je commence aussi à avoir faim. Mon estomac fait des bruits en signe de revendication. Comme d'habitude nous nous retrouvons chez « MOS burger », au sous-sol. Yuri est accroc a cet endroit. Je me demande s'ils mettent de la drogue dans leur nourriture ou quelque chose dans le genre parce que à chaque fois qu'elle et moi venons à Siam, elle me demande de passer par Paragon(4) afin que nous puissions manger ici. Avant qu'ils n'inaugurent un restaurant à Paragon , Yuri me traînait même jusqu'au Central World (5) afin que nous allions manger à MOS burger.

     

    J'ai entendu dire que To-San aimait beaucoup cette chaîne aussi. En fait, moi aussi. Ils vous donnent beaucoup de viande et le pain est bon. L'inconvénient c'est que les burgers sont un peu trop gros. Yuri en gâche beaucoup à chaque fois qu'elle en mange un.

     

    « Regarde tu t'en es mis partout. » lui dis-je alors que je remets à la personne assise en face de moi quelques serviettes en papier. Yuri fait une moue désaprobatrice au début , puis elle les accepte, mais elle n'arrive pas à essuyer tout ce qu'elle à sur le visage, donc je me décide a l'aider.

     

    «  Un peu à droite. Encore un peu. Non, non. Vers le bas. A droite. Un peu plus. Attends, je vais le faire».

     

     Ça devenait épuisant. Je prends une autre serviette en papier et essuie doucement (Je crois ?).

     

    « Aïe, vas-y mollo, Noh , c'est mon visage, pas un jeu à gratter. » 

     

    Oh ? Je pense que j'y ai été trop fort. Maintenant je vais essayer d'être encore plus doux. Mais attendez...

     

     Ce gars la-bas qui me fixe me semble terriblement familier.

     

    « Phun... ».

     

    Je prononce doucement son nom, et je retire ma main de là où elle était. Yuri se tourne vers ce qui a attiré mon attention.

     

    « Oh, Phun ! Viens te joindre à nous ! »

     

     Oh, mon dieu ! Ne l'appelle pas ! Mais c'est trop tard, Yuri fait un signe de la main à Phun qui est trop conciliant puisque il se dirige vers nous maintenant. Il me regarde bizarrement et je ne lui rends pas longtemps son regard avant 'éprouver le besoin de le détourner ailleurs.

     

    Pourquoi je tremble ? Je ne sais même pas. J'ai juste peur. Je crains que Phun soit blessé. Pourtant, me voilà encore en train de discuter avec moi-même sur le fait que lui et moi ne sommes même pas ensemble.

     

    Phun se dirige vers moi et serre doucement mon épaule. Je ne sais pas ce que ça signifie.

     

    « Tu as rendez-vous avec Aim ici, Phun ? » demande gaiement Yuri.

     

    Phun semble être un peu réticent à répondre.

     

     « Oh... Non. Je n'ai ien de prévu avec Aim. ».

     

    Il s'assied à côté de moi, le regard toujours accroché à mon visage.

     

    « Hein ? Pourquoi as-tu fait tout se chemin jusqu'ici alors ? » poursuit Yuri pendant que je reste très silencieux.

     

    Je jette parfois un regard à Phun. C'est bizarre que son expression semble aussi vive qu'à l'accoutumé.

     

    « Je suis ici pour voir ma petite sœur, on voulait faire un tour ensemble.

     - Ah, nong Pang ? »

     

    Il hoche la tête avec un sourire . Oh , merde. J'avais oublié que l'école de nong Pang est juste en face de Cental Chidlom.

     

    « Quand ? Et où ? ».

     

    Je continue à lui poser des questions tout en pensant à l'avance à quoi faire si nong Pang nous voit. Ce serait mauvais, mais Phun ne semble pas inquiet du tout.

     

    « Six heures, au portail de l'écol- Oh , merci. »

     

    Un serveur remet sa commande à emporter à Phun en plein milieu de sa phrase. Je regarde fixement le grand sac en plastique et suppose que Phun a prévu pour nong Pang.

     

    Il vérifie qu'il y a tout dans le sac et il nous regarde avec un sourire.

     

    « Je dois aller la rejoindre. A plus. 

     

    » Il me lance cette dernière phrase en se levant et faisant un signe de la main pour dire au revoir. Yuri lui fait signe en retour, mais elle affiche une expression dérangée une fois Phun parti.

     

    « Il ment... »

     

    Je suis surpris par ce que dit Yuri si soudainement.

     

    « Hein ? Pourquoi tu dit ça ? »

     

     Elle fronce les sourcils , puis elle prend une petite gorgée de son punch avant de parler.

     

     « Parce-que Phun a dit à Aim qu'il ne pouvait pas aller voir un film avec elle aujourd'hui parce qu'il avait une course importante à faire. Mais en réalité il drague les filles de Chidlom à la place. »

     

    Je donne rapidement une excuse en son nom.

     

    «Attends, sa sœur va vraiment à l'école prés d'ici. »

     

     Mais il semble que Yuri refuse de m'entendre. Son visage habituellement lumineux garde les sourcils froncés.

     

    « Il se comporte souvent comme ça... depuis l'incident. »

     

     

    Je sais très bien à quel incident elle fait référence. Je pense aussi que je sais ce qu'il se passe avec Phun. Je suis près de me sentir coupable, mais ce qui est arrivé avec Aim à Hua Hin surgit dans ma tête.

     

    «Je suis désolé pour Aim, elle n'aurait pas dû le laisser s'en sortir » poursuit Yuri.

     

    Je continue de manger le burger dans mes mains malgré mon envie de rire.

     

     « Parfois, tu ne peux pas imputer la faute au gars, Yuri. »

     

    A ce moment, la jeune fille au visage lumineux me lance un regard comme si elle voulait continuer de débattre. Je secoue la tête parce que je ne veux pas en parler plus longtemps.

     

    Nous aimons tous nos amis.

     

    Donc je suppose que Yuri aime son amie.

     

     

    Eh bien, j'aime Phun aussi.

     

     

     

    A suivre...

     

     

    (1)En Thaïlande, les élèves vont à l'école durant l'été. Leurs grandes vacances se situent généralement entre mars et avril.

     

    (2) Diminutif « d'otosan », « papa » en japonais.

     

    (3) Le Sky-train de Bangkok est un métro à deux lignes séparé du réseau souterrain. Il est opérationnel depuis 1999 .

     

    (4)Le Siam Paragon est un grand centre commercial de Bangkok. Haut de 38 mètres il a une superficie de 500 000 m2. Pour plus de détails → https://fr.wikipedia.org/wiki/Siam_Paragon

     

    (5) Le Central World est le plus grand centre commercial de Thaïlande avec une surface de 830 000m2 . Il comprend 7 étages, 495 boutiques et 7000 places de parking xD. Pour plus de détails → http://www.rainier.fr/bangkok-central-world.html

     

     


    2 commentaires
  • 36.1 : Tel le lâche, que je suis.

     

    Je prends conscience du sort inéluctable qui m'attend quand j'arrive chez moi, après avoir vu une dizaine de paires de chaussures en cuir à l'extérieur. Il y a une seule raison pour que toutes ces paires de chaussures soient ici, et c'est...

     

    « Bâtards ! Vous ne prévenez pas le propriétaire d’une maison avant de l’envahir ? »

     

    C'est ce que je crie au gens à l'intérieur pendant que j’enlève mes chaussures et les ajoute à la file.

    Je peux entendre ces abrutis rire après un long silence puisqu’ils étaient censés me faire une surprise.

     

    Keng frappe Palm sur la tête.

     

    « Je t'avais dit de mettre les chaussures à l'intérieur, non ? Noh a dû réaliser ce qu'il se passait quand il les a vues ! »

     

    Le gars molesté fait un horrible grimace.

     

    « Connard, ne me cherche pas ! Je t’ai dit de le faire et t’as pas bougé ! »

     

    Keng est alors frappé deux fois par Palm, ce qui fait que maintenant ils sont à égalité. C'est juste super. Ma maison va être détruite encore une fois.

     

    Je secoue la tête et me fous d'eux. J’estime qu'il y a plus de dix mecs ici. Certains sont assis autour d'une fondue chinoise sukiyaki (Keng , Palm , Khom , Phong et Em), d’autres sont installés en face de la télévision et jouent à un jeu vidéo qui (Ohm , Per et Knott). Je peux entendre Dong, Rogkeng et Ken dans la cuisine, ils disent quelque chose sur la préparation d'une salade de nouilles épicée. Alors maintenant que j'ai eu la chance de les compter … Ils sont onze. Ce n'est pas un record, bien sûr (le plus grand nombre de gens que j'ai reçu était dix-sept pour le nouvel an, la maison a presque explosé.)

     

    « Alors les gars, qui vous a dit que mon père et ma mère n'étaient pas à la maison aujourd'hui ? »

     

    Je sais qu'ils ne l'ont pas découvert par eux-mêmes. D'ailleurs, je pose la question seulement pour être poli puisque je connais déjà la réponse.

     

    « Ma bien aimée p'Immmmmmmm ! »

     

    Je le savais ! -_-.

     

    P'Im aime beaucoup Ohm. Je ne sais pas si c'est le destin ou s’ils ont commis un péché ensemble dans leurs vies antérieures et qu'il le paye maintenant.

     

    A chaque fois que le nong Ohm de P'im passe nous rendre visite, il semble que nous ayons une tonne de nourriture à la maison juste là à l'attendre. (Je veux dire que si ce n'était pas pour Ohm, je ne sais même pas si je pourrais manger ces trucs.) Et à chaque fois que papa et maman ne sont pas à la maison (parfois ils quittent la ville pour aller vérifier comment ça se passe à l'usine et ils restent en déplacement plusieurs nuits), alors p'Im appelle Ohm et le lui fait savoir. Elle lui suggère d'amener tout le monde et de détruire la maison.

     

    Je n'oublierai jamais ça, p'Immmmmmmmmm !

     

    Je secoue la tête et jette mon sac de cours sur le sol (puisque le canapé est actuellement occupé). Je remarque que ces abrutis ont apporté ma PS3 en bas depuis ma chambre. Pendant ce temps, un autre abruti a apporté une fondue depuis la cuisine, emplissant la maison d'un délicieux parfum.

     

    Bien, super ! Même si j'ai déjà mangé, je commence de nouveau à avoir faim en sentant toutes ces choses. J'enlève mes chaussettes et rejoins le cercle autour de la fondue juste à côté de Phong.

     

    « Peut-on manger cette merde maintenant ? J'ai faim. 

    -Du calme mec, Le porc n'est pas encore cuit. Ohm m’a dit que tu étais en rendez-vous, donc je pensais que tu rentrerais plus tard » me dit Phong tandis que je joue avec le couvercle en le soulevant légèrement, laissant échapper un peu de vapeur.

     

    Dans le même temps, Palm se retourne pour attraper un bol et une paire de baguettes pour moi. Je remarque qu'ils ont aussi rajouté des nouilles instantanées. Excellent, les gars.

     

    « Ce n'était pas un putain de rendez-vous. J'étais seulement avec Yuri pour lui tenir compagnie.

