• Chapitre 36.1

    36.1 : Tel le lâche, que je suis.

     

    Je prends conscience du sort inéluctable qui m'attend quand j'arrive chez moi, après avoir vu une dizaine de paires de chaussures en cuir à l'extérieur. Il y a une seule raison pour que toutes ces paires de chaussures soient ici, et c'est...

     

    « Bâtards ! Vous ne prévenez pas le propriétaire d’une maison avant de l’envahir ? »

     

    C'est ce que je crie au gens à l'intérieur pendant que j’enlève mes chaussures et les ajoute à la file.

    Je peux entendre ces abrutis rire après un long silence puisqu’ils étaient censés me faire une surprise.

     

    Keng frappe Palm sur la tête.

     

    « Je t'avais dit de mettre les chaussures à l'intérieur, non ? Noh a dû réaliser ce qu'il se passait quand il les a vues ! »

     

    Le gars molesté fait un horrible grimace.

     

    « Connard, ne me cherche pas ! Je t’ai dit de le faire et t’as pas bougé ! »

     

    Keng est alors frappé deux fois par Palm, ce qui fait que maintenant ils sont à égalité. C'est juste super. Ma maison va être détruite encore une fois.

     

    Je secoue la tête et me fous d'eux. J’estime qu'il y a plus de dix mecs ici. Certains sont assis autour d'une fondue chinoise sukiyaki (Keng , Palm , Khom , Phong et Em), d’autres sont installés en face de la télévision et jouent à un jeu vidéo qui (Ohm , Per et Knott). Je peux entendre Dong, Rogkeng et Ken dans la cuisine, ils disent quelque chose sur la préparation d'une salade de nouilles épicée. Alors maintenant que j'ai eu la chance de les compter … Ils sont onze. Ce n'est pas un record, bien sûr (le plus grand nombre de gens que j'ai reçu était dix-sept pour le nouvel an, la maison a presque explosé.)

     

    « Alors les gars, qui vous a dit que mon père et ma mère n'étaient pas à la maison aujourd'hui ? »

     

    Je sais qu'ils ne l'ont pas découvert par eux-mêmes. D'ailleurs, je pose la question seulement pour être poli puisque je connais déjà la réponse.

     

    « Ma bien aimée p'Immmmmmmm ! »

     

    Je le savais ! -_-.

     

    P'Im aime beaucoup Ohm. Je ne sais pas si c'est le destin ou s’ils ont commis un péché ensemble dans leurs vies antérieures et qu'il le paye maintenant.

     

    A chaque fois que le nong Ohm de P'im passe nous rendre visite, il semble que nous ayons une tonne de nourriture à la maison juste là à l'attendre. (Je veux dire que si ce n'était pas pour Ohm, je ne sais même pas si je pourrais manger ces trucs.) Et à chaque fois que papa et maman ne sont pas à la maison (parfois ils quittent la ville pour aller vérifier comment ça se passe à l'usine et ils restent en déplacement plusieurs nuits), alors p'Im appelle Ohm et le lui fait savoir. Elle lui suggère d'amener tout le monde et de détruire la maison.

     

    Je n'oublierai jamais ça, p'Immmmmmmmmm !

     

    Je secoue la tête et jette mon sac de cours sur le sol (puisque le canapé est actuellement occupé). Je remarque que ces abrutis ont apporté ma PS3 en bas depuis ma chambre. Pendant ce temps, un autre abruti a apporté une fondue depuis la cuisine, emplissant la maison d'un délicieux parfum.

     

    Bien, super ! Même si j'ai déjà mangé, je commence de nouveau à avoir faim en sentant toutes ces choses. J'enlève mes chaussettes et rejoins le cercle autour de la fondue juste à côté de Phong.

     

    « Peut-on manger cette merde maintenant ? J'ai faim. 

    -Du calme mec, Le porc n'est pas encore cuit. Ohm m’a dit que tu étais en rendez-vous, donc je pensais que tu rentrerais plus tard » me dit Phong tandis que je joue avec le couvercle en le soulevant légèrement, laissant échapper un peu de vapeur.

     

    Dans le même temps, Palm se retourne pour attraper un bol et une paire de baguettes pour moi. Je remarque qu'ils ont aussi rajouté des nouilles instantanées. Excellent, les gars.

     

    « Ce n'était pas un putain de rendez-vous. J'étais seulement avec Yuri pour lui tenir compagnie.