    -Oui, c’est ce que les gens appellent un rendez-vous. Et tu es de retour bien tôt, elle n’arrivait pas à te mettre dans l'ambiance ou un truc dans le genre ? »

     

    Je frappe Em de toutes mes forces. Il le mérite pour avoir débité cette merde. Je le menace avec mes baguettes comme un avertissement pour qu'il arrête de parler, je soulève le couvercle pour vérifier la sukiyaki même si je sais qu'elle n'est pas encore prête. Ensuite, j'entends Ohm aboyer au loin.

     

    « Yuri est si mignonne. Comment peux-tu dire qu'elle n'est pas assez sexy ? Notre ami est pas un mec normal, mon pote. »

     

    Sa voix est tellement irritante. Je lui lance un mauvais regard. Il est juste en face de la télé. J'ai envie de faire péter le fusible de la télé quand je le vois caqueter, juste pour le faire chier.

     

    « Attends juste un peu. Je vais faire en sorte que tu finisses avec nong Carpe »

     

    Je sors brusquement mon coup de grâce. Ohm lâche immédiatement la manette qu'il avait entre les mains.

     

    « Enfoirééééééé ! Je préfère que tu me portes la poisse en me disant que je vais rater tous mes exams ! »

     

    Il se lève et fait une scène. Il crie si fort que ça déconcerte les autres. Dong , Rodkeng et Ken sont de retours avec la salade épicées et ils le regardent de façon perplexe.

     

    « Attends, quoi ? Pourquoi il veut échouer à tous ses exams ? » demande Dong en plaçant le premier plat à côté de la fondue.

     

    « Il n'a pas besoin d'une malédiction. Il a déjà échoué de toute façon , non ? » continue Rodkeng en plaçant le deuxième plat de salade de l'autre côté de la fondue.

     

    «Cette nong Carpe est ta femme, non ? Je l'ai vue. » conclut Ken en posant le dernier plat.

     

    Naturellement, Ohm est très vexé. Il laisse échapper quelques bruits qui montre son agacement, et prétend qu'il ne nous écoute pas.

    Je ne sais pas si c'est parce qu'il perd contre Per sur une course de voiture ou parce que nous avons touché un point sensible. La nong Carpe dont nous parlons va à l'école en face de la nôtre. Je ne sais pas par quel genre de miracle cela est possible mais elle est vraiment sur Ohm. (Elle doit être aveugle, parce que je suis beaucoup plus beau, évidement). Elle court après Ohm depuis 3 ou 4 mois maintenant et elle n’a pas l’air prête d’arrêter. Son vrai nom est en fait Nongnan mais nous utilisons 'nong Carpe' comme un code secret. Ne me demandez pas pourquoi, je ne peux pas vous le dire, sinon ça ne serait pas un secret. Hé hé hé.

     

    Nous discutons de nong Carpe un moment avant de nous faire interrompre.

     

    « P'Ohm n'a pas d’intérêt pour les carpes parce qu'il préfère les souris... »

     

    Chacun de nous nous retournons brusquement. Je remarque qu'Ohm fait un regard noir comme la mort à Per.

     

    « Quelle souris, Per ? Tu ferais mieux de parler ! Cet enfoiré de Ohm taquine toujours tout le monde. Je vais savoir tous ses petits secrets aujourd'hui ou je mourrai en essayant ! » déclare passionnément Rodkeng.

     

    Ohm menace rapidement Per.

     

    « Si tu dis quoi que ce soit, je jure devant Dieu, Per... »

     

    A ce stade, je ne sais pas si Per est inconscient ou qu'il fait juste semblant parce qu'il se retourne instantanément pour faire face à Ohm et lui pose une question.

     

    «Oh, je ne suis pas censé parle de nong Mickey Mouse ? »

     

    Putain de merde, Ohm ! Nong Mick a rejoint notre club au début de ce semestre, il est en 9éme année. Il est mignon et je veux dire vraiment mignon. Genre putain de mignon. Il est si mignon que même Film a proclamé que nul ne peut mettre la main sur ce gosse. Film fait confiance à Ohm pour enseigner à Mick comment jouer du cor, mais apparemment il y aurait anguille sous roche entre ces gars-là ?!

     

    « Merde, Ohm ! Putain de merde qu'est-ce que tu as fait à nong Mick ?! »

     

    Je crie à pleins poumons car je suis très préoccupé par le sort des juniors. Le suspect secoue immédiatement la tête. On dirait bien qu'il cache quelque chose.

     

    « Je n'ai rien fait, merde !

    -Il aime p'Ohm, p'Noh. »

     

    Per tu es si chou aujourd'hui, hein ?!

     

    Je pense à lui donner la permission de sécher l’entraînement deux fois par semaine comme il l'avait demandé parce qu'il est vraiment 0adorable aujourd'hui. Hé hé hé.

     

    « Ohm as-tu drogué le gamin?! » lui crie Ken. Ohm lui fait un doigt d'honneur.

     

    « Sérieusement. Il t'aime vraiment ? Je sais que beaucoup de gars lui courent après. Je ne suis même pas gay et je l'aime. Putain, il est trop adorable! » dit Khom en le prenant de court. A ce stade, plus personne ne fait plus du tout attention à la fondue. Nous sommes tous en train de fixer le dos d’Ohm puisque qu'il refuse de nous regarder.

     

    « Je ne sais pas, mec ! » Cet abruti est toujours aussi bruyant.

     

    Per continue de réaliser sa mission, qui est d'exposer les secrets d’Ohm.

     

    « J'ai aussi vu Ohm enlacer nong Mick. Attends un peu. Je vais en parler à Film. »

     

    Quoi?! Ça c'est énorme ! Per ! Continue de parler !

     

    « Per, enfoiré ! Tu nous espionnais ?! »

     

    Et maintenant Ohm révèle ses conneries.

    Per secoue rapidement ses mains pour nier.

     

    « Non ! J'avais laissé les partitions ici ce jour-là. Je suis revenu pour les récupérer mais j'ai vu ce qu'il se passait alors je les ai laissées ici. C'est pour ça que je n'ai pas pu jouer le lendemain matin. Et p'Noh m’a hurlé dessus à propos de la chanson du défilé ce matin-là. »

     

    Oh, je me rappelle de ça. J'avais distinctement dit à Per de beaucoup s’entraîner mais il ne l'a pas fait du tout. Voilà donc ce qu'il s'est passé.

     

    Mais attends ! C'était il y a seulement deux jours !

     

    « Per, et si on parlait de toi. Qu'en est-il de toi et Mawin ? Je vous ai vus tous les deux. »

     

    Maintenant que Ohm est acculé, il commence à changer de sujet pour faire des histoires à Per à la place.

     

    Aujourd'hui est la journée où toutes les vérités sortent, c'est parti.

     

    « Moi et Win ? Allez, nous sommes seulement amis. »

     

    Il nie l'accusation. Je connais assez bien nong Mawin. Per dit qu'ils sont amis depuis qu'ils sont petits. Nong Win est agréable et bien élevé et Per n'est pas comme ça. J'ai entendu dire que son père a un poste de haut gradé dans l'armée et qu’il est très strict. Je me demande comment il peut laisser Win être le meilleur ami d'un clochard comme Per, Ha ha ha.

     

    « Ne fais pas semblant. Nong Mawin est venu pleurer auprès de moi l'autre jour. J'ai dû le calmer. Tu étais trop cruel avec lui.

    -C'est vrai P' ! Per est vraiment méchant avec lui. Lorsque Win vient traîner avec lui, il dit que Win est ennuyeux. Puis quand Win disparaît de sa vue, il se précipite chez lui pour essayer de se réconcilier avec lui. »

     

    Knott parle enfin à propos de son ami après être resté silencieux un long moment. Les oreilles sombres de Per (en fait il a la peau claire mais son visage n'est pas dans les mêmes tons) sont maintenant rouges comme par magie.

     

    Je décide de me joindre à eux.

     

    « Attend Per, Phun m'a dit qu'il n'arrêtait pas de tomber sur toi au couvent. Alors tu es sur qui en réalité ? »

     

    Mais j'ai mentionné Celui-qui-ne-doit-pas-être-nommé par accident. Oh, merde. J'ai retourné ça contre moi. Nous n'avons même pas la chance de finir de parler sur Per que Ohm me lance un regard sournois.

     

    « Ouais, je suppose que c'est exactement comme pour Phun. Il va déjeuner au couvent, mais il passe ses nuits avec toi. Je sais ce qui est arrivé devant le bâtiment F, au fait. »

     

    Putain ! Je savais qu’Ohm découvrirait ça ! Pourquoi diable a-t-il fallu qu'il crie ?!

     

    Maintenant mes amis sont intéressés par ce qu'il se passe entre Phun et moi.

     

    « Attends, attends. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demande Keng en frappant le sol avec une louche. Connard. Ça va laisser une marque ! Je lui retire la louche et frappe sa tête avec, avant de soulever une caisse de bière et d'aller tout de suite à la cuisine.

     

    « Je vais mettre ça dans le frigo. Elles ne seront pas fraîches si vous les laissez , les gars.

    -Mec, tu t'enfuis !

    -Je vais juste mettre ça dans le frigo, bon sang ! »

     

    J'ignore ce qu'ils ont à me dire et me retire dans la cuisine à la place.

     

    * * *

     

     

    J'ai passé un certain temps à attendre dans la cuisine (jusqu'à ce qu'ils oublient). J'ai mis les bières dans le réfrigérateur, puis je l'es ai sorties seulement pour les y remettre à nouveau. Ensuite, je fais semblant de ranger les bouteilles d’eau, les bouteilles de bières et les bouteilles de lait (même si p'Ann les avait déjà rangées). Alors ils n'ont pas encore fini de parler de ça ?

     

    Je fais des allers-retours, puis une idée germe dans ma tête. Je vais découper les citrons et préparer le sel pour les gars puisque j'ai vu qu'ils avaient apporté une bouteille de tequila avec eux.

     

    Hmm. Ce n'est pas une mauvaise idée. Ça va me donner une excuse pour rester ici un peu plus longtemps. (hé hé). Je commence de suite et saisis un couteau, la planche à découper et les citrons dans le réfrigérateur.

     

    Mais je n'ai jamais fait ça avant. Comment est-on censé trancher les citrons ? Verticalement ou Horizontalement ? Coupe-t-on en ligne au milieu ou de travers ? (Mais ils sont tout ronds...) C'est trop confus. Je tourne le citron encore et encore dans le vague. Quand finalement j'en coupe un le jus gicle. Ah ! Dans les yeux ! Ça pique !

     

    Alors que je tente de m'essuyer les yeux avec ma manche, j'entends quelque chose de bizarre. Mis à part tout le bordel que les gars font dans l'autre pièce. Je peux aussi entendre une voiture se garer. Qui d'autre est ici maintenant ? Comme si il n'y avait pas assez de monde dans cette maison.

     

    Je suis curieux mais je n’y prête pas plus attention que ça (puisque mes yeux brûlent).

    Quand je me rends compte que je ne peux pas faire partir cette sensation de picotement et que je me dis que je devrais aller me rincer les yeux dans la salle de bain à la place, je remarque un visage flou à proximité. Je suis surpris comme si je venais de voir un fantôme.

     

    « Tes yeux vont devenir rouges si tu les frottes comme ça. »

     

    J'entends une voix familière et elle se précipite pour m'aider à la salle de bain. Au moment où je commence à me demander comment elle est arrivée ici, je sens de l'eau fraîche éclabousser mon visage.