    -Oui, c’est ce que les gens appellent un rendez-vous. Et tu es de retour bien tôt, elle n’arrivait pas à te mettre dans l'ambiance ou un truc dans le genre ? »

     

    Je frappe Em de toutes mes forces. Il le mérite pour avoir débité cette merde. Je le menace avec mes baguettes comme un avertissement pour qu'il arrête de parler, je soulève le couvercle pour vérifier la sukiyaki même si je sais qu'elle n'est pas encore prête. Ensuite, j'entends Ohm aboyer au loin.

     

    « Yuri est si mignonne. Comment peux-tu dire qu'elle n'est pas assez sexy ? Notre ami est pas un mec normal, mon pote. »

     

    Sa voix est tellement irritante. Je lui lance un mauvais regard. Il est juste en face de la télé. J'ai envie de faire péter le fusible de la télé quand je le vois caqueter, juste pour le faire chier.

     

    « Attends juste un peu. Je vais faire en sorte que tu finisses avec nong Carpe »

     

    Je sors brusquement mon coup de grâce. Ohm lâche immédiatement la manette qu'il avait entre les mains.

     

    « Enfoirééééééé ! Je préfère que tu me portes la poisse en me disant que je vais rater tous mes exams ! »

     

    Il se lève et fait une scène. Il crie si fort que ça déconcerte les autres. Dong , Rodkeng et Ken sont de retours avec la salade épicées et ils le regardent de façon perplexe.

     

    « Attends, quoi ? Pourquoi il veut échouer à tous ses exams ? » demande Dong en plaçant le premier plat à côté de la fondue.

     

    « Il n'a pas besoin d'une malédiction. Il a déjà échoué de toute façon , non ? » continue Rodkeng en plaçant le deuxième plat de salade de l'autre côté de la fondue.

     

    «Cette nong Carpe est ta femme, non ? Je l'ai vue. » conclut Ken en posant le dernier plat.

     

    Naturellement, Ohm est très vexé. Il laisse échapper quelques bruits qui montre son agacement, et prétend qu'il ne nous écoute pas.

    Je ne sais pas si c'est parce qu'il perd contre Per sur une course de voiture ou parce que nous avons touché un point sensible. La nong Carpe dont nous parlons va à l'école en face de la nôtre. Je ne sais pas par quel genre de miracle cela est possible mais elle est vraiment sur Ohm. (Elle doit être aveugle, parce que je suis beaucoup plus beau, évidement). Elle court après Ohm depuis 3 ou 4 mois maintenant et elle n’a pas l’air prête d’arrêter. Son vrai nom est en fait Nongnan mais nous utilisons 'nong Carpe' comme un code secret. Ne me demandez pas pourquoi, je ne peux pas vous le dire, sinon ça ne serait pas un secret. Hé hé hé.

     

    Nous discutons de nong Carpe un moment avant de nous faire interrompre.

     

    « P'Ohm n'a pas d’intérêt pour les carpes parce qu'il préfère les souris... »

     

    Chacun de nous nous retournons brusquement. Je remarque qu'Ohm fait un regard noir comme la mort à Per.

     

    « Quelle souris, Per ? Tu ferais mieux de parler ! Cet enfoiré de Ohm taquine toujours tout le monde. Je vais savoir tous ses petits secrets aujourd'hui ou je mourrai en essayant ! » déclare passionnément Rodkeng.

     

    Ohm menace rapidement Per.

     

    « Si tu dis quoi que ce soit, je jure devant Dieu, Per... »

     

    A ce stade, je ne sais pas si Per est inconscient ou qu'il fait juste semblant parce qu'il se retourne instantanément pour faire face à Ohm et lui pose une question.

     

    «Oh, je ne suis pas censé parle de nong Mickey Mouse ? »

     

    Putain de merde, Ohm ! Nong Mick a rejoint notre club au début de ce semestre, il est en 9éme année. Il est mignon et je veux dire vraiment mignon. Genre putain de mignon. Il est si mignon que même Film a proclamé que nul ne peut mettre la main sur ce gosse. Film fait confiance à Ohm pour enseigner à Mick comment jouer du cor, mais apparemment il y aurait anguille sous roche entre ces gars-là ?!

     

    « Merde, Ohm ! Putain de merde qu'est-ce que tu as fait à nong Mick ?! »

     

    Je crie à pleins poumons car je suis très préoccupé par le sort des juniors. Le suspect secoue immédiatement la tête. On dirait bien qu'il cache quelque chose.

     

    « Je n'ai rien fait, merde !

    -Il aime p'Ohm, p'Noh. »

     

    Per tu es si chou aujourd'hui, hein ?!

     

    Je pense à lui donner la permission de sécher l’entraînement deux fois par semaine comme il l'avait demandé parce qu'il est vraiment 0adorable aujourd'hui. Hé hé hé.

     

    « Ohm as-tu drogué le gamin?! » lui crie Ken. Ohm lui fait un doigt d'honneur.

     

    « Sérieusement. Il t'aime vraiment ? Je sais que beaucoup de gars lui courent après. Je ne suis même pas gay et je l'aime. Putain, il est trop adorable! » dit Khom en le prenant de court. A ce stade, plus personne ne fait plus du tout attention à la fondue. Nous sommes tous en train de fixer le dos d’Ohm puisque qu'il refuse de nous regarder.

     

    « Je ne sais pas, mec ! » Cet abruti est toujours aussi bruyant.

     

    Per continue de réaliser sa mission, qui est d'exposer les secrets d’Ohm.

     

    « J'ai aussi vu Ohm enlacer nong Mick. Attends un peu. Je vais en parler à Film. »

     

    Quoi?! Ça c'est énorme ! Per ! Continue de parler !

     

    « Per, enfoiré ! Tu nous espionnais ?! »

     

    Et maintenant Ohm révèle ses conneries.

    Per secoue rapidement ses mains pour nier.

     

    « Non ! J'avais laissé les partitions ici ce jour-là. Je suis revenu pour les récupérer mais j'ai vu ce qu'il se passait alors je les ai laissées ici. C'est pour ça que je n'ai pas pu jouer le lendemain matin. Et p'Noh m’a hurlé dessus à propos de la chanson du défilé ce matin-là. »

     

    Oh, je me rappelle de ça. J'avais distinctement dit à Per de beaucoup s’entraîner mais il ne l'a pas fait du tout. Voilà donc ce qu'il s'est passé.

     

    Mais attends ! C'était il y a seulement deux jours !

     

    « Per, et si on parlait de toi. Qu'en est-il de toi et Mawin ? Je vous ai vus tous les deux. »

     

    Maintenant que Ohm est acculé, il commence à changer de sujet pour faire des histoires à Per à la place.

     

    Aujourd'hui est la journée où toutes les vérités sortent, c'est parti.

     

    « Moi et Win ? Allez, nous sommes seulement amis. »

     

    Il nie l'accusation. Je connais assez bien nong Mawin. Per dit qu'ils sont amis depuis qu'ils sont petits. Nong Win est agréable et bien élevé et Per n'est pas comme ça. J'ai entendu dire que son père a un poste de haut gradé dans l'armée et qu’il est très strict. Je me demande comment il peut laisser Win être le meilleur ami d'un clochard comme Per, Ha ha ha.

     

    « Ne fais pas semblant. Nong Mawin est venu pleurer auprès de moi l'autre jour. J'ai dû le calmer. Tu étais trop cruel avec lui.

    -C'est vrai P' ! Per est vraiment méchant avec lui. Lorsque Win vient traîner avec lui, il dit que Win est ennuyeux. Puis quand Win disparaît de sa vue, il se précipite chez lui pour essayer de se réconcilier avec lui. »

     

    Knott parle enfin à propos de son ami après être resté silencieux un long moment. Les oreilles sombres de Per (en fait il a la peau claire mais son visage n'est pas dans les mêmes tons) sont maintenant rouges comme par magie.

     

    Je décide de me joindre à eux.

     

    « Attend Per, Phun m'a dit qu'il n'arrêtait pas de tomber sur toi au couvent. Alors tu es sur qui en réalité ? »

     

    Mais j'ai mentionné Celui-qui-ne-doit-pas-être-nommé par accident. Oh, merde. J'ai retourné ça contre moi. Nous n'avons même pas la chance de finir de parler sur Per que Ohm me lance un regard sournois.

     

    « Ouais, je suppose que c'est exactement comme pour Phun. Il va déjeuner au couvent, mais il passe ses nuits avec toi. Je sais ce qui est arrivé devant le bâtiment F, au fait. »

     

    Putain ! Je savais qu’Ohm découvrirait ça ! Pourquoi diable a-t-il fallu qu'il crie ?!

     

    Maintenant mes amis sont intéressés par ce qu'il se passe entre Phun et moi.