     

    «Il faut être doux. Allez, enlève tes mains de là. »

     

    La voix me dit de laisser tomber ma main (et je suis ses instruction, pourquoi?) avant de me frotter doucement les yeux. La sensation de brûlure me quitte finalement. Je cligne rapidement des yeux pour les rincer avec l'eau puis elle essuie rapidement les gouttes à l'aide de son mouchoir.

     

    « Tu ne sais même pas trancher un citron vert, tu vas très certainement mourir de faim. »

     

    Bâtard, ce n'est pas la peine de me rappeler tout ça. Je ne suis pas une femme au foyer, comment suis-je censé savoir comment faire tous ces trucs ? Je tends mon cou et regarde Phun Phumipat qui est soudainement apparu.

     

    « Comment est-tu arrivé ici ?

    -J'ai pris un taxi.

    -Crétin ! Je voulais dire... »

     

    A ce stade, je ne sais pas comment formuler la question sans paraître malpoli.

     

    « Tu voulais dire, pourquoi je suis là, c'est ça ? Très bien, je peux partir. »

     

    Oh , allez. Je savais qu'il allait utiliser cette combine avec moi. Je me gratte la tête et regarde Phun tourner le dos, dans l'intention de partir. Tout se passe plus vite que mes propres pensées, je tends la main pour l'arrêter.

     

    C’est tout ce qu’il lui faut pour l’empêcher de partir. Il n'essaye même pas de se libérer. Tu attendais juste que je fasse ça, pas vrai ?!

     

    « Quoi...? »

     

    Il a encore le culot de demander.

     

    Je prends une expression de méfiance car je sens que je vais perdre cette bataille.

     

    « N'oublie pas ton mouchoir. »

     

    Ahahahaha ! Prends ça !

     

    Une fois qu'il entend ça, il se retourne avec une expression irritée sur le visage et je lève les sourcils vers lui d'un air moqueur. Puis il change d'expression et fait un large sourire, comme celui d’une personne qui a des arrière-pensées.

     

    «Eh bien, je ne pars pas, même si tu me fous dehors. Hé hé hé. Je suis déjà ici, alors je peux aussi bien rester jusqu'à la fin.» me dit-il avant de me ramener à la cuisine pour m'aider avec les citrons.

    J’apprends seulement maintenant à quel point ce jeune maître est bon à ça puisque il tranche rapidement les citrons sans aucun problème. Cela me déconcerte.

     

    «Où as-tu appris à faire ça?

    -Crétin, tout le monde peut faire ça. Je pourrais te poser une autre question à la place : comment se fait-il que tu ne saches pas comment trancher un citron, putain ? »

     

    Oh, une autre humiliation. Je veux me cacher sous une casserole après avoir entendu ce que le jeune maître Phun avait à dire. Et tandis que je cherche une casserole, je l'entends glousser.

     

    «Je plaisante. J'aide souvent Pang à la cuisine. Je dois gérer les couteaux sinon elle finirait par se couper. »

     

    Il révèle la vérité avec un doux sourire. Il a souvent ce sourire quand il parle de nong Pang. Je n'ai pas besoin de préciser qu’il aime énormément sa petite sœur, je crois.

     

    Je lui fais un signe de la tête.

    «Tu devrais partager ses recettes avec moi. Je veux essayer ! » lui dis-je en me hissant sur le comptoir pour m’asseoir (là où p'Ann et p'Im sont habituellement), muni d’un croissant que je prends dans la panier. Je commence à grignoter parce que parler de nourriture m’a donné faim. (Je pense que mon système digestif fonctionne trop bien.)

     

    Phun se déplace pour prendre plus de citrons avec un sourire, il semble qu'il n’y en ait pas assez pour tous les mecs qui attendent dans l'autre pièce.

     

    «Tu n’arriverais qu’à salir ton pantalon. Je tombe malade quand je mange ce que nous préparons.»

     

    H , tu critiques ta propres sœur maintenant ?

     

    Je ris en fourrant le dernier morceau de croisant dans ma bouche. Mais je suppose qu'il est un peu trop gros (probablement pas qu'un peu) donc j'ai du mal à le mâcher.

     

    «Regarde-toi. Tu as peur que je te vole ta nourriture ? Mange lentement. Ce n'est pas comme si il y avait qu'un seul morceau de croisant dans le monde entier. »

     

    Phun se retourne et me taquine comme toujours. Je veux vraiment discuter avec lui mais...

     

    «Mmm, mm , mm » ma bouche est pleine de croissant et je ne peux même pas l'insulter.

     

    Je mâche avec beaucoup de difficulté. Je dois avoir l'air vraiment drôle parce que Phun se fout de moi en souriant avant de s’essuyer les bout de croissant qui sont coincés autours de mes lèvres.

    Ses yeux perçants brillent étrangement.

     

    «Cela semble familier. Je pense avoir était témoin d'une scène comme celle-ci plus tôt dans la journée.» me dit-il et le reste du croissant descend dans ma gorge immédiatement.

     

    «Hey... ! 'Kof, kof , kof'».

     

    Je m'étouffe maintenant ! Phun se précipite pour me verser de l'eau dans un verre.

     

    «Mâche d’abord et ensuite avale ! Je t'ai dit de ne pas manger si vite».

     

    Maintenant je me fais gronder comme les gosses, mais je ne m'en soucie plus car il y a autre chose que je tiens à lui faire savoir.

     

    « Hey, il ne se passe rien entre Yuri et moi, tu sais.

    -Hein ?

    -Je veux dire... Yuri mangeait et s'en mettait partout ! Donc, tout ce que j'ai fait c'est l'aider à se nettoyer. Je n'étais pas, je veux dire... Argh ! Je ne sais pas comment expliquer ça ! »

     

    Il semble que tout ce que je fais c'est donner des excuses stupides. Je me gratte vigoureusement la tête, pourtant Phun rit, simplement.

     

    « Oh, oublie ça. Je comprends. » me dit-il en ricanant tout comme on parlerait à un petit enfant. Je ne le crois pas vraiment.

     

    « Hé, je suis sérieux. Ne sois pas comme ça ».

     

    Je tire son bras avant qu'il ne recommence à trancher les citrons. Phun me regarde avec une expression confuse et puis il rit à nouveau.

     

    «Ça ne me dérange pas du tout. Vraiment ! »

     

    Comme si j'allais croire ça. Je regarde la personne qui se tient toujours là en train de rire.

     

    «Qu'est-ce qui est si drôle de toute façon ?

    -Toi.

    -Quoi moi ? »

     

    Je ne comprends toujours pas ce qu'essaie de me dire Phun quand il secoue la tête et saisis plus de citrons. Il les coupe tout en parlant.

     

    «Tu te comportes de la même façon que moi l'autre nuit.

    -Quelle nuit ?

    -Dans le taxi ? Tu te souviens ? Hé hé. »

     

    Il rit à nouveau. Et bien tu n'étais pas d'humeur aussi joyeuse. Tu ferais mieux de faire attention ou tu vas te couper la main avec ce couteau.

     

    J’essaie de suivre le cours de ses pensées et puis je pousse un petit « Oh ». Je ne peux pas m’empêcher de me foutre de moi-même. Phun se retourne vers moi et hausse un sourcil car il sait ce qu'il se passe dans ma tête. Je me comporte exactement de la même façon que Phun se comportait cette nuit où il persistait à s’excuser auprès de moi dans le taxi.

     

    Je pense que je le comprends mieux maintenant et je suis sûr qu'il me comprend beaucoup mieux lui aussi. Pour nous deux... Peu importe avec qui chacun d'entre nous est supposé rester dans la réalité, nous sommes contents quand nous nous retrouvons dans ce petit monde qui n'appartient qu'à Phun et moi... aussi longtemps que nous serons l'un à côté de l'autre.

     

    Je souris pour moi-même avant de tressaillir en me souvenant de quelque chose. J'avais presque complètement oublié ce truc. L'autre jour, j'avais décidé de tout dire à Phun à propos de Aim donc j'ai téléchargé la vidéo sur mon téléphone mais je n'ai pas eu le courage de lui parler finalement. Je sens mon téléphone dans ma poch, me rappeler des souvenirs que je souhaite désespérément oublier.

     

    Comment puis-je dire à Phun quelque chose qui va complètement le dévaster ? Ou peut-être que je ne devrais pas lui dire ? Mais je pense que je ne peux pas supporter de le regarder se faire prendre pour un idiot encore et encore.

     

    « Phun... »

     

    Mes lèvres bougent plus vite que mes pensées. En me rappelant simplement de la manière dont il se fais tromper par cette fille, j'ai soudainement envie de révéler la vérité. Phun se retourne et me regarde avec curiosité. Mais à ce moment, je ne peux pas trouver les mots. Je n'ai jamais été comme ça avant.

     

    «Euh...

    -Il y a quelque chose qui ne va pas? »

     

    Ces yeux perçants et le sourire qu'il m’a toujours fait ne font que renforcer ma peur.

    Comment puis-je être celui qui va lui faire du mal ?

     

    Je reste silencieux encore un moment de finalement dire quelque chose.

     

    «... Je pense que nous avons suffisamment de citrons. Ramenons ceux-là avant que les gars ne commencent à geindre »

     

    En fin de compte, je coupe court à la conversation. Je glisse du comptoir et sors de la cuisine. Je permets à cette situation de perdurer comme si de rien n’était. En dépit ça, je ne suis pas assez courageux pour l'arrêter.

     

    Je ne suis pas assez fort pour détruire le sourire de Phun.

     

     

     

    A suivre...


    3 commentaires
  •  

    Chapitre 36.2 : Les Problèmes arrivent.

     

     

     

     

    «Putain, les gars ! Vous êtes partis pendant des siècles ! J'ai pensé que vous étiez sortis furtivement pour aller au pub Santika » s'exclame fortement Ohm au moment où nous revenons avec un énorme tas de citron. Il est assis à côté de la fondue, il attend. Il semble qu'il ait changé de place avec Khom, Ken et Rodkheng, qui maintenant jouent à la console.

     

    C'est une façon de s’inquiéter des factures d’électricité, je suppose. Et qui diable a allumé la clim ?! Avez-vous même demandé la permission ?!

     

    « Mon dieu, si vous avez allumé la clim, vous feriez mieux au moins de fumer dehors, sinon ma mère va hurler.

    -Oui on le sait déjà. Dong et Per sont déjà à l’extérieur pour une pause cigarettes » me répond Palm en faisant de la place pour que Phun et moi puissions nous asseoir. Keng se déplace pour nous laisser encore un peu plus d’espace, puis il commence à parler.

     

    « Alors comment se fait-il que tu sois venu ici, Phun ? Noh t'a appelé pour te dire de venir ? »

     

    Putain Keng. Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?!

     

    Phun rit avant de me passer un bol et la louche.

     

    « Nan, ma famille m’a chassé et ma dit que je ne pouvais pas dormir à la maison ce soir. »

    La réponse de Phun est ambiguë et me plonge dans la confusion.

     

    « Pourquoi ? Tu t'es disputé avec ton père ? », lui demandé-je, bien que je doute que ça soit la raison.

     

    Phun secoue rapidement la tête.

     

    « Non, non. Je ne me suis disputé avec personne.

    -Hein ? Alors qu'est-ce que tu veux dire par là ? »

     

    Je ne le comprends toujours pas. S’il ne s’est disputé avec membre de sa famille alors pourquoi a-t-il été chassé ? Mon visage porte sûrement un gros point d’interrogation pour que mes amis finissent par m'aider à mettre des légumes et de la viande dans mon bol juste pour me faire taire.

     

    « Phun ne veut pas nous le dire alors pourquoi tu continues de lui demander ? Remplis juste ta bouche et arrête d'être aussi curieux. Phun ! Tu n'as pas besoin d'être aussi timide ! Mange tout ce que tu veux ! Fais comme chez toi ! »

     

    Ce putain de Pong ! C'est ma maison !

     

    Je lui jette un regard agacé avant d’en lancer un à Phun qui rit de bon cœur et hausse ses sourcils dans ma direction avec un sourire.

     

    Biiiiiiiiien.Peu importe. Fais comme chez toi !

     

    Je suis assis là avec un regard acerbe et une baguette dans ma bouche. J'utilise l'autre pour chercher des légumes spécifiques dans la fondue. Bientôt, un verre rempli d'un liquide ambré m'est servi. Je prends juste un gorgé et je hurle sur la personne qui a concocté cette boisson.

     

    « Putain de merde, mec ! C'est beaucoup trop fort ! Quel gaspillage d'alcool ! »

     

    C'est certainement Dong qui a fait ça. Je me tourne vers lui et lui hurle dessus, mais il continue à manger sans prêter la moindre attention à quiconque.

     

    « Ne sois pas si radin. Nous avons une tonne d'alcool. Nous avons de la bière et Khom a amené de la vodka. Je crains simplement que vous les gars ne puissiez pas la terminer. De plus, je suis trop paresseux pour les reconduire chez eux ».

     

    C'est merveilleux. Tu peux nettoyer le vomi, Dong. Abruti.

     

    Je me résigne à son raisonnement et je pense que je devrais me concentrer sur la fondue avant de manquer de nourriture. C'est un bordel complet. Il y a à peu près tout ce qu'une personne pourrait attendre d’une fondue. Beaucoup de viande, très peu de légumes. Juste auparavant, Ohm avait essayé de mettre du porc dedans parce qu'il voulait en manger.

    Sérieusement ? Heureusement, Knott a pu le stopper à temps, inquiet pour le bien-être de tout le monde. T'es un héros, Knott.

     

    Peu de temps après, le reste des gars vient nous rejoindre, de ceux qui avaient disparu dans les jeux vidéo à ceux qui étaient sortis fumer une cigarette. Le cercle était assez grand comparé à la petite casserole de fondue, donc nous finissons par nous battre pour la nourriture. C'est assez amusant. Heureusement, j'ai un secrétaire des étudiants qui se trouve être habile dans à peu près tout et il m’aide bien. Lorsque je disais que je voulais manger quelque chose en particulier, il était capable de le trouver dans la fondue à chaque fois.

     

    Pourquoi je ne pouvais pas le trouver quand je cherchais moi-même, je me le demande. Peut-être que cela avait à voir avec de la magie noire, qui sait ?

     

    Nous étions vraiment bruyants juste en parlant et riant les uns avec les autres. Même Phun qui n'était pas très proche de mes amis avait laissé tomber son vocabulaire de ministre et commencé à parler de façon informelle à ses nouveaux compagnons de beuverie.

     

    Je suppose que c'est vrai ce qu'ils disent à propos de l'alcool, qu’il peut créer des amitiés partout dans le monde. Je n'arrête pas de rire une seconde en observant Knott et Per se forcer à boire, car ils ont l'aplomb de consommer autant que les ainés que nous sommes.

     

    Pauvres enfants, vous êtes tellement morts.

     

    Per est généralement jaune-pâle, mais là, il l’est encore plus. (Comment peut-il être ivre ? Mon dieu). Quant à Knott, son visage n’a cessé de devenir de plus en plus rouge. Oui, ces deux-là ne sortiront pas d'ici vivant. Ha ha ha.

     

    Alors que tout le monde s'amuse, je remarque que Phun ravitaille constamment mon bol avec du tofu et du poisson. Il y en a tellement que je suis obligé de lui dire de ralentir.

     

    « Hey, ça suffit. Tu vas me faire chier en forme de rectangle. »

     

    C'est une raison sensée, n'est-ce-pas ?

     

    Phun rit avant de se concentrer à manger son propre bol.

     

    « Sinon, qui est le con qui t’a chassé de ta maison ? »

     

    Je ne peux pas m’empêcher de lui demander parce-que je suis très curieux. Je me dis que c'est le moment idéal pour lui poser la question puisque l'attention de tout le monde est ailleurs. Je pensais que peut-être Phun s'était vraiment disputé avec sa famille mais était trop gêné pour en parler plus tôt. Cependant, il se contente de glousser avec de continuer à manger, l'air assez détendu.

     

    «Pang t’a vu avec Yuri hier ».

     

    Oh, meeeeeeerde.

     

    « Putain de merde ! Et alors ? Elle sait, maintenant ?

    -Elle sait quoi ? » me demande Phun en haussant les sourcils, comme s’il avait oublié ce que nous avons fait croire à Nong Pang.

     

    J'ai du mal à trouver les mots.

     

    « Elle sait qu'il n' y a rien entre toi et... moi. »

     

    Ça semble étrange de dire ça. C'est encore pire maintenant que Phun me regarde.

    Ses yeux brillent, comme si il voulait se moquer de moi.

     

    « Oh ? Il n'y a rien ? » Nous y voilà. Je le savais.

     

    Je prends une expression agitée.

     

    « Enculé, ne joue pas au plus malin avec moi. Alors, qu'est-ce qu'elle a dit ? »

     

    Aller, prend ça au sérieux !

     

    Phun secoue la tête et sourit. Il continue à manger comme s’il n'était vraiment pas préoccupé par la question.

     

    « Pas grand-chose. Elle suppose que l'on s’est disputé et elle m’a chassé de la maison en me disant d'arranger les choses avec toi. Je ne suis pas autorisé à rentrer à la maison autrement. Au début je craignais que tu me foutes à la porte. Mais je me suis senti mieux quand je suis arrivé ici. Au fait, merci de prévenu pour la fête.

    -Personne ne m'avais dit non plus, mec. Et même si il n'y avait pas de fête, je ne t'aurais pas foutu à la porte. Pourquoi étais tu si inquiet alors que tu ne m’as jamais mis dehors, toi ? » lui dis-je en tapotant son épaule. Je vois Phun esquisser un sourire heureux pendant un moment.

     

    Mais avant que nous puissions poursuivre notre conversation, nous sommes interrompus par la voix tonitruante d’Ohm.

     

    « Hey, hey, hey ! Jouons au jeu de la vérité ! » dit-il en brandissant une bouteille de soda en l'air.

     

    Nous jouons souvent à ce jeu lorsque nous buvons. Cependant je sais très bien quelles sont les véritables intentions d’Ohm. Donc je commence à penser a une façon de me sortir de là.

     

    « Ouais, ouais. Venez-vous asseoir en cercle ! ».

     

    Le reste des gars est d'accord pour jouer et se rapprochet. Même Phun, qui ne sait pas vraiment ce qu'il se passe, se joint à tout le monde. Je vois qu’Ohm est très content de lui.

     

    «Ok, nous devons expliquer les règles en premier lieu puisque nous avons de nouveaux membres qui se joignent à nous : Phun, Per et Knott »

     

    Les trois types dont le nom a été prononcé hochent la tête.

     

    Pendant ce temps, je regarde Ohm intensément parce-que je sais ce qu'il mijote.

     

    « Nous allons faire tourner cette bouteille de soda au milieu du cercle. Celui qu'elle pointe se verra poser une question et devra y répondre, d'accord ?

    -Bon dieu, P' ! Tout et n'importe quoi ? »

     

    Per fait une scène. N'a-t-il rien appris ? Tu seras encore plus une cible. Tu es stupide ou tu es stupide ?

     

    Ohm a toujours l'air content de lui.

     

    « C'est cool, tu peux rentrer à la maison si tu n'as pas envie de jouer. 

    -Pas question. Bien, je vais jouer si je dois le faire. »

     

    Ce gamin accepte de se joindre à nous après de petites protestations. Je peux déjà dire qui sera la première victime. On pourrait presque penser que Ohm place et fait tourner la bouteille de façon innocente à la manière dont il s’en sert en plus. Comment peut-il être aussi bon a ca genre de choses, et nul pour tout le reste ?

     

    Sans surprise, la bouteille tourne et s'arrête sur Per.

     

    « C'est toi. Voilà ce que tu obtiens pour en avoir fait tout un plat»

     

    Je lui mets un peu la pression puisque j'ai une occasion de le faire. Ses petits yeux sont grand ouverts (aussi large qu'il peut les forcer à l'être) je trouve ça hilarant. Hahaha.

     

    Ohm prend une seconde pour penser à la question. Il se décide pour avec une question qui éliminera Per directement et commence le jeu avec :

     

    « Avec combien de filles du couvent tu as couché ? Tu ne peux pas dire que tu ne l'as pas fait parce que je sais que tu l'as fait. »

     

    Whoa ! Je savais que Per était un coureur, mais je ne savais pas qu'il en été à ce point-là. Per est pris par surprise et son visage le montre.

     

    « Quoi ?! Jamais !

    -Tu vas payer si tu mens ! »

     

    Oh-oh. Personne n’ose mentir quand Ohm fait ce genre de menace. Je regarde Per avaler sa salive et se tourner vers Knott comme s’il le suppliait de l’aider. Mais personne ne peut t'aider maintenant. Désolé mec.

     

    Une fois qu'il se rend compte qu'il ne peut pas s'en sortir, il secoue la tête et accepte son sort. Puis il commence à compter sur ses doigts. C'est quoi ce bordel ?! O-O Ce foutu gosse !

     

    « Seulement les filles du couvent, c'est ça ?

    -Ouais, seulement celles du couvent.

    -Tous les couvents ?

    -T'es encore plus un connard que je le pensais. Ouais, tous les couvents ! Bordel ! »

     

    Per hoche la tête et continue de compter sur ses doigts.

     

    « … Quatre. Attendez. Cinq ! Cinq filles P'... »

     

    Mais alors Knott lui donne des coups de coudes.

     

    « J'en ai compté six. »

     

    Yo ! Pour de vrai mec ?!

     

    Per regarde le visage de Knott avec une certaine confusion avant d’entamer un débat.

     

    « J'en ai compté cinq. »

     

    Mais Knott ne se laisse pas faire.

     

    « Tu veux qu'on compte ensemble alors ? »

     

    Puis, ils commencent à dire les noms lentement, un par un.

     

    « Bow, P'Ammy, Mimi, Rose , nong Dem... et qui d'autre ?

    -Je savais que tu avais oublié p'Ning.

    -Oh, ouais ! Ning aussi ! Bon, alors voilà, six. Six filles P'. »

     

    Les deux gars énoncent leur confession d’une voix faible. Tout le monde se sent pris d’irritation.

     

    « J’espère que tu te protèges ! »

     

    Ces enfants me donnent mal à la tête.

     

    Après avoir forcé Per à jurer sur sa vie, il était temps pour faire une nouvelle victime. Je n'ai même pas vu Ohm faire tourner la bouteille qui atterrit sur Phun... assis à côté de moi.

     

    « Phun... »

     

    J'appelle son nom et il sursaute. Il me regarde un instant, puis se tourne vers Ohm.

     

    « Et bien ? »

     

    Tu sais ce qu'on dit, la meilleure défense c'est l’ attaque !