     

    « Attends, attends. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demande Keng en frappant le sol avec une louche. Connard. Ça va laisser une marque ! Je lui retire la louche et frappe sa tête avec, avant de soulever une caisse de bière et d'aller tout de suite à la cuisine.

     

    « Je vais mettre ça dans le frigo. Elles ne seront pas fraîches si vous les laissez , les gars.

    -Mec, tu t'enfuis !

    -Je vais juste mettre ça dans le frigo, bon sang ! »

     

    J'ignore ce qu'ils ont à me dire et me retire dans la cuisine à la place.

     

    * * *

     

     

    J'ai passé un certain temps à attendre dans la cuisine (jusqu'à ce qu'ils oublient). J'ai mis les bières dans le réfrigérateur, puis je l'es ai sorties seulement pour les y remettre à nouveau. Ensuite, je fais semblant de ranger les bouteilles d’eau, les bouteilles de bières et les bouteilles de lait (même si p'Ann les avait déjà rangées). Alors ils n'ont pas encore fini de parler de ça ?

     

    Je fais des allers-retours, puis une idée germe dans ma tête. Je vais découper les citrons et préparer le sel pour les gars puisque j'ai vu qu'ils avaient apporté une bouteille de tequila avec eux.

     

    Hmm. Ce n'est pas une mauvaise idée. Ça va me donner une excuse pour rester ici un peu plus longtemps. (hé hé). Je commence de suite et saisis un couteau, la planche à découper et les citrons dans le réfrigérateur.

     

    Mais je n'ai jamais fait ça avant. Comment est-on censé trancher les citrons ? Verticalement ou Horizontalement ? Coupe-t-on en ligne au milieu ou de travers ? (Mais ils sont tout ronds...) C'est trop confus. Je tourne le citron encore et encore dans le vague. Quand finalement j'en coupe un le jus gicle. Ah ! Dans les yeux ! Ça pique !

     

    Alors que je tente de m'essuyer les yeux avec ma manche, j'entends quelque chose de bizarre. Mis à part tout le bordel que les gars font dans l'autre pièce. Je peux aussi entendre une voiture se garer. Qui d'autre est ici maintenant ? Comme si il n'y avait pas assez de monde dans cette maison.

     

    Je suis curieux mais je n’y prête pas plus attention que ça (puisque mes yeux brûlent).

    Quand je me rends compte que je ne peux pas faire partir cette sensation de picotement et que je me dis que je devrais aller me rincer les yeux dans la salle de bain à la place, je remarque un visage flou à proximité. Je suis surpris comme si je venais de voir un fantôme.

     

    « Tes yeux vont devenir rouges si tu les frottes comme ça. »

     

    J'entends une voix familière et elle se précipite pour m'aider à la salle de bain. Au moment où je commence à me demander comment elle est arrivée ici, je sens de l'eau fraîche éclabousser mon visage.

     

    «Il faut être doux. Allez, enlève tes mains de là. »

     

    La voix me dit de laisser tomber ma main (et je suis ses instruction, pourquoi?) avant de me frotter doucement les yeux. La sensation de brûlure me quitte finalement. Je cligne rapidement des yeux pour les rincer avec l'eau puis elle essuie rapidement les gouttes à l'aide de son mouchoir.

     

    « Tu ne sais même pas trancher un citron vert, tu vas très certainement mourir de faim. »

     

    Bâtard, ce n'est pas la peine de me rappeler tout ça. Je ne suis pas une femme au foyer, comment suis-je censé savoir comment faire tous ces trucs ? Je tends mon cou et regarde Phun Phumipat qui est soudainement apparu.

     

    « Comment est-tu arrivé ici ?

    -J'ai pris un taxi.

    -Crétin ! Je voulais dire... »

     

    A ce stade, je ne sais pas comment formuler la question sans paraître malpoli.

     

    « Tu voulais dire, pourquoi je suis là, c'est ça ? Très bien, je peux partir. »

     

    Oh , allez. Je savais qu'il allait utiliser cette combine avec moi. Je me gratte la tête et regarde Phun tourner le dos, dans l'intention de partir. Tout se passe plus vite que mes propres pensées, je tends la main pour l'arrêter.

     

    C’est tout ce qu’il lui faut pour l’empêcher de partir. Il n'essaye même pas de se libérer. Tu attendais juste que je fasse ça, pas vrai ?!

     

    « Quoi...? »

     

    Il a encore le culot de demander.

     

    Je prends une expression de méfiance car je sens que je vais perdre cette bataille.