     

    Ohm hoche la tête devant le sourire de Phun. Il a un regard malicieux. Puis il lâche sa question.

     

    «Ce que tu a crié ce jour-là... Tu étais sérieux ? »

     

    Ce connard ! Putain de merde !

     

    Je panique et regarde immédiatement Phun. Je suis incapable de contrôler mes expressions. Il semble que Phun ne comprenne pas la question.

     

    « Crier quoi ? » demande-t-il.

     

    « En face du bâtiment F, l'autre jour. Tu ferais mieux de ne pas dire que tu ne t'en souviens pas ou tu vas le payer. »

     

    A en juger par sa tête il semble que Phun ne se souvenait effectivement pas au début, mais une fois le regard de Ohm croisé, il s’est rappelé de tout. Il se tourne même pour me regarder. (Je n'ai rien à voir avec ça!). Naturellement je fais semblant de ne pas saisir et pioche dans mon bol comme si je ne savais absolument pas ce qu'il se passe. Désolé, mais je dois quitter le navire.

     

    « Alors ? Tu étais sérieux ? » Ohm répète sa question. Je ne regarde pas le visage de Phun , donc je ne sais pas quelle genre d'expression il a. Phun répond à la question d'Ohm très clairement avec sa voix profonde.

     

    « Oui, j’'étais sérieux.

    -Wow , wow, wow ! Qu'est-ce que c'est cette histoire ?! Vous ne pouvez pas garder ça entre vous deux ! » hurle Palm alors que tout le monde a l’air perplexe.

     

    Je pousse un soupir de soulagement, car il semble que personne d'autre ne soit au courant de ça. Je suppose qu’Ohm est bel et bien capable de garder les choses pour lui-même, après tout. D’ailleurs, il ne répond pas aux questions des autres. Il sourit simplement et tapote gentiment l'épaule de Phun.

     

    « Super. Et tu es aussi prêt à l'admettre. Tu as mon soutien. Fighting, mec. »

     

    Je doute fortement que je serai épargné, considérant les regards étranges qu’Ohm me jette... je peux deviner qui sera sa prochaine victime.

    Et juste quand il aller commencer à tourner la bouteille...

     

    « Oh ! Je dois aller chier ! Je reviens vite ! »

     

    Je crie en sautant de mon siège, sans donner à Ohm la chance de toucher la bouteille.

    Héhéhé. J'utilise beaucoup cette excuse donc ce n'est pas particulièrement étrange que je dise ça soudainement.

     

    « Tu ne peux pas partir ! Reste pour ce tour, au moins!

    - Je ne peux plus tenir ! Je suis sur le point de faire dans mon pantalon ! Je dois y aller ! »

     

    Je pars en vitesse en direction de la salle de bains. Eh bien ! Je serai en sécurité pendant au moins quinze minutes. Je peux soit faire semblant d'avoir la diarrhée, soit peut-être juste faire une sieste ?

     

    Une fois arrivé devant mon bunker, je pousse la porte avant de baisser le couvercle des toilettes et de m'assoir pour piquer un roupillon. Lorsque ma tête touche le mur, je sens immédiatement la somnolence me vaincre. Je suppose que ça a un rapport avec la quantité d'alcool que j'ai bue plus tôt.

     

    Je peux encore entendre les gars faire du bruit de temps en temps. Ma curiosité prend le dessus. Je ressens un soupçon de regret car je perds la possibilité d'apprendre les secrets des autres. (Ça semble horrible, non ? Haha) La règle de ce jeu est que tu ne peux jamais parler de ce que tu apprends à l’extérieur du cercle. Donc la chance pour moi de connaitre leurs secrets est à peu près nulle. Ça me gêne un peu, mais je pense qu'il vaut mieux être là que de permettre à Ohm de m’interroger.

     

    C’est ce que je me dis avant de poser ma tête contre le mur, sentant le sommeil me gagner. Alors que je suis en ce moment entre le rêve et la réalité, je fais un grand sourire quand je pense à la réponse de Phun. Le genre de sourire que vous ne pouvez pas effacer de votre visage, peu importe combien vous essayez.

    Héhé. Même si je n’avais pas pu voir son visage -et sans avoir une trop haute opinion de moi-même- j’aurais pu deviner quelle type d’expression il avait. Phun est toujours comme ça, il est fidèle à ses sentiments. Contrairement à moi. Parfois, je fuis comme un idiot. Tout comme je le fais en ce moment par exemple.

     

    Beaucoup de temps a passé depuis que je suis dans la salle de bains. ( J'y ai fait ma sieste.) Je vérifie ma montre et me rends compte que ça fait plus de 45 minutes (et je commence à avoir des difficultés à respirer ici.) Je me dis que c’est suffisant pour qu'ils aient fini leur jeu stupide et je sors.

    Grincement.

     

    « Merde ! Ce salaud vient enfin de sortir de là! La prochaine fois, je viendrai te chercher ! »

     

    Je me fais crier dessus au moment où je sors ma tête. Hahaha. Tout comme je le pensais. Je marche avec l'air détendu alors que les gars prennent des shooter de vodka.

     

    « Tu ne serais jamais venu me chercher. Donc qu'est-ce qu’il s’est passé ? Je veux savoir. »

     

    SBAF !

     

    Ceci est le prix pour être curieux, mais refuse de prendre le moindre risque. Ouch, ça fait mal. Keng frappe sacrement fort. Je frotte immédiatement ma tête.

     

    « Tu t'es enfui et tu oses demander ? Personne ne lui dit rien. »

     

    On dirait qu'il a révélé des trucs. Héhéhé. C'est très bien. Je vais rouler nong Knott pour qu'il me raconte ça une prochaine fois. Ce gamin est tellement naïf, je le sais très bien. Héhéhé .

    J'accepte un verre de Dong et je remarque que nous sommes moins maintenant. Je regarde autour de moi et découvre que Phun n'est plus ici.

     

    « Où est parti Phun ?  demandé-je rapidement..

    - Il est en colère contre toi donc il est rentré chez lui. »

     

    Bordel , Rodkheng, je demande gentiment, t’as pas besoin de faire le malin avec moi.

     

    Je l'insulte en retour.

     

    « Connard ! Allez ! Il est allé à l'étage pour utiliser la salle de bain ? »

     

    Puisque je dormais dans la salle de bains du bas, je suppose qu'il pourrait être à l'étage. Les gars haussent les épaules.

     

    «Non, pour de vrai. Il est rentré chez lui. Il s'est excusé rapidement et il est parti. »

     

    C’est Dong, assis derrière une bouteille de vodka, qui me fait cette réponse. Bien sûr je suis perplexe. C'est quoi ce bordel ? Il aurait un moins pu dire au revoir au propriétaire de la maison avant.  Je me plains avant de prendre un shooter. Merde, c'est beaucoup trop salé. C'est le sel ou les mains de quelqu'un ?

     

    Khom tend la main pour prendre mon verre vide avant de le passer à Phong qui se trouve être le barman pour ce soir. Le siège à côté de moi où était assis Phun est maintenant occupé par nong Knott qui semble avoir bu beaucoup trop d'alcool à cause des ainés qui l’ont fait picoler. Je regarde son visage rouge et trouve que c'est assez drôle. Ensuite je remarque que mon téléphone portable est tombé derrière lui.

     

    « Oh, c'est mon portable. »

     

    Pas étonnant que je n’ai pas pu le trouver quand j'étais dans la salle de bains. Je ne pouvais pas jouer et il ne me restait que la possibilité de faire une sieste.

     

    Knott jette un regarde à mon Iphone et hoche la tête.

     

    « Oh, c'est vrai. P'Ohm montrait une vidéo de quand tu as foutu du riz gluant dans la mercedes du directeur à p'Phun.

    -C'est un peu risqué, non ? Il est le secrétaire du conseil des étudiants, tu sais. S’il le raconte au directeur je vais me faire expulser comme Golf. »

     

    Je me tourne avant de héler Ohm quand je réalise quelque chose.

     

    « Hey, comment tu as pu lui monter ? Tu as déverrouillé mon téléphone pour lui ?! »

     

    Ohm lève les yeux du citron pressé dans sa main pour répondre à ma question.

     

    « Nan, je lui ai dit de la trouver lui-même. Je ne sais pas comment utiliser ton téléphone. »

     

    Je sens que mes mains devenir instantanément froides, même si la clim rafraichit à peine la pièce.

     

    « Il a dit quelque chose? »

     

    Ohm prend une seconde pour réfléchir avant de répondre.

     

    « Je suppose que j'ai mal jugé son sens de l'humour. Je pensais qu'il allait trouver ça drôle, mais il avait une expression vide sur le visage et puis il s'est excusé.

    -Je parie qu'il est parti pour le dire au directeur. » ajoute Khom et il rit avec les gars.

     

    Je commence lentement à réaliser ce qu'il s’est passé.

     

    « Oh, merde... ».

     

    Je murmure si doucement que seul nong Knott peut m'entendre.

     

    «C’est quoi le problème p'Noh ? »

     

    Je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit, et encore moins de lui répondre. Je saute rapidement de mon siège et ignore tous mes amis effrayés.

     

    « Je reviens tout de suite! »

    Mon esprit est déjà arrivé devant le portail de Phun avant même que je ne démarre mon scooter.

     

     

     

    A suivre...


    1 commentaire
  •  

    Chapitre 37 : Laisser au hasard

     

     Il est un peu plus de minuit au moment ou j'arrive à la maison des Phumipat. Je gare mon scooter devant le portail fermé, désemparé de ne pas savoir comment pénétrer dans le jardin. En face de moi se trouve une immense maison couverte par l'obscurité. Il y a une seule fenêtre encore éclairée. J'identifie cette fenêtre car je la connais très bien.

     Je reste à ma place en regardant la fenêtre de Phun. Ensuite je laisse échapper une longue expiration parce que je ne sais même pas comment le propriétaire de ladite fenêtre se sent en ce moment. Est-il en état de choc à cause de ce qu'il a vu ? Ou est-il furieux contre moi de l'avoir laissé découvrir la vérité de la pire façon possible ?

     

    « Putain d'idiot... »

     

    Je me maudis, et je cogne sur le guidon de mon scooter, sur les nerfs. Je n'aurais pu dû laisser les choses se produire de cette façon. Si seulement j'avais eu le courage de parler moi-même à Phunt, alors il ne se sentirait pas aussi misérable. Tout du moins, il aurait pu se rendre compte que j'étais là pour lui.

     

    Au lieu de ça, je l'ai laissé tout découvrir tout seul et il a été forcé de fuir comme s'il n'avait vraiment personne à ses côtés.

     

    Je regarde la fenêtre qui est toujours éclairée. Je me sens en conflit avec moi-même car je veux désespérément y aller et tout lui expliquer mais en même temps, j'ai trop peur de sonner a cette porte. Je prie pour que Phun me voit debout ici avec l'air inquiet, mais on dirait qu'il ne prévoit pas de regarder par sa fenêtre.

     L'Phone problématique pèse une tonne a l'intérieur de ma poche de pantalon, me suppliant de l'utiliser afin de se racheter. J'hésite un moment avant de passer l'appel.

     

    C'est déjà merveilleux qu'on soit amis ♫

    Même si on ne peut qu'être dans l'entourage l'un de l'autre ♫

    Ça ne posera sans doute pas de problème à cette personne ♫

    On ne peut pas s'empêcher de tomber amoureux de quelqu'un ♫

    Il faut que je continue à cacher ce que je ressens ♫

    Pour que tu ne puisses pas le voir dans mes yeux ♫

     

    Phun utilise encore la même sonnerie (sauf que maintenant, je sais que cette chanson est là grâce à Ngoi qui l'écoutait dans la salle du club, l'autre jour.) Contrairement à la dernière fois, je l'écouter se répéter plusieurs fois. Au stade où on en est, il semble qu'il ne répondra pas à l'appel.

    Je continue de lui téléphoner encore et encore. Je sais combien cela peut être ennuyeux quand des personne persistent à vouloir vous joindre quand vous n'êtes pas d'humeur à parler. Mais je ne veux vraiment pas que Phun se méprenne sur cette situation tout la nuit.

    La sonnerie continue de ce jouer dans mon oreille jusqu'à que je lève les yeux sur la fenêtre pour voir l'ombre du propriétaire de la chambre. Phun se tient là et me regarde, puis mon téléphone me prévient que j'ai reçu un message.

     

    « S'il te plaît, laisse moi seul pendant quelque temps. Je t’appellerai »

    De : Phun, Le conseiller.

     

    Donc, il n y a rien d'autre que je puisse faire... autre que lui laisser le temps qu'il demande. 

     

    * * *

    C'est samedi , et je me réveille avec une énorme gueule de bois puisque je me suis complètement bourré quand je suis rentré la nuit dernière. Je ne me suis même pas soucié du fait que j'étais épuisé. Mes maudits amis m'aiment sûrement à la folie car ils ont continué à me resservir non-stop.

    Et même après que nous avons fini la bouteille de vodka et une caisse de bière, ils ont décidé que ce n'était pas assez et ont pris mon scooter pour aller acheter une bouteille d'alcool de riz à mélanger avec du red bull , du sirop et du soda pour faire un punch d'enfer. En fin de compte Knott et Per n'ont pas pu suivre. Ils ont vomi et se sont évanouis sur le sol. Keng, Dong, Khom et Rodkeng dorment sur le canapé qui est en face de la télé. Palm, Phong, Em, Ken et moi étions tous les uns sur les autres à dormir sur le tapis devant la canapé. Quant à Ohm ? Il a eu assez d'énergie pour monter à l'étage et s'installer confortablement dans ma chambre. Ce bâtard !

     

    Je me réveille en tressaillant quand j’entends tinter les bouteilles d'alcool que P'Im et P'Ann sont en train de débarrasser. (Ni l'une ni l'autre ne dort à la maison . Elles viennent ici le matin et repartent le soir.) Je me lève et gratte mon dos nu puisque j'ai enlevé ma chemise la nuit dernière après avoir eu la sensation de brûler sur place. Je ne porte pratiquement rien à part un boxer, comme tous les autres mecs présents ici.

     

    « Alors, où est nong Ohm, nong Noh ? » me murmure P'im.

    Hé hé hé. Tu veux juste regarder le torse couleur miel d'Ohm, N'est-ce pas ? Continue de rêver P'Im ! Ohm savait probablement que cela pourrait arriver puisqu'il a traîné son cul jusqu'à ma chambre la nuit dernière.

     

    Je cligne rapidement des yeux pour chasser ma somnolence. J'ai finalement l'impression de retrouver des forces. La première chose que je cherche est mon téléphone portable. L'Iphone n'est pas trop loin de ma portée, je l'attrape. Tout semble normal. Rien de différent. Pas même un seul appel manqué de Phun.

     

    J'ai l'impression que je n'arriverai plus jamais à sourire.

     

    « Tu aurais pu me réveiller aussi, salaud ! » marmonne Em à moitié endormi.

     

    Je suppose qu'en me déplaçant autour d'eux, je l'ai réveillé. Il tend un peu la main et frappe la jambe de Khom, qui se réveille aussi. Il se frotte les yeux et met un coup de coude à Rogkeng, lequel émerge également. Cela se transforme en effet domino et tout le monde est maintenant réveillé, sauf la personne qui a dormi toute seule à l'étage.

     

    « Je vais aller réveiller Ohm. »

     

    Je fait du bénévolat. Je me lève lentement et monte l'escalier en me grattant la tête. Je traîne les pieds dans un état second avant d'arriver en face de ma chambre. La porte est fermée et je peut sentir l'air frais du climatiseur.

     

    Ce n'était pas suffisant que tu dormes dans un lit confortable, tu as aussi allumé la clim, connard ?!

     

    Je grimace avant d'ouvrir la porte avec force.

     

    « Putain, Ohm ! Lève ton cul immédiatement ! Tu pues l'alcool et tu as le culot de dormir dans mon lit ! Lève toi et enlève les draps ! Espèce de connard ! Réveille toi ! Putain ! »

    Il doit être sourd s'il n'entend pas tous ces cris. Je ne sais pas s'il a effectivement des problèmes d'audition ou s'il joue au plus malin avec moi, mais depuis que je vocifère, il couvre sa tête avec un oreiller.

     

    Je me précipite pour le lui arracher.

     

    «Lève toi ! Ou dois-je amener nong Mick ici pour qu'il te bouge ? »

     

    Oh, ça a fonctionné. Cette dernière phrase était à peine audible, mais il m'a entendu. Il me fait un doigt d'honneur en réponse.

     

    « Abruti »

     

    Pas autant que toi !

     

    Ohm se gratte la poitrine et le bras avant de se redresser et de s’asseoir sur le lit. Je secoue la tête devant sa tête clairement pas tout à fait réveillée en me déplçant pour attraper des serviettes dans le placard.

     

    « Tiens. Prends une douche. Tu veux la prendre dans ma chambre ? Je pense que les gars vont utiliser la salle de bain du bas », lui dis-je en me dirigeant à l'intérieur de la salle de bain, laissant la porte ouverte.

     

    Je retire mon boxer puis je tourne le robinet de la douche. J’entends du bruit derrière moi ce qui me permet de savoir que Ohm a pris le même chemin que moi.

     

    « Bonne idée. Je me sens sale » se plaint-il en se déshabillant. Puis il m’arrache le pommeau de douche et le tourne vers lui avant de me dire : « tu peux me frotter le dos ? Il est plein de merde. »

     

    C'est quoi ce bordel ? Je n'ai pas l'énergie pour faire ça !

     

    Je refuse rapidement. « J'ai trop la flemme, putain. »

     

     Mais il ne m'écoute pas. Il me tire vers la bas avant de se retourner, comme s'il m'incitait à lui frotter le dos de toute façon. Connard.

     

    « Je ferai le tien après » me propose-t-il.

     

    Va chier. Mais je suis tout collant et je me ferais bien frotter le dos, à vrai dire. Je secoue la tête et je l'asperge d'eau. Je commence à parcourir son dos lentement en y allant quand même fort.

     

    Ohm et moi somme amis depuis l'enfance. Lui et moi étions dans la même classe en primaire et , malheureusement , nous avons dû nous asseoir l'un à côté de l'autre. Notre malchance ne s'est pas terminée là, puisque le père d'Ohm est mon professeur de piano donc il a fini par prendre des cours avec moi. (Pourquoi n'as tu jamais demandé à ton père de te l'enseigner avant ?) Pour cette raison lui et moi avons grandi ensemble depuis lors.

    Nos familles sont proches aussi. Chaque fois que papa et maman voyagent quelque part, ils ramènent toujours quelque chose pour le Professeur Whaen (le père d'Ohm.)

     

    Ce n'est vraiment pas hors du commun pour nous de prendre une douche ensemble. En fait, je peux prendre une douche avec n'importe qui parce que je ne suis pas vraiment timide. (Honnêtement, je suis confiant, hé hé hé, en particulier avec Ohm).

     

    Nous avons grandi en prenant des douches nus ensemble depuis que nous sommes des enfants. (Parfois les leçons terminaient tard , donc il passait la nuit chez moi lorsque le Pr. Whaen n'était pas là.) Prendre un bain avec lui est un peu comme prendre un bain avec un canard en caoutchouc. Ça m'est égal et à lui aussi.

     

    Nous sommes très proches, si proche que je croyais qu'il n'y avait rien que j'ignorais à son sujet. Toutefois...

     

    « Est-ce-que tu sors avec nong Mick ? »

     

    Je l'ai appris par hasard et ça m'a totalement pris au dépourvu. Je n'ai pas été surprise que Ohm le fréquente mais plutôt de n'avoir rien su à ce sujet.

     

    Ohm laisse échapper un soupir.

     

    « Non, il ne se passe vraiment rien. »

     

    Je ne le crois pas.

     

    « Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Ça me blesse, tu sais »

     

    Je suis direct avec lui parce que je veux vraiment savoir ce qu'il ressent. Ohm se tourne vers moi un moment, puis il laisse échapper un autre soupir et me tourne de nouveau le dos.

     

    « Il ne se passe vraiment rien entre lui et moi. Qu'en est-il de toi et Phun ? Tu penses vraiment que je ne suis pas au courant de ce qu'il se passe ? »

     

    Comment se fait-il que les projecteurs soient soudainement sur moi ?

     

    Je pousse un long soupir, plus long que celui de Ohm.

     

    « Phun et moi... sommes amis. »

     

    Ma réponse semble l'agacer.

     

    « Tu ne peux pas l'admettre, hein ? Retourne-toi , c'est à ton tour, mon dos commence a me faire mal. »

     

    Naturellement, j’accède volontiers à sa demande. Nous avons échangé nos places depuis un certains temps quand Ohm se remet à parler.

     

    « Tu ne me vois plus comme un ami, n'est-ce pas ? »

     

    Mon dieu, s'il pense de cette façon alors je vais demander un temps-mort pour lui frapper la tête.

     

    «Connard, si jamais tu dis ça à nouveau je te mets mon poing dans la tronche. »

     

    Il utilise plus de pression pour frotter mon dos et ça commence à piquer.

     

     

    « Et bien, je peux te frapper aussi. J'ai eu la décence de ne pas te le demander directement J'attendais que tu me le dises de toi même mais tu ne l'as jamais fait. Tu sais, je ne peux pas m’empêcher de penser que tu ne me fais plus confiance. »

     

    Je le remets vite en place.

     

    « Hé, ce n'est pas ça ! Je ne sais pas quoi te dire. Notre relation est... pas claire. Je ne sais pas comment la définir. »

     

    Je fais de mon mieux pour lui expliquer, mais je n'arrive pas à trouver les mots. Je commence à tapoter l'eau qui arrive jusqu'à ma taille avec mes mains.

     

    Ohm secoue la tête.

     

    « Oublie-ça. Vous deux, vous vous débrouillez, non ? » me dit-il et je souris, parce que Ohm est toujours comme ça. Il peut dire de la merde parfois (pas vraiment de temps en temps) mais il se soucie beaucoup de moi, au point que si on me demandait, mis à part mes parents, qui se soucie le plus de moi, je n'hésiterais pas avant de donner ma réponse.

    « Je suppose... »

     

    Ohm poursuit.

     

    «Alors, quelle est la raison pour laquelle Phun t'en veut pour hier soir ? J'ai remarqué qu'il agissait bizarrement. Tu as sauté quelqu'un et tu l'as filmé avec ton téléphone ? »

     

    Arg... Ce salaud pourrait-être médium.

    Il a presque tout juste, même si c'est juste une supposition.

    Je prends de l'eau avec mes mains et la verse prudemment sur mes genoux.