     

    « N'oublie pas ton mouchoir. »

     

    Ahahahaha ! Prends ça !

     

    Une fois qu'il entend ça, il se retourne avec une expression irritée sur le visage et je lève les sourcils vers lui d'un air moqueur. Puis il change d'expression et fait un large sourire, comme celui d’une personne qui a des arrière-pensées.

     

    «Eh bien, je ne pars pas, même si tu me fous dehors. Hé hé hé. Je suis déjà ici, alors je peux aussi bien rester jusqu'à la fin.» me dit-il avant de me ramener à la cuisine pour m'aider avec les citrons.

    J’apprends seulement maintenant à quel point ce jeune maître est bon à ça puisque il tranche rapidement les citrons sans aucun problème. Cela me déconcerte.

     

    «Où as-tu appris à faire ça?

    -Crétin, tout le monde peut faire ça. Je pourrais te poser une autre question à la place : comment se fait-il que tu ne saches pas comment trancher un citron, putain ? »

     

    Oh, une autre humiliation. Je veux me cacher sous une casserole après avoir entendu ce que le jeune maître Phun avait à dire. Et tandis que je cherche une casserole, je l'entends glousser.

     

    «Je plaisante. J'aide souvent Pang à la cuisine. Je dois gérer les couteaux sinon elle finirait par se couper. »

     

    Il révèle la vérité avec un doux sourire. Il a souvent ce sourire quand il parle de nong Pang. Je n'ai pas besoin de préciser qu’il aime énormément sa petite sœur, je crois.

     

    Je lui fais un signe de la tête.

    «Tu devrais partager ses recettes avec moi. Je veux essayer ! » lui dis-je en me hissant sur le comptoir pour m’asseoir (là où p'Ann et p'Im sont habituellement), muni d’un croissant que je prends dans la panier. Je commence à grignoter parce que parler de nourriture m’a donné faim. (Je pense que mon système digestif fonctionne trop bien.)

     

    Phun se déplace pour prendre plus de citrons avec un sourire, il semble qu'il n’y en ait pas assez pour tous les mecs qui attendent dans l'autre pièce.

     

    «Tu n’arriverais qu’à salir ton pantalon. Je tombe malade quand je mange ce que nous préparons.»

     

    H , tu critiques ta propres sœur maintenant ?

     

    Je ris en fourrant le dernier morceau de croisant dans ma bouche. Mais je suppose qu'il est un peu trop gros (probablement pas qu'un peu) donc j'ai du mal à le mâcher.

     

    «Regarde-toi. Tu as peur que je te vole ta nourriture ? Mange lentement. Ce n'est pas comme si il y avait qu'un seul morceau de croisant dans le monde entier. »

     

    Phun se retourne et me taquine comme toujours. Je veux vraiment discuter avec lui mais...

     

    «Mmm, mm , mm » ma bouche est pleine de croissant et je ne peux même pas l'insulter.

     

    Je mâche avec beaucoup de difficulté. Je dois avoir l'air vraiment drôle parce que Phun se fout de moi en souriant avant de s’essuyer les bout de croissant qui sont coincés autours de mes lèvres.

    Ses yeux perçants brillent étrangement.

     

    «Cela semble familier. Je pense avoir était témoin d'une scène comme celle-ci plus tôt dans la journée.» me dit-il et le reste du croissant descend dans ma gorge immédiatement.

     

    «Hey... ! 'Kof, kof , kof'».

     

    Je m'étouffe maintenant ! Phun se précipite pour me verser de l'eau dans un verre.

     

    «Mâche d’abord et ensuite avale ! Je t'ai dit de ne pas manger si vite».

     

    Maintenant je me fais gronder comme les gosses, mais je ne m'en soucie plus car il y a autre chose que je tiens à lui faire savoir.

     

    « Hey, il ne se passe rien entre Yuri et moi, tu sais.

    -Hein ?

    -Je veux dire... Yuri mangeait et s'en mettait partout ! Donc, tout ce que j'ai fait c'est l'aider à se nettoyer. Je n'étais pas, je veux dire... Argh ! Je ne sais pas comment expliquer ça ! »

     

    Il semble que tout ce que je fais c'est donner des excuses stupides. Je me gratte vigoureusement la tête, pourtant Phun rit, simplement.

     

    « Oh, oublie ça. Je comprends. » me dit-il en ricanant tout comme on parlerait à un petit enfant. Je ne le crois pas vraiment.

     

    « Hé, je suis sérieux. Ne sois pas comme ça ».

     

    Je tire son bras avant qu'il ne recommence à trancher les citrons. Phun me regarde avec une expression confuse et puis il rit à nouveau.

     

    «Ça ne me dérange pas du tout. Vraiment ! »

     

    Comme si j'allais croire ça. Je regarde la personne qui se tient toujours là en train de rire.

     

    «Qu'est-ce qui est si drôle de toute façon ?

    -Toi.

    -Quoi moi ? »

     

    Je ne comprends toujours pas ce qu'essaie de me dire Phun quand il secoue la tête et saisis plus de citrons. Il les coupe tout en parlant.

     

    «Tu te comportes de la même façon que moi l'autre nuit.

    -Quelle nuit ?

    -Dans le taxi ? Tu te souviens ? Hé hé. »

     

    Il rit à nouveau. Et bien tu n'étais pas d'humeur aussi joyeuse. Tu ferais mieux de faire attention ou tu vas te couper la main avec ce couteau.

     

    J’essaie de suivre le cours de ses pensées et puis je pousse un petit « Oh ». Je ne peux pas m’empêcher de me foutre de moi-même. Phun se retourne vers moi et hausse un sourcil car il sait ce qu'il se passe dans ma tête. Je me comporte exactement de la même façon que Phun se comportait cette nuit où il persistait à s’excuser auprès de moi dans le taxi.

     

    Je pense que je le comprends mieux maintenant et je suis sûr qu'il me comprend beaucoup mieux lui aussi. Pour nous deux... Peu importe avec qui chacun d'entre nous est supposé rester dans la réalité, nous sommes contents quand nous nous retrouvons dans ce petit monde qui n'appartient qu'à Phun et moi... aussi longtemps que nous serons l'un à côté de l'autre.

     

    Je souris pour moi-même avant de tressaillir en me souvenant de quelque chose. J'avais presque complètement oublié ce truc. L'autre jour, j'avais décidé de tout dire à Phun à propos de Aim donc j'ai téléchargé la vidéo sur mon téléphone mais je n'ai pas eu le courage de lui parler finalement. Je sens mon téléphone dans ma poch, me rappeler des souvenirs que je souhaite désespérément oublier.

     

    Comment puis-je dire à Phun quelque chose qui va complètement le dévaster ? Ou peut-être que je ne devrais pas lui dire ? Mais je pense que je ne peux pas supporter de le regarder se faire prendre pour un idiot encore et encore.

     

    « Phun... »

     

    Mes lèvres bougent plus vite que mes pensées. En me rappelant simplement de la manière dont il se fais tromper par cette fille, j'ai soudainement envie de révéler la vérité. Phun se retourne et me regarde avec curiosité. Mais à ce moment, je ne peux pas trouver les mots. Je n'ai jamais été comme ça avant.

     

    «Euh...

    -Il y a quelque chose qui ne va pas? »

     

    Ces yeux perçants et le sourire qu'il m’a toujours fait ne font que renforcer ma peur.

    Comment puis-je être celui qui va lui faire du mal ?

     

    Je reste silencieux encore un moment de finalement dire quelque chose.

     

    «... Je pense que nous avons suffisamment de citrons. Ramenons ceux-là avant que les gars ne commencent à geindre »

     

    En fin de compte, je coupe court à la conversation. Je glisse du comptoir et sors de la cuisine. Je permets à cette situation de perdurer comme si de rien n’était. En dépit ça, je ne suis pas assez courageux pour l'arrêter.

     

    Je ne suis pas assez fort pour détruire le sourire de Phun.

     

     

     

    A suivre...


  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Février 2016 à 15:54

    Merci encore à vous pour ce travail. 

    Lire vos chapitres me change les idées en ce moment  (mon fils cadet est malade et va très régulièrement à l'hôpital).

    Attendre vos chapitres me donne une petite bouffée d'oxygène.

    Bon courage pour la suite.

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    2
    Dimanche 7 Février 2016 à 20:13

    Merci à toi pour tes commentaires.

    Nous sommes navrées pour ton fils. Si la publication du roman en français peut t'apporter un peu de réconfort en cette période difficile, alors c'est la meilleure des récompenses pour nous. En espérant que tout s'améliore, on te souhaite bon courage et merci encore pour ta fidélité.

    3
    Mardi 9 Février 2016 à 20:46

    Merci à vous pour votre soutien.

    Je vous donne le mien pour la suite de votre travail, qui ne dois pas être facile.

    Bon courage.

     

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