     

    « Je ne peux pas vraiment de parler de ça mec. Ce n'est pas à propos de moi. Désolé. »

     

    Je m’étends pour tapoter son bras qui frotte toujours mon dos. Ohm fait le même geste sur mon épaule en retour.

     

    « C'est bon, fais juste attention à toi. Tu peux tout me dire. Je ne peux probablement pas beaucoup t'aider puisque je n'ai jamais vécu ce genre de choses avant

    - Alors que dire de toi et nong Mick ? Hein ? Tu vas me dire ou pas ? »

     

    Ne pense pas que j'ai oublié juste parce que tu as cessé d'en parler !

     

    Ohm pouffe de rire. «  Laisse-moi tirer quelques enseignements de votre histoire à vous deux d'abord, puis nous pourrons en parler après. » me dit-il avant d'attraper le pommeau de douche et de rincer mon dos pour éviter que je lui pose une autre question. J'aurais dû savoir que cet idiot prendrait l'avantage là-dessus ! Toujours !

     

    * * *

    Quand tous les douze que nous sommes avons fin de prendre notre douche, nous nous rhabillons et nous battons pour le repas que P'Im et P'Ann ont préparé pour nous. Il est presque l’après-midi. Les gars sont vêtus de leur uniforme, short bleu avec des chaussures en cuir et tous, ils sortent de la maison en faisant leurs adieux à p'Im et p'Ann. Ils promettent aussi de revenir et de détruire la maison chaque fois que papa et maman ne seront pas la.(Vous êtes tous une bande de salauds!)

     

    Je sors sur la rue principale pour les voir partir et être sûr que chacun d'entre eux attrape un taxi. Finalement Ohm est le dernier à quitter la maison. Avant de partir, il se retourne et me fait deux ou trois tapes dans le dos pour me montrer son soutien. Je lui souris largement en retour. 

     

    Le taxi de Ohm a quitté mon champ de vision depuis un long moment mais je suis toujours debout ici, ayant soudainement la flemme de rentrer à la maison. Je regarde ma montre et constate qu'il est 15h maintenant, donc je décide de héler un taxi et vais à la Villa pour faire quelques courses et remplir les placards de tout ce que les gars ont fourré dans leurs estomacs sans aucune pitié.

     

    C'est samedi, donc les routes sont quasiment vides. Ça met peu de temps pour que le taxi arrive à la J Avenue (le compteur n'a même pas atteint les 40 Bath*.) Après avoir payé, je me dirige vers l'intérieur du supermarché pour me tenir loin du soleil. Je viens souvent ici pour acheter toutes sortes de snacks. A peine ai-je franchi le seuil que mon portable sonne.

     

    Hail to our host! Wishing you lots of silvers. Wishing you lots of golds. Hail to our host!”

     

    Phun ?!

     

    Voilà le premier nom qui apparaît dans ma tête quand j'entends la sonnerie bruyante s'échapper de mon pantalon. Je l'attrape a la hâte pour voir que la photo et le numéro sur l'écran appartiennent à...

     

    Yuri...

     

    Je soupire et appuie faiblement sur « répondre » comme quelqu'un qui n'a aucune énergie. 

     

    « Quoi de neuf ?

    -Tu viens de te réveiller, Noh ? Pourquoi tu sembles tellement fatigué ? »

     

    Je suppose que c'est trop évident que je ne suis pas d'humeur à parler avec elle. Je secoue rapidement la tête pour me retenir de projeter mon agacement sur Yuri.

     

    « Non, non. Je suis debout depuis un moment maintenant. Je suis sorti à la Villa »

     

    Je lui parle tout en poussant le cadis à travers les rayons alimentaires. La voix de Yuri continue à me parvenir, un peu hachée, de l’autre côte de la ligne.

     

    «Tu as des projets pour demain ? Viens voir un film avec moi ! S'il te plaît ! S'il te plaît ! »

     

    Nous y revoilà.

     

     

    Yuri recommence avec ses jérémiades. Ne sommes nous pas déjà allés faire des courses ensemble de toute façon ? Je souris avec lassitude au téléphone qui émet une aura implorante. Cependant, en toute franchise, cette fois-ci, je n'ai pas envie de faire quoi que ce soit.

     

    «Je suis un peu fatigué. Je préfère rentrer à la maison et dormir un peu. Qui dirais-tu d'un autre jour ? »

     

    Mon refus sonne probablement suffisamment grave pour qu'elle arrête de me demander. Elle marmonne une réponse comme quoi elle savait qu'elle ne devait pas continuer à me harceler.

     

    « Je vois... ça va. Tu devrais te reposer un peu. Alors qu'est-ce que tu as fait pour être fatigué comme ça ? »

     

    Je ne pense pas que lui dire que je me suis saoulé soit une bonne idée. Juste quand j'essaye de trouver une excuse, j'entends la voix d'une fille joyeuse à proximité.

     

    « P'Noh ! »

     

    Je laisse presque mon téléphone glisser de ma main quand je reconnais une petite nong Pang debout juste en face de moi.

     

     

    A suivre...

     

     

     

    *40 Bath 1,05

     


    2 commentaires
  •  

    Chapitre 38 : Ce que je souhaite

     

    « P'Noh ! »

    Mon corps tressaille quand j'entends nong Pang, qui était en train de choisir des friandises, m'appeler. Je ne me rappelle même pas depuis combien de temps nous nous ne sommes pas vus. Toutefois, ce n'est pas vraiment le bon moment de tomber sur elle.

    « Yuri, je dois y aller, ok ? Bye ».

     

    Je raccroche rapidement le téléphone. Mes lèvres essaient de former des mots pour dire quelque chose à nong Pang. Elle se tient devant moi avec un large sourire. Mais avant que je ne puisse entamer une conversation amicale, une autres voix se fait entendre.

     

    « Pang? Les sodas sont là-bas. Quel genre tu veux ? Je ne sais pas lequel prendre. »

     

    Je ne suis pas certain que je devrais me sentir heureux ou quelque chose comme ça quand je constate que Phun est maintenant devant moi.

     

    Nous nous dévisageons un moment. Ses yeux sont agrandis par la surprise, mais ensuite il se force à me sourire.

     

    «-  Oh... Noh. 

    - Oh... salut. Qu'est-ce que vous faîtes la ? »


    C'est une question tellement stupide à poser. Ils sont dans un supermarché, ce n'est pas comme s'ils étaient venus là pour jardiner. Je me maudis dans ma tête.

     

    Cependant, nong Pang n'est pas quelqu'un de désagréable, je le sais. Elle me fait un grand sourire avant de sautiller pour se mettre à mon niveau.

     

    « Nous achetons les ingrédients pour faire des cookies. P'Noh , tu devrais venir les préparer avec nous. S'il te plaît! S'il te plaît ! » 

     

    Apparemment, l'esprit de Yuri a pris possession de son corps et elle commence à me supplier. Je ne sais pas quoi dire. Je continue de regarder la jeune fille qui gigote à côté de moi, avant de passer sur Phun et de me retourner vers elle de nouveau. Je ne suis pas sûr de savoir comment je dois lui répondre.

    Au final, Phun intervient.

     

    « Pang, p'Noh est probablement occupé, il ne faut pas le déranger. »

     

    Il reprend sa sœur et me regarde en soupirant. Je sais que Phun se méprend encore sur la situation. Je sais qu'il ne veut pas de moi chez lui en ce moment non plus. Mais si tel est le cas, alors comment pourrons-nous jamais résoudre ce malentendu ?

     

    « Je suis libre. Je peux vous aider pour la dégustation, d'accord ? »

     

    Je le court-circuite en acceptant l'invitation. Nong Pang saute de joie , mais je ne sais pas quelle expression Phun peut bien faire parce que je ne suis pas assez courageux pour le regarder en face.

     

    Je reste à peu près tranquille durant tout le trajet en taxi. La voix enjouée de nong Pang se lance occasionnellement dans de courtes conversations avec Phun. Mais lui et moi ne nous disons pas un mot. Une fois arrivé devant les hautes portes, Phun rentre à la hâte à l’intérieur de la maison avec tous les sacs de courses, sans remarquer ce que sa petite sœur mijote. Elle se tourne vers moi en un clin d’œil.

     

    « Vous vous êtes disputés tout les deux, hein ? »

     

    Je suppose que notre silence a était évident pour nong Pang.

     

    Je lui fait un sourire faux.

     

    « N-Non , nous ne nous sommes pas disputés.

    - Tu parles ! Vous deux, vous devriez parler. Et je vais vous préparer quelques chose de délicieux pendant ce temps-là"

     

    Peu de temps après , Phun revient.

     

    « Bah ? Où est Pang ? 

    -Elle a dit qu'elle allait nous préparer quelque chose de bon à manger.

    -Je vois. Tu veux regarder la télé ? » me demande-t-il en me conduisant dans le salon.

     

    Quelqu'un d'autre devait la regarder avant nous puisque elle est déjà allumée sur la chaîne HBO. Je jette un coup d'oeil à Phun qui affiche une expression vide sur le visage et zappe sans même me regarder.

     

    « Phun... »

     

    Je soupire puis je commence à parler.

     

    « Quoi.. ? »

     

    Cela peut ressembler à une réponse normale, mais je sais qu'il se sent mal.

     

    « Je suis désolé...que tu l'aies découvert de cette façon. 

    - ... »

     

    Seul le son de Cartoon Network brise le silence entre nous. Je retiens presque mon souffle en attendant qu'il recommence à parler car je sens que j'ai fait ma part en lui disant ce que je devais lui dire. Le reste dépend de lui maintenant. Son visage pointu s'est assombri. Les lèvres orange clair de Phun sont pincées comme s'il réfléchissait à quelque chose.

     

    « Tu ne savais pas... comment me le dire, pas vrai ? » me demande-t-il doucement comme s'il était complètement épuisé.

     

    Cette situation me déchire à l'intérieur. Je voulais tout faire pour lui, pour qu'il puisse être heureux, mais finalement je me retrouve responsable de son état actuel.

     

    Les yeux de Phun sont clos. On dirait qu'il ne veut plus rien savoir d'autre.

     

    «Tu ne me la pas... caché intentionnellement, n'est-ce pas... ? »

     

    La façon dont il le dit ressemble plus à un supplice qu'a une question. Je me rapproche de son corps raide. Il semble si fragile. Je pose doucement ma main sur le dos de la sienne.

     

    « Phun... je suis désolé. Honnêtement, je ne savais pas comment te le dire... parce-que je ne voulais pas te voir comme ça... »

     

    Je serre sa main un peu plus fort. Je le regarde soutenir sa tête de son autre main en expirant faiblement. Je peux sentir celle que je tiens trembler. Malgré le fait que je ne puisse pas voir ses yeux, je comprends la bataille acharnée qui fait rage au fond de lui.

     

    « Est-ce-que quelqu'un d'autre que toi le sait ? » me chuchote Phun, et je secoue la tête, même si je sais qu'il ne me regarde pas.

     

    « Je l'ai appris par Golf. Je ne l'ai jamais dit à personne d'autre.

    -Je ne veux pas que les gens aient un regard mauvais sur elle »

     

    Malgré la détresse dans laquelle elle l'a plongé, Phun se préoccupe encore de cette fille. Je me rends compte que Phun est ce genre de personne. Une fois qu'il commence à se soucier de quelqu'un, c'est pour toujours.

    Il fait une grimace avant de se forcer à poursuivre.

     

    « Et je ne veux pas que tu sois triste d'avoir a me voir comme ça non plus... » me dit-il en enlevant sa main de la mienne, afin de la serrer à son tour. Il continue de sa voix grave.

     

     

    «... Es-tu en colère que je sois triste de ce qui arrive avec Aim ? »

     

     

    Je savais qu'il penserait quelque chose comme ça. Je savais que Phun aller avoir peur que je sois blessé en voyant combien il se préoccupe d'Aim. Il se trompe, parce que ce n'est pas le moment pour être jaloux ou pour se fâcher pour une chose aussi triviale. Au contraire, il me décevrait s'il ne ressentait rien du tout après ce qu'il s'est passé ». 

     

    J'aime Phun parce qu'il est vrai avec tout le monde et parce qu'il est toujours préoccupé par le bien-être des autres. Si Phun était une personne égoïste qui ne valorise que son propre bonheur alors je ne voudrais rien avoir à faire avec lui.

     

    J'utilise ma main libre pour serrer celle qui tient déjà mon autre main.

     

    « Écoute moi, Phun... »

     

    Il tourne son visage afin de me regarder dans les yeux, et je poursuis.

     

    « Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? Si tu devais faire face à quelque chose comme ça sans rien ressentir du tout, alors je me sentirais mal. Je suis heureux d'avoir rencontré une bonne personne comme toi. Et je suis à nouveau désolé non seulement pour ne t'avoir rien dit à ce sujet maus aussi pour t'avoir laissé le découvrir de cette façon... »

     

    Plus je parle, plus je me sens mal. Je me hais tellement que je n'ai même pas le courage de regarder Phun dans les yeux. Je peux à peine me rendre compte qu'il secoue la tête.

     

    « Je comprends... Merci de te soucier de moi. Il y a combien de temps que tu le sais ?

    -Depuis le... tournois de football.

    -Il y a un petit moment alors. » me dit-il avec un petit rire, mais je sais très bien qu'il n'est pas d'humeur à plaisanter.

     

     

    Je jette un coup d’œil à son visage en pleine souffrance. Puis Phun me dit quelque chose d'autre.

     

    « J'ai juste besoin de temps, Noh. Je te le ferai savoir quand je serai prêt. »

     

    Voir les larmes de Phun couler sur ses joues me tue.

     

     

    * * *

     

    C'est lundi et j'arrive à l'école. Je pose vite mon sac de cours sur mon bureau, dis bonjour a Ohm et au reste des gars comme d'habitude, et je me faufile à l'extérieur de la salle de classe pour passer une appel.

     

    Je téléphone à Golf parce qu'il y a quelque chose d'important que je dois lui faire savoir. Si vous vous demandez pourquoi je ne l'ai pas appelé dimanche, c'est parce que le dimanche est un jour passé en famille pour Golf. Je sais ça semble vraiment étrange, non ? Mais c'est vrai. Il a mauvais genre, mais il est assez attaché à sa famille. Si quelqu'un venait à l'appeler et l'inviter quelque part un dimanche , il l'enverrait sur les roses En plus, il répond rarement au téléphone le dimanche de toute façon. Tout le monde sait que nous pouvons seulement lui envoyer des textos ce jour-là. Mais ce que j'ai à lui dire est important et ça ne pouvait pas se faire par texto alors j'ai attendu jusqu'à lundi pour l'appeler.

     

    Donne moi quelque chose en quoi croire.

    Car je ne crois plus en toi, en toi

    Je me demande même si ça ferait une différence d'essayer

    Ouais, alors c'est un au revoir.♫

     

     

    « Quoi de neuf , meeeeeeeec ? Où-est-ce qu'on va boire ? Allons-y maintenant ! »

     

    La sonnerie d'attente de Golf entame presque le couplet suivant le temps qu'il réponde. Je songe à me plaindre du temps qu'il lui faut pour décrocher mais je pense que j'ai une autre raison pour lui hurler dessus.

     

    « Vraiment très drôle. Tout le monde était là vendredi soir. T'étais où, bordel ? »

     

    Je lui fais des reproches car je crois que s'il avait été là, les choses n'auraient pas aussi mal tournées. Il répond sur un ton de voix franchement désagréable.

     

    « J'étais trop occupé à baiser- je veux dire, à sortir avec une gonzesse. Pourquoi ? Ai-je raté quelque chose de génial ?

    -Ouais... totalement génial. » lui dis-je en expirant fortement.

     

    Ça fait réagir Golf.

     

    « Que s'est-il passé ?

    -Phun sait, pour Aim.

    -Yoooooo ! Tu lui as dit ?! Tu aurais pu me prévenir que tu allais lui annoncer ! »

     

     

    Naturellement, Golf en fait tout un plat à l'autre bout de la ligne. Je ne prends même pas le temps de m'agacer de ses vociférations, parce que je suis trop préoccupé par ce à quoi je fais face en ce moment.

     

     

    « Je ne lui ai pas dit... 

    -Alors comment il l'a découvert ?

    -Il a vu la vidéo sur mon téléphone...par accident...

    -... »

     

     

    A ce stade, nous devenons tout les deux silencieux. Je ne peux pas dire ce qu'il a en tête.

     

     

    « C’était la pire façon possible. Mais je ne dis pas que c'est de ta faute. Tu n'as sûrement pas voulu que ça se passe comme ça « 

     

     

    Ah ouais ? T'es vraiment sûr de ça ?

     

     

    Je regarde mon téléphone dans un mouvement d'irritation avant de laisser échapper un long soupir.

     

     

    « Bien sûr que non. J'étais tétanisé quand je me suis rendu compte qu'il l'avait découvert, mais nous avons déjà pu parler. Il a dit qu'il avait besoin de temps. »

     

     

    Golf soupire également.

     

     

    «D'accord, fais moi savoir quand il sera prêt, je t'aiderai de n'importe quelle façon que je peux.

    -Merci mec. Et merci au nom de Phun aussi.

    -C'est bon , c'est bon. Ton ami est mon ami. »

     

     

    Je suis profondément touché par sa réponse. Je fais un sourire même s'il ne peut pas me voir. Je sens que je suis extrêmement chanceux d'être entouré par tant de bon amis comme ça.

     

     

    « Je t'aime, mec. »

     

     

    * * *

     

    Il est midi et la cafétéria est bondée. Je n'ai pas beaucoup de temps libre aujourd'hui, j'ai un tas de choses à faire et je cours partout. Je dois rentrer en contact avec différents départements universitaires parce que j'ai besoin de leur aide pour le concours live dans quelques jours.

     

    Je cours vers l'endroit où les boissons son vendues parce que j'ai compris que je ne vais pas avoir le temps de manger. Je dois encore parler avec une tonne de gens. Nous organisons l'événement dans le gymnase cette année donc les choses sont un peu compliquées à mettre en place. La personne qui s'occupe du gymnase est (vraiment) du mauvais côté.

     

    « Tante, Je vais prendre... une bouteille de Splash. »

     

    Je vais juste faire semblant d'être Nichkhun(1) pour aujourd'hui Y___Y.

     

     

    Je commande ma boisson habituelle tout en jetant un regard autour de la cafétéria. La gentille dame s'affaire ici et là ,en essayant de m'ouvrir la bouteille.

     

     

    Je repère une grande personne se promenant non loin, son beau visage dénué du moindre sourire. J'ouvre la bouche pour hurler son nom, mais finalement je me retiens. (J'ai mal à la gorge.)

     

     

    « Tante, je vais prendre une boite d'Ovomaltine aussi. »

     

     

    Je deviens un fardeau pour la pauvre dame qui marche lentement vers le réfrigérateur. Je me dirige vers nong Mick (le petit-ami d'Ohm) une fois que j'ai tout ce que j'ai commandé. Il est avec ses amis en train de déjeuner.

     

     

    « Hey, Mick !

    -O-Oui... p'Noh ? »

     

    Nong Mick est un garçon qui réagit comme s'il était constamment en panique. Je l'ai remarqué à plusieurs reprises aujourd'hui. Chaque fois que quelqu'un appelle son nom très fort , il tressaille immédiatement. Parfois, nous aimons la taquiner en faisant ça. (Film nous crie dessus puisque Mick est son junior préféré.)

     

    « Puis-je t'emprunter un stylo et un post-it ? 

    -Bien sûr. » me répond-t-il en cherchant dans son sac les fournitures scolaire qu'il arrive toujours à avoir sur lui. (Je suppose qu'il venait de changer de salle.) J'attends seulement un court instant avant qu'il ne me tende un stylo bleu et un post-it rose fluo.

     

     

    Est-ce une bonne idée ? -__-

     

     

    « Tu n'as pas une autre couleur, Miiiiiiiiick ? »

     

     

    Si Film était ici, il m'aurait engueulé parce que Mick est assez gentil pour me accéder à ma demande alors je n'ai pas à me plaindre en plus. (Mon dieu. Je ne peux pas y toucher du tout ,à Mick. Ou si ?)

     

     Mais il secoue rapidement la tête.

     

     

    « Je n'en ai pas p'Noh. En fait j'ai eu ceux-là par ma grande sœur. »

     

    C'est vrai, s'il les avait achetés lui même, ça aurait été trop mignon (d'une façon bizarre) pour lui.

     

    En tout cas , la couleur n'a pas d'importance finalement. J'accepte le bloc de post-it et en arrache un. Ensuite je griffonne quelque chose dessus à la hâte.

     

    « Merci beaucoup, Mick ! Je ferai en sorte que tu aies plus de temps seul à seul avec Ohm ! Hé hé. »

     

    Je n'attends pas assez longtemps pour entendre ses dénégations (ils prétendent encore qu'il n'y a rien entre eux) et je me précipite avant que mon objectif ne disparaisse.

     

    Phun se promène en face de la cafétéria pas trop loin de la où je suis, avec un groupe de ses camarades de classe. Je suppose qu'ils ont déjà fini de manger et sont sur le point de retourner jusqu'à leur salle de classe. En réalisant ça, j’accélère mon allure pour passer devant le secrétaire du conseil des étudiants en lui fourrant la boite d'Ovomaltine dans les mains. (C'est une scène semblable à un trafic de drogues.)

     

    «  :) , Souris un peu. :) »

     

    Voilà ce que j'ai écrit sur le post-it avant de la mettre sur la boîte d'Ovomaltine. Pourtant je ne me retourne pas pour voir si Phun a souri tout comme le dit la note, parce que je suis trop gêné. Je ne sais pas si ses amis m'ont vu ou non. Je suis trop concentré sur le chemin vers le bâtiment F et la salle du club.

     

     

    Bip Bip.

     

     

    Mon téléphone me prévient que j'ai reçu un texto alors je jette un œil.

     

     

    « Merci.

    Je souris maintenant =) »  

    Auteur : Phun Conseil des Etudes.


    Son émoticône en forme de sourire me fait en avoir un énorme, pas très différent de celui d'un malade mental. Je ne pense pas que Phun puisse surmonter toutes les choses terribles qui sont arrivées si tôt.

     

    Je souhaite seulement que Phun soit capable de sourire... et qu'il soit heureux avec les choses qu'il a encore. C'est tout.

     

    « Je suis là pour toi. »

     

     

    A suivre...

     

     

     

    (1) : Nichkhun est un acteur, chanteur, mannequin sino-thaï.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique