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    Chapitre 39 : Avec cette paire de bras

     

     

     

    Depuis ce jour, j'ai essayé de refaire sourire malgré mon emploi du temps chargé. Je le vois en général le matin vers l'immeuble principal, l’air occupé et avec quelque chose de menaçant sur le visage.

     

    Mais peu importe combien je suis pressé (par le retard pris), je lui fais toujours un sourire et une mimique pour le saluer. Dernièrement, il n’a plus été vu sans porter un tas de dossiers et fichiers avec lui. Et chaque fois qu'il me remarque, l'expression de son visage change tout de suite, d'un air renfrogné à un sourire :)

     

    Je crois que faire un véritable sourire à quelqu'un est contagieux. Quand vous souriez, l'autre se sent mieux et vous sourit en retour immédiatement. :)

     

    Je n'ai pas parlé de ce qui est arrivé après que Phun et moi avons eu cette conversation chez lui ce jour-là. Je me dis qu'il n'y a aucune raison de lui rappeler ces sentiments terribles.

    Je ne sais même pas s’il a fait quelque chose à ce sujet ou rien du tout. Je respecte toujours les décisions qu'il prend. S’il préfère tout oublier et faire comme si ça n'était jamais arrivé, alors je suis prêt à le faire aussi.

     

    Ou, si un jour Phun est prêt à affronter la vérité, alors je serai également prêt … à rester près de lui. Tout ce qu'il a à faire c'est demander.

     

     

    Un soir, j'ai dû me précipiter à plusieurs reprises au bureau de l'administration pour soumettre les formulaires officiels pour mon club. Ma montre me disait qu'il était presque 17 heures, mais j'étais toujours en train de courir entre le bâtiment F et le bâtiment administratif parce que les formulaires de demande que j'avais tapés et imprimés étaient apparemment tous incorrect.

     

    Bon sang! Je suis sûr que j'ai déjà vu ça !

     

    Alors maintenant, je traîne mes pieds vers le bâtiment administratif depuis le bâtiment F pour la cinquième fois. Je suis d'une humeur épouvantable et si ça ne passe pas, ça va chier. (Cependant, j'ai l'art de réussir à me calmer en me rappelant que si je ne m’occupe pas de ça aujourd'hui, alors nous n'aurons pas le temps de présenter les formulaires de demande de sponsors.)

    On s’en fout, je continuerai à encaisser jusqu'à que j'en aie fini avec ça. L'enseignant en fonction reste déjà tard pour m'aider à finir les papiers de toute façon.

     

    Je marche tout en marmonnant étant donné que je continue à merder avec ce formulaire et ça me met d’une humeur massacrante. Je suis trop distrait pour remarquer une grande silhouette qui court vers moi. Nous sommes si près que nos épaules se touchent.

     

    « Qu’est-ce qu’il se passe? Quelqu'un a pissé dans tes céréales ou quoi ? »

     

    La haute silhouette se révèle être Phun, qui me pose ces questions avec le sourire. Je me retourne pour le regarder et soupirer avant de lui montrer le formulaire en le soulevant au niveau de ses yeux.

     

    « C'est quoi ce truc? »

     

    Il hausse les sourcils avant de lire les mots à haute voix. "Demande d'assistance pour l'événement 'CONCOURS EN LIVE' par le club de musique ...? N'est-il pas trop tard pour soumettre votre demande de sponsors maintenant ? »

     

    D’accord, donc il remue juste le couteau dans la plaie, vu que nous savons déjà que nous sommes à la bourre.J'expire avant de répondre à sa question.

     

    « Si ça passe avant la fin de la journée, alors nous serons dans les temps. Mais si je ne finis pas ça maintenant nous sommes foutus. Oh, c'est vrai. L'école a reçu les 20k pour mon club? Tes économies ont en pris un coup, non ?? »

     

    Je lui demande ça parce que je me sens concerné dans la mesure où il m'a aidé à payer les factures de mon club (même si c'est Earn qui a été le premier à le faire). Phun sourit, l'air détendu.

     


    «Je pense qu'ils vont me donner l'argent après-demain. Et mes économies se portent bien. J'ai mis assez d’argent de côté. »

     

    C'est vrai, j'ai oublié que tu étais extrêmement riche. Je lui fais rapidement un sourire espiègle.

     

    « Oh, si tu as autant d'argent alors peut-être devrais-tu être un commanditaire de l'événement. Je pourrais utiliser autour de 30k ou 40k, hé hé. Aïe! »

     

    J’aurais mieux fait de me taire. Est-ce que j’ai demandé à Phun de me claquer la tête en disant ça ?! Je frotte mon crâne et lui fais un doigt d’honneur.

     

    «Tu ne me donnes pas d'argent et tu m'agresses physiquement en plus ? Quel crétin. Enfin, bref, tu n’es pas attendu quelque part ? »

     

    Je suis tout à coup d'une meilleure humeur après avoir vu le visage de Phun. Je ne sais même plus pourquoi j'étais aussi énervé, mais maintenant je me sens très bien, juste comme ça. Phun sourit en marchant à côté de moi.

     

    « Non, j'ai fini mon travail plus tôt que je pensais. » me dit-il tout en haussant les sourcils comme si il voulait se moquer de moi.

    • Bien sûr, mon club à moi est moyen et travaille trop lentement. Tout le monde ne peut pas être aussi capable que vous, M. le secrétaire du Conseil des étudiants!


    Juste quand je suis sur le point de l'insulter, nous arrivons au bureau de l’administration. (Veinard !.)

     

    Je pointe du menton en direction de son visage pour lui faire savoir qu'il n'est pas encore sorti d'affaire avant de pousser la porte et d’entrer à l'intérieur.

     

    Mlle Pornratt est assise là, toujours en train d'attendre pour m’aider à remplir le formulaire. Phun me suit à l'intérieur et attend avec moi. Mon cœur bat la chamade. Je me demande si ça va passer cette fois. Je transpire beaucoup, même si la clim est allumée.

     

    Je regarde le visage de Mlle Pornratt. Je ne suis pas d'humeur à le refaire pour la sixième fois.

     

    « Oh ... Napat. ».

     

    C’est la cinquième fois aujourd’hui que Mlle Pornratt appelle mon nom et à chaque fois c’est suivi de mauvaises nouvelles.

     

    « Oui? ».

     

    Je lui ai répondu avec anxiété. J’espère que je ne vais pas entendre plus de mauvaises nouvelles. Mlle Pornratt retourne le formulaire puis elle le plie en une deux.

     

    «La date n'est pas parfaitement centrée lorsque vous pliez le document en deux, Napat. Je préférerais ne pas avoir à dire ça, mais ... Pouvez-vous présenter un nouveau formulaire ?

     

    « Argggggg !, Madameeeeeeee! Je suis si fatiguéééééééé ! »

     

    Je commence à pleurnicher comme un petit enfant, mais elle secoue simplement la tête avec lassitude.

     


    «
    Eh bien ... Je suis désolée pour vous. Mais même si je le laisse passer comme cela, ce formulaire sera inévitablement renvoyé. Vous devriez corriger ça dès maintenant. Où est Paramet d’ailleurs ? Comment se fait-il qu’il ne soit pas là? » demande-t-elle à propos de Met, le secrétaire du club. Malheureusement, il est à l'hôpital avec une énorme fièvre en ce moment. (Des membres du club sont allés lui rendre visite hier.)

     

    Alors maintenant, je suis coincé avec toute la paperasse et je ne suis pas exactement un expert dans ce genre de choses. Mais ça ne fait rien, je vais le corriger si je le dois! Je suis bien arrivé jusque-là, je dois en voir la fin !

     

    J'accepte le formulaire que me tend Mlle Pornratt dans la défaite.

     

    « Il est malade. Et y’a-t-il autre chose que je doive corriger? Autant s’occuper de tout en même temps ».

     

    Elle sourit. Elle s’adresse à Phun, qui est toujours derrière moi.

     

    « Phun, vous aiderez Napat avec ça ? Il a l’air d’avoir du mal avec les papiers, mais c’est votre domaine, ça ne vous dérange pas d'aider votre ami? »

     

    Hein? Je me retourne pour regarder le beau crétin, qui a une expression perplexe sur le visage. Il lui fait un clin d'œil.

     

    « D’accord. »

     

     

     

    * * *

     

     

    Nous avons quitté le bureau et je continue à me plaindre auprès de Phun avec le sourire.

     

    « Ohhhh, j'avais déjà quelqu'un qui aurait pu m’aider, pourquoi est-ce que j’ai même essayé de faire ça tout seul? Mince alors.»

     

    Phun part tout de suite dans un rire.

     

    « Pourquoi ne pas m'avoir dit que tu avais besoin d'une personne pour t'épauler? Si je l'avais su, je t'aurais aidé. Sérieusement, même si elle ne m'avait pas demandé, je l'aurais fait de toute façon. »

     

    Eh bien, n'es-tu pas une putain de crème ? Je fronce les sourcils et prétends que je n'ai pas besoin de son aide (même si en fait j'en ai désespérément besoin), et il frappe doucement ma tête deux fois.

     

    Sachant que j'avais le secrétaire du conseil étudiant pour m'aider cette fois, tout sembla beaucoup plus simple en un clin d'œil! En fait, il y avait beaucoup de choses que je devais corriger, tellement que Phun a décidé de recommencer à partir de zéro. Il sort ses lunettes de la poche de sa chemise et tape sur le clavier pendant que je joue au Rubicks cube.(D'autres membres du club répètent dans l'autre pièce.) Finalement, j'entends le bruit de l'imprimante et Phun me dit quelque chose.

     

    «Je te laisserai me botter le cul si tu dois revenir ici et le refaire »

     

    Humpf, parfois, il me tape sur les nerfs. Je ne m’ennuierai pas à revenir ici une fois de plus pour que je puisse botter le cul de ce Monsieur je-sais-tout.

     

    Mais finalement je n'ai pas besoin de lui botter le cul puisque tout s’avère parfait. Mlle Pornratt me fait un sourire comme si elle voulait me féliciter d'avoir était grandement aidé. Toutefois, le gars à l’ origine de ça m’agace toujours donc je lui fous un coup le tibia. Hé hé.

     


    Après avoir passé l'obstacle de soumettre le formulaire, nous trainons dans le nouveau bâtiment jusqu'à qu'il fasse nuit parce que je dois faxer plus de paperasse et terminer un tas d'autres choses.

     

    Puisque notre club avait déjà contacté la plupart des entreprises dont on a besoin, tout ce que je dois faire pour les sponsors est de leur soumettre le document. Il est près de 20 heures déjà, et je faxe la paperasse aux sociétés en mesure d’accepter de nous soutenir des maintenant au lieu de perdre du temps en attendant demain matin.

     

    Certaines des entreprises appartiennent à des familles des membres du club, donc je leur ai demandé de transmettre les documents nécessaires à leurs parents au lieu d'avoir à payer les frais de télécopie.

     

    Finalement, ma montre m’indique qu’il est 21 heures passées et je me dis qu'il est temps d'arrêter de travailler et de quitter l'école. Je me retourne pour voir Phun, qui m'attend toujours alors que je passe divers appels à de nombreux endroits différents, il lit l'un des livres que nous avons dans la salle du club (ils sont tous liés à la musique). Il ne m'a pas pressé, même pas une fois.

     

    « Tu as faim, Phun? Je suis désolé, je perdu la notion du temps. », lui dis-je après avoir laissé tomber la paperasse de mes mains. Après tout, nous n'avons pas encore eu la chance de manger quelque chose et il est déjà plus de 21 heures.

     

    Phun ferme un livre énorme avant de me regarder avec un sourire.

     

    «Et voilà, je pensais que tu aller me laisser mourir de faim. »

     

    Ahhhhhhhh, je suis désoléééééééé.

     

    Je lui fais mes excuses rapidement avant de déposer tout ce que je tiens sur la table et de me dire que je vais enfin arriver à rentrer à la maison!

     

     

     

    * * *

     


    Phun a insisté pour me raccompagner jusqu’à ma maison, même si je lui ai dit qu'il devrait juste rentrer directement chez lui au lieu de perdre du temps. (Il était assez tard.) Mais il s’est montré très ferme et ne cessait de me dire «non».

     

    Il a même fait valoir que nous ne vivons pas si loin l'un de l'autre et que de toute façon ça ne serait pas du tout une gêne. Très bien. Continue d'être un putain de gentleman. J'étais vraiment au-dessus de ça.

     

    En fin de compte, je suis trop fatigué pour me disputer avec lui, donc que je l'ai laissé faire ce qu'il voulait et lui ai permis de me raccompagner.

     

    Lorsque nous sommes arrivés dans ma rue, j'ai tout d'un coup pensé que je devrais probablement lui offrir à un repas en guise de remerciement car il m'a aidé avec le formulaire, et m'a tenu compagnie jusqu'à très tard sans mentionner le fait de m'avoir raccompagné chez moi aussi.

     

    «Allons chercher quelque chose à manger. »

     

    Je l'invite après avoir dit au chauffeur de taxi de nous déposer à l'intersection au lieu de ma maison. Phun a une expression de soulagement sur le visage avant de répondre.

     

    «Je pensais que tu ne le me demanderais jamais ...» Hein? Tu attendais que je le demande? Pourquoi ne pas simplement proposer, alors ?!

     


    Je marche avec lui dans Ekamai Road et nous nous rendons dans un restaurant de poulet grillé, qui est bondé. Je n'ai en fait jamais essayé cet endroit avant. Il est juste à côté de la rue et de manger tout en respirant les gaz d'échappement de voiture pourrait être si drôle que je décide de lui donner une chance.

     

    Nous nous pressons à l'intérieur du restaurant avant que Phun ne commence à commander une longue liste de plats.

     

    « Nous allons prendre ... une salade de papaye thaïlandaise avec des œufs de canard salés, du poulet grillé, du saumon en sauce, une soupe chaude et épicée avec des côtes de porc, du bœuf grillé, du foie doux, du loup de mer au citron et deux bols de riz gluant, s'il vous plaît. Oh, et une bouteille de Pepsi aussi »

     

    Bon Dieu, tu essaies de me détruire ?!

     

    Je le regarde avec de grands yeux tout en vérifiant mon portefeuille à la hâte.

     

    «Vais-je être en mesure de payer pour tout cela ?! Tu as commandé comme si nous avions des chèques cadeaux d'une valeur de 3.000 baht ! 

    -Hein? Ça ne te plaît pas? Je ne savais pas, alors laisse-moi en commander un peu plus. » me dit-il avec un sourire tout en agitant sa main comme s’il voulait passer rappeler la serveuse. Je me précipite vers lui et claque sa tête.

     

    Ça suffit. Après cela, je vais vivre à tes crochets.»

     

    Je ne me plains plus du tout quand le serveur revient avec nos boissons pour étancher nos soifs. Je peux entendre le rire profond de Phun et il me fait un sourire narquois.

     

    « Je peux payer, mon dieu. As-tu besoin de quelque chose d'autre? »

    Il a le culot de demander alors qu'il a déjà commandé tellement de plats que je doute que nous serons en mesure de tous les terminer. Je secoue la tête. J'ai hâte de voir arriver tout ce qu'il as commandé. (Je meurs de faim aussi.)

     

    Nous entendons la musique d'un pub à proximité alors que nous attendons notre nourriture. Elle détend l'atmosphère entre nous deux. Bientôt, les différents plats que Phun a commandés commencent à arriver à notre table, en commençant par la salade de papaye avec des œufs de canard salés, le poulet grillé et le saumon en sauce.

     

    « Essaye celui-ci. C'est délicieux. Pang et moi avons tenté de faire la recette une fois. » me dit le secrétaire du Conseil étudiant en mettant une cuillère de poulet grillé dans mon assiette. Je vois, donc il est venu ici avant. Pas étonnant qu'il ait commandé tous ces plats d'office. En gros, au lieu que ce soit moi qui l'invite à dîner, il a retourné la situation pour que ce soit lui.

     

    «Hé, hé. Ça suffit. Prends en un peu pour toi»

     

    Il ne faut pas longtemps pour que mon assiette soit remplie de nourriture, en particulier lorsque le loup de mer arrive à notre table et que Phun s'assure que j'en aie un morceau.

     

    Allô, C'est Noh! Pas Nong Pang!

     

    «D'accord, d'accord. Mange. J'ai remarqué que tu étais très occupé ces derniers temps, tu as besoin de garder ton énergie.» me dit-il en mettant un autre morceau de bœuf dans mon assiette avant d'attaquer la sienne . Je ne peux pas m’empêcher de secouer la tête.

     

    «Et toi? Comment se passent les répétition de ton groupe ? En fait, je ne vous ai pas vu répéter, avez-vous au moins travaillé vos chansons une seule fois? »

     

    Phun laisse échapper un éclat de rire narquois .

     

    «Attends juste de voir. Tu auras certainement une grosse surprise.»

     

    Quel genre de surprise? Mais je n'ai pas la chance de demander puisque il met un œuf de canard salé dans mon assiette . Es-tu en train de m'engraisser pour me vendre plus tard ?!

     

    Il ne nous faut pas très longtemps pour finir tout les plats. Il serait difficile de croire que cette table était pleine de nombreux mets variés au point où nous pensions que nous ne serions pas été en mesure de tout terminer il y a encore quelques minutes. Je range mes couverts ensemble et puis je prends un verre pour aider à faire passer la dernière gorgée de soupe chaude épicée. Je suis repus et je sens que je peux à peine me lever.

     

    « Tu as assez mangé ? Tu veux commander quel que chose d'autre? »

     

    Phun lève le filet du poisson qu'il a encore dans son assiette sans soucier. Il me demande même si j'en veux plus. Tu peux continuer à manger si tu veux, mais moi je suis hors jeu! Adieu!

     

    «Je ne peux plus manger, je suis bourré à bloc.

    -Tu manges si peu. »

     

    Ce mec. Je regarde son beau visage, et il affiche une expression moqueuse, alors je lui fais un doigt.

     

    Quelques instants plus tard, Phun a fini le reste de nourriture. Il commande même des châtaigne d'eau dans de la crème de noix de coco pour le dessert. Je le regarde avec étonnement parce Phun est si maigre que je me demande où il met tous ces aliments. C'est probablement un secret bien gardé puisque peu importe sous quel angle je le regarde, ce crétin est parfait dans chaque centimètre de son corps.

     


    « On marche jusqu'à la maison? Considère ça comme un moyen de digérer le repas.» me dit Phun après nous être disputés pour savoir qui allait payer pour le repas, combat duquel je suis sorti victorieux. (Il voulait vraiment payer, mais j'ai insisté parce qu'il m'a beaucoup aidé aujourd'hui. )

     

    Nous nous mettons d'accord pour marcher jusqu'à la maison puisque nous ne sommes pas trop loin de la mienne de toute façon. C'est un bon moyen de brûler les calories .

     

    Je fais à Phun un hochement de tête avant de quitter le restaurant avec lui tout en me tapotant le ventre. Mais à cet instant, mes yeux sont attirés par quelque chose de l'autre côté de la rue. J'aurais mieux fait de réfléchir à deux fois avant’amener Phun à Ekamai route quand il est presque 23 heures.

     

    «Hé, Noh . Il y a une tonne de pubs par ici . Et y a quoi là-bas? »

     

    C'est vraiment le meilleur moment pour être curieux! Je trésaille immédiatement et je me précipite vers lui pour le bloquer afin qu'il ne puisse pas regarder dans cette direction.

     


    «Où ? Oh, dans cette direction il y a le 'Curve'. Mais putain, qu'est-ce que c'est cher là-bas Mais si tu continues par là, tu vas trouver un endroit où tu peux essayer de fumer le narguilé. Tu veux essayer ? »

     

    J'essaye de le distraire de sorte qu'il prête seulement attention à ce côté de la rue. Phun semble suivre mon idée et nous tournons finalement au coin de la rue.

     

    Nous aurions continué s'il n'était pas passée une voiture stupide, avec la musique si forte que tout le monde dans la rue s'est tout de suite suite retourné vers elle . Dans cette tempête de sons intelligibles, Phun se retourne lui aussi et aperçoit quelque chose qui n'est pas la voiture . Il se fige, témoin de ce que je ne voulais surtout pas qu'il voie. Aim, vêtue d'un robe à bretelles dévoilant sa peau lisse et brillante .

     

    Elle se tient devant 'JET' situé dans la rue en face de nous, avec un mec. Il a son bras autour de ses épaules. Juste à ce moment , je cesse de me soucier de ce qu'Aim est en train de faire et d'avec qui elle est, quand je constate l'effet de cette vision sur la personne à côté de moi.

     

    Il n'y a pas même un soupçon de sourire sur son visage , même si j'ai passé beaucoup de temps à essayer de faire en sorte que ce sourire revienne. Je ne peux plus supporter cette image.

     

    Je tire vers moi pour qu'il ne voie plus que mon visage.

    Son corps paraît léger et je peux le retourner avec facilité, sans forcer. Je regarde ses traits pointus, incapable de deviner ce qu'il ressent.

     

    Je le tire et le serre, en ignorant les gens autour qui pourraient nous regarder. Je sais seulement que je dois faire en sorte que Phun ne voie plus ces choses, qu'il n'y pense plus, qu'il se débarrasse de cette douleur.. Je veux qu'il ouvre les yeux et ne regarde que moi, la personne qui se soucie de lui et sera toujours à côté de lui.

     

    « Phun ... ne regarde pas là-bas ... »

     

    C'est étrange mais je suis le seul à pleurer. Je ne sais pas quand mes larmes ont commencé à couler. Je ne l'avais même pas réalisé. Tout ce que je sais c'est que je suis celui qui a détruit la vie de Phun. Je suis celui qui lui fait prendre conscience de la terrible vérité. Je suis celui qui l'a amené ici seulement pour assister à cette scène. Tout est de ma faute. De ma faute. A moi.

     

    "Phun ...ne regarde que moi. Ne te retourne pas et ne regarde pas là-bas . S'il te plaît ... Regarde moi ...».

     

    Je me répète encore et encore. Je le tiens encore plus serré maintenant, malgré mes bras qui faiblissent. Son uniforme est trempée de mes larmes.

     

    Je commence à trembler juste quand Phun m'enlace en retour.

     

    «Je suis désolé, Phun. Je suis tellement désolé…

    -Non, Noh. Merci. Merci...»

     

    Les mains de Phun sont froides comme de la glace tandis qu'il me serre contre lui comme si sa vie en dépendait.

    Si tu regarde
    s autour de toi et découvres que tu n'as personne à ta gauche, alors tourne toi à droite et regarde.

    C'est là où je suis.

     

     A suivre...

     

    A suivre...


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    Chapitre 40  :)

     


    Depuis cette nuit-là, Phun est reparti à zéro une fois de plus. C'est la même chose pour moi aussi. Ça a été un moment difficile pour nous deux. Il devait se concentrer sur les répétitions avec son groupe alors que je me focalisais sur la réalisation de l'événement. J'ai continué à lui raconter des blagues pour le faire sourire un peu. Pff, je pourrais aussi bien lui acheter des bandes dessinées comiques tous les jours. (Cependant, celles-ci étant publiées chaque semaine, je ne pourrais pas vraiment le faire en fin de compte.)

     

     Phun semblait déprimé les quelques premiers jours, mais il a finalement pu me faire un petit sourire ici et là les jours suivants, surtout en entendant mes jeux de mots stupides. (Par exemple, pourquoi les phoques ne rient-ils pas à mes blagues ? Parce que ce sont les plus phoquantes qu'ils n'aient jamais entendues. N'est-pas que c'est drôle? Ne me répondez pas, contentez-vous de rire.)

     Il était clair que le moral de Phun commençait à remonter, sans doute parce qu'il avait encore beaucoup de travail à faire et qu'il ne voulait pas que quelqu'un ait à se soucier de lui, mais ses amis ont remarqué que quelque chose clochait alors ils sont venus vers moi et m'ont demandé. Mais ce n'était pas à moi de dire quoi que ce soit alors je leur ai dit que je ne savais pas non plus. J'en suis au point où je commence à me demander si les sourires de Phun sont sincères ou forcés. Ses yeux sont d'habitude pleins de confiance, mais maintenant ils sont blasés et affaiblis.

     
    Nous sommes arrivés au jour avant le concours live et j'en ai par dessus la tête . Il y a des problèmes avec plusieurs amplis, que nous devons utiliser, donc je dois appeler le réparateur pour qu'il jette un œil dessus. (Je ne sais pas comment résoudre les trucs électrique moi-même. ) Et parce que nous accueillons l'événement dans le gymnase cette année, nous devons bouger tout l'équipement nécessaire là-bas . C'est un énorme problème, puisque nous faisons cela par nous-mêmes vu que nous ne disposons pas des fonds pour embaucher quelqu'un d'autre. Tandis que je transporte un ampli de basse du bâtiment F en me dirigeant vers le gymnase, une voix crie mon nom .

     
    « Noh ... pourquoi fais-tu tout ça tout seul ?! Permets- moi de t'aider ! »

     

    Earn passe justement par là. Merci mon dieu !

     

    Je souris largement et lui donne l'ampli sans aucune hésitation. Je lui demande s'il peut attendre un peu ici , puis je cours attraper deux pieds de micros pour les transporter également.

     

    «La vache, il y a beaucoup de choses à bouger. Tu n'as pas quelqu'un pour aider?» me demande-t-il alors que nous faisons le chemin jusqu'au gymnase avec le soleil qui tape sur nous. J'utilise mon bras pour essuyer la sueur de mon front avant de lui répondre.

     «Normalement si, mais les plus autres sont coincés en cours en ce moment . Seuls les juniors sont disponibles pour nous aider.

     -Mlle Pannee nous donne un après-midi d'étude pour utiliser la bibliothèque. Je peux rester et aider. »

     

    Oh ! Est-ce une voix venant des cieux ?! Je me tourne rapidement vers lui et lui fais grand sourire.

     

    «Super, il y a une tonne de choses à faire si tu peux m'aider»

     

    Earn finit par m'assister tout l'après-midi. Nous avons fait des allées et venues entre les deux bâtiments probablement plus de dix fois. Quand nous étions sur la route pour la neuvième, mon téléphone a sonné et nous a interrompus.

     

    Salut à notre hôte ! Nous vous souhaitons beaucoup de médailles d'argent . Nous vous souhaitons beaucoup de médailles d'or . Salut à notre hôte !♫

     

    C'est ce salaud de Ohm .

     

    «Qu'est-ce que tu me veux ? »

     

    Je parle dans le téléphone que je tiens entre mes joues et mon épaule . Je suis trop préoccupé par le transport d'une boîte pleine de tambourins, saxophones, et micros sans fil que le club a besoin de fournir pour les groupes.

     

    «Les tambours ont besoin de quelques ajustements, il me faut la clef pour les régler »

     

    Ce trou du cul me fait toujours bosser plus ! Je fronces les sourcils et répond.

     

    «Au prochain voyage, nous avons déjà quitté la salle du club.»

      -Non mec ! Nous faisons le premier tour des balances(1) dès maintenant !»

     

    Eh bien, tu ne peux pas être un peu patient ?!

     

    Je commence à me fâcher (en raison de la chaleur ), mais je ne suis pas d'humeur à discuter avec lui si je me tourne vers Earn à la place.

     

    «Earn, tu peux continuer. Je reviens tout de suite. Ouais ouais. Je vais la chercher, mais tu vas attendre un peu. Je raccroche maintenant.» dis-je avant de fourrer mon téléphone portable dans la poche de mon short et de retourner à la salle de club dans le bâtiment F.

     

    « Je t'attends, Noh ?! » me crie Earn, mais je secoue rapidement la tête.

     

    «Continue, je te rattraperai. »

     

    Je prends la boîte ( qui n'est pas trop lourde ), retourne à la salle de club et déverrouille la porte avant de récupérer les clefs des tambours et d'autres outils dont nous pourrions avoir besoin ( parce que je sais que ces gars-là vont me les demander à un moment donné). Puis je referme la salle, mais voilà que Phun passe à proximité.

     

    «Bah ! C'est quoi, ces trucs, Noh ? "

     

    «On appelle ces trucs des instruments de musique.»

     

    Cette réponse me vaut une tape sur la tête. (Je l'ai bien cherchée.)

     

    «Abruti. Qu'est-ce que tu fais avec tout ça?

     -Nous mettons tout en place pour le concert demain.»

     

    Je le blâme au passage, car c'est eux qui participent au concours de demain, pas moi après tout. Mais bon, j'ai l'air stupide maintenant . Je ne suis pas celui qui accueille l'événement ?

     

    «Tu t'en prends à moi ? Alors tu as besoin d'aide ? Y a t-il beaucoup de choses à transporter? »

     

    Tu arrives un peu en retard.

     

    «C'est presque fini, c'est bon. »

     

    Son expression est un peu sombre, comme quelqu'un qui se sent coupable. Voyant cela, je lui fait un sourire gigantesque et le pousse avec mon coude.

     

    «Ne t’inquiète pas pour ça! T'es pas censé être en classe?»

     

     Il me fait un petit sourire en retour. Ça me remplit de joie parce qu'en ce moment , la chose la plus importante pour moi est de voir Phun sourire.

     

    «J'y étais, mais je suis venu chercher quelque chose pour Miss Supang . Tu es sûr que tu peux porter ça?»

     -Ouais ouais ouais. Je te verrai demain.» lui dis-je une fois de plus et je vois que Phun sourit un peu plus largement cette fois .

     - Pas besoin d'attendre jusqu'à demain. Je passerai plus tard aujourd'hui . Tu seras au gymnase, pas vrai?

     -Ouais.»

     

    Je hoche la tête et il part avec un signe de la main pour aller récupérer ce que sa prof lui a demandé. Je suis heureux de voir que Phun semble aller mieux. Ses yeux paraissent plus lumineux et vifs . C'est un soulagement

     

     

    * * *

     

    Nous avons enfin fini de déplacer le reste de l'équipement nécessaire et tout le toutim. Je voudrais simplement m' allonger au beau milieu du gymnase. (En fait, je l'avais déjà fait, mais p'Nont m'a hurlé dessus en me disant que ce n'était pas correct avant de me redresser pour m'asseoir correctement.) Donc, tout ce que je peux faire est de me coucher sur les gradins en écoutant Ohm, Art et mes autres amis qui travaillent sur les balances. Peu de temps après, quelqu'un s'assoit à côté de moi.

     

    «Tu n'es pas trop fatigué, Noh? »

     

     C'est de la voix de Earn.

     

    « Bien sûr, que je suis fatigué. Tu ne l'es pas, toi? Merci beaucoup, au fait. »

     

     Je lève mes mains pour le remercier toujours couché avec les yeux fermés donc je ne peux pas dire quel genre d'expression il a sur le visage. Cependant, je perçois son rire léger.

     

    «Ce n'est pas un problème. Je ferais n'importe quoi pour toi, hé hé.»

     

    Hein ?!

     

     J'ouvre les yeux et fronce les sourcils. Je le regarde, mais lui non. Ce qu'il vient de dire me dérange.

     

     

    «Qu ..? »

     

    Alors que je m'apprête à lui poser la question, Earn me coupe.

     

     «Je n'ai même pas l'ombre d'une chance, pas vrai?»

     

    De quoi parle-t-il?

     

     «Une chance? Pour quoi? »

     

    Ma question peut paraître naïve, mais je suis ce genre de personne, même si j'ai en quelque sorte deviné ce que cet ami ressentait en secret.

     

    «Aaaaah, allez. Tu fais juste semblant de ne pas savoir.»

     

    Il m'a grillé. Il est très intelligent . Lorsque vous apprenez quelque chose à propos de quelqu'un, mais qu'il n'y a rien que vous puissiez faire à ce sujet, je pense que faire semblant de ne pas savoir est la meilleure solution . C'est à mon tour de laisser sortir un rire gêné .

     

     «Et? Tu préférerais que je me comporte comme je le savais ? »

     

    Je le taquine et me redresse pour lui parler correctement. Nous regardons un moment la scène où le concours live auquel Earn participera demain être lentement montée par les membres du club de musique.

     

    Earn laisse échapper un long soupir avant de me tapoter doucement l'épaule.

     


    «Je t'ai mis dans une situation difficile ... ? Pardon.

     -Hé! Pas du tout! Ne t’inquiète pas !»

     

    Earn laisse échapper un petit sourire et continue à parler .

     

    «Je ... je ne sais pas comment l'expliquer . Je ne pense pas que je sois homosexuel, mais ... tu es vraiment adorable . Hé, ne me sors pas ce regard assassin. Je veux dire ... tu es intelligent et je me sens bien ... quand je suis avec toi. Et ton visage me rappelle ces masques chinois . Tu vois, tu as les cheveux courts et un large front brillant avec de petits yeux . Je... J'aime ça. »

     

    Hein ?! Putain, Earn! Es-tu en train de confesser tes sentiments ou de m'insulter discrètement ?

     

    Je ne sais pas ce qu'il en est, donc j'ai l'intention de riposter avec quelques gros mots. Mais alors je vois à quel point Earn a l'air sérieux et je décide de l'être, moi aussi. Je me gratte maladroitement le crâne parce que personne n'a jamais été si direct avec moi comme ça avant .

     

    «Eh bien ... tu es ... un bon ami . Et je suis heureux que tu m'aimes, mais ... Je ne pense pas à toi de cette façon . Si je t'ai fait te sentir mal, alors je suis désolé . Je... te vois vraiment que comme un ami.»

     

    Je prends le parti de lui faire savoir vu qu'il n'y a aucune raison de le laisser espérer. Earn est un bon ami à moi, mais je ne l'ai jamais considéré d'une autres manière. Je suis certain de ça. Même si Phun ne faisait pas partie de l'équation, je ne verrais toujours pas Earn de cette façon.

     

    Earn me fait un petit clin d'œil pour me montrer qu'il comprend et puis il me sourit.

     

    «Merci de me l'avoir dit. Et merci pour ne m'avoir jamais donné aucun espoir aussi.»

     

    Ce trou du cul ! Était-ce un compliment ou une insulte, encore ?!

     

    «Est-ce que tu viens juste de me faire un reproche?!»

     

    Je lui mets une tape sur la tête et il rit joyeusement .

     
    «Non! C'est une bonne chose. Je ne vais pas choper la grosse tête, comme ça. Quoi qu'il en soit, tu peux toujours me demander, si je peux aider pour quelque chose. Je serai toujours le même mec

     

    Il termine avec un sourire qui me fait sourire en retour. Je tapote son épaule comme il l'a fait avec la mienne.

     

    «Merci.»

     

    Mais avant que nous puissions changer de sujet, la voix tonitruante de Ohm se fait entendre depuis les enceintes . Il utilise un micro pour faire un test.

     

    «Oh, Phun ! Entre! Noh est assis là et flirte avec Earn. Tu ferais mieux de t'occuper de lui .»

     

    Ce putain de conaaaaaaard!

     

    Earn s’effondre tout de suite .

     

    «Je vais y aller alors. Fight. Je te vois demain.»

     

     Je lui dis au revoir . Je remarque que Phun tapote l'épaule de Earn quand ils se croisent, puis il se dirige vers moi.

     

    «Donc vous deux flirtiez en plein milieu du gymnase, hein ?» demande-t-il sur un ton sarcastique.

     

    Son visage souriant m'indique dit qu'il ne prend pas ça au sérieux et je lui mets un petit coup dans le tibia pour avoir ouvert sa bouche.

     


    « Pourquoi es-tu ici? Tout le monde a déjà terminé la mise en place. Tu devrais rentrer à la maison.»

     

    Il s'assied à côté de moi, apparemment pas affecté du tout.

     

    «Je vais rester ici, donc je peux raccompagner le président du club à la maison. A quelle heure tu finis»

      - 2 heures du mat. »

     

    Je fais sonner ça comme une menace.

     

     « Alors je vais vous laisser et faire une sieste en premier. Je reviendrai te chercher plus tard.»

     

    Cet abruti à finalement révélé son vrai visage! N'as-tu pas dit que tu allais m'attendre ?! Je lui frappe légèrement (je crois?) la tête une fois de plus.

     

    «Eh bien, eh bien, qu'il est attentionné !?

     -Qu'est-ce que je peux faire d'autre? Je dois être sur cette scène demain donc il faut que je sois au top. Les gens vont prendre une tonne de photos. Je dois fais bonne impression », me dit-il tout en me lançant un regard injustement beau.

     

    Je me penche et fais semblant de vomir, mais je suis secrètement ravi que Phun soit enfin de nouveau gai. Il sifflote doucement une mélodie que je n'arrive pas à reconnaître. Il n'y a rien de mieux que de voir Phun revenir à lui-même.

     
    «  Eh, boss ! Puis-je s'il vous plaît vous prendre un peu du temps que vous passez à avoir de doux moments avec ce gars-là pour vous demander de venir voir cet amplificateur? Il a à nouveau grillé.»

     

    C'est encore la voix de ce salaud d'Ohm en provenance de l'un des micros. Que c'est désagréable. Je me dis que je dois y aller et placer le micro loin de lui avant qu'il ne soit infecté par la maladie incontrôlable du besoin-de-dire-de-la-merde.

     

    Phun rit joyeusement à ces mots insolents. Et en plus, il me prend par l'épaule et me tire à lui juste pour parader devant Ohm. (Et Ohm fait des bruits de vomissements dans le microphone.) Yo! Pourquoi faites-vous toujours ce genre de blagues ?!

     

    Je lutte pour me libérer de Phun puis je me hisse au-dessus des gradins avec mon doigt pointé vers son visage.

     

    «Tu dois penser que t'es hilarant! Je reviens tout de suite. Donc tu restes et t'attends, hein?»

     

    Je suppose que je n'ai pas l'air très menaçant à voir comment Phun laisse échapper quelques rires de plus.

     

    «Hé hé hé hé. Oui, oui.»

     -Je t'aurai la prochaine fois.»

     

    Je me dirige vers la zone de transit, pour entamer la réparation de l'ampli qui persiste à déconner toutes les cinq minutes.

     

    Le ciel est complètement sombre maintenant et le taxi qui nous transporte Phun et moi se gare juste devant ma maison. Ma montre m'indique qu'il est 20 heure passées. Ainsi, même s'il n'est pas aussi tard que l'heure que je lui avais annoncée, il n'est quand même pas vraiment tôt non plus.

     

    Je récupère mon sac de cours en m'assurant que je ne laisse rien derrière avant de lui dire au revoir.

     

    «Bye, mec! Quant à demain, Fight !

     -Est-ce que j'aurai un traitement spécial? » me supplie-t-il avec espièglerie et je glousse.

     - Je suis très juste et impartial, désolé », lui dis-je et il rit en retour.

     - Bien bien. Hé hé.

     -Je te verrai demain, d'accord?»

     

     

    Je coupe court à notre conversation rapidement parce que je me sens mal pour le chauffeur de taxi qui pourrai être ennuyé d'avoir à attendre si longtemps. Cependant, Phun saisit mon bras avant que je ne puisse sortir de la voiture.

     

    «Quoi?»

     

    Je me tourne vers lui et laisser sortir un son curieux.

     

    «Noh ...»

     

    Je lève les sourcils et le regarde fixement et il me fait un sourire doux avant de reprendre.

     

    «Sois attentif demain ... il y a quelque chose que je veux que tu saches.»

     

    La porte du taxi se ferme et il démarre, me laissant debout ici.

     

      Je ne sais pas ce que Phun prévoit de faire demain.

     

     

    Mais ses yeux étaient remplis de force, tout comme ils l'étaient avant toute cette histoire.

     

     

    Ils m'ont aidé à me rendre compte ... que l'ancien Phun me revenait enfin :) 

     

     

     

    A suivre...

     

     

     

    (1) Balance: Les balances sont des mini répétitions avant un concert ou les musiciens règlent leurs instruments, micros , ampli ect... Pour que tout soit déjà prêt quand le concert commence et ne pas trop faire attendre les spectateurs.

     


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    Chapitre 41 : DÉTERMINÉ

     

     

    Tous les membres du club de musique étaient encore à courir partout pour que tout soit terminé le matin du Live Contest. Ohm et moi étions particulièrement occupés vu que M. Sakda nous a demandé en plus d'organiser un quiz musical sur la pop. On a pas pu esquiver pour se focaliser sur la compétition plutôt. Le temps que nous puissions enfin sortir de notre salle de classe, il était déjà 11h passées. On a finir par piquer des sprints dans tous les sens, en sueur.

     

    Les amplis ont continué à s'arrêter à tout bout de champ sans raison jusqu'au jour J. Je suis devenu le réparateur officiel du club, maintenant (hé hé). Dès que quelque chose cessait de fonctionner, on m'appelait. Au début, je ne savais pas réparer les amplis tout seul (en fait, j'avais peur de m'électrocuter) mais ensuite, j'ai fini par tout démonter et examiner chaque fil pour trouver le putain de problème. Finalement, le tournevis et la clef à molette sont devenus mes deux meilleurs amis.

     

    Allez, essayez donc de déconner encore pour voir. Je vous retaperai tous ! Allez !

     

    Même Ohm a été particulièrement gentil avec moi après avoir remarqué que je m'étais occupé de tellement de choses, que rien que me regarder faire suffisait à le fatiguer.

     

    « Les premiers groupes seront sur scène dans une demi-heure. La cérémonie d'ouverture commence dans un quart d'heure. Le premier et le deuxième groupe, prière de vous diriger vers le coulisses ».

     

    Je marche (avec le tournevis et la clef toujours en mains) jusqu'à la salle de compétition, remplie de participants. J'étais pourtant sûr qu'il y avait assez de place pour tout le monde. La pièce a l'air petite, tout à coup. Je suppose que c'est également dû au fait que chaque groupe a ramené ses instruments.

     

    Je termine de donner des instructions aux candidats avant d'aller accroche la liste de passage à la porte pour ceux qui ne se rappellent pas de l'heure à laquelle ils jouent. Je suis tellement pressé que je ne prends pas la peine de brasser la pièce du regard pour voir si je reconnaissais des visages. Il faut encore que j'aille à la sono où Knott, qui a été désigné ingénieur du son pour aujourd'hui, doit se trouver. Il a toujours du mal à endosser cette responsabilité et je crains qu'ils ne bousille complètement le réglage sonore si je tarde trop à aller jeter un œil.

     

     « Noh ! »

     

     Une voix que j'identifie sans problème m'appelle alors que je mets la liste à la porte. Je réponds sans me retourner vers elle.

     

    « Ça va, Earn ?

     - Tu es fatigué ? » me demande-t-il alors que je cogne la porte plusieurs fois pour être sûr que le papier tienne bien.

     - Mort, ouais. Mais il faut encore que je fasse un truc. Le mec du son est en plein questionnement existentiel. »

     

     Hum...est-ce que ça donne l'impression que je tue dans l'oeuf notre embryon de conversation ?

     

    Cette idée me fait tourner la tête vers Earn qui affiche une expression légèrement déçue.

     

    Qu'est-ce que je dois faire ?

     

    Je tends la main et lui tapote le dos deux fois pour lui signifier mon soutien.

     

    «  Courage, mec. J'ai hâte de voir sur scène ».

     

    Cela suffit à le faire sourire. Je souris également en mon for intérieur et m'apprête à partir pour aller voir ce que fait Knott (qui est probablement en train de perdre la tête à ce moment précis) mais je sens un regard insistant sur moi. Je me retourne pour regarder l'ensemble de la salle.

     

    Le groupe de p'Oak (l'ex-président du club) est en train de me faire un immense sourire collectif. J'opine rapidement de la tête pour le saluer. Le nom du groupe – All Stars – lui va décidément très bien parce que chaque membre a un talent incroyable. Il y a là quelques-uns des meilleurs musiciens du club, alors comment suis-je supposé le juger ? C'est définitivement le groupe à battre.

     

    Je serre la main de p'Oak avant de jeter un œil au reste des participants. Les membres de Mafia sont assis non loin. Phun discute avec ses amis. Il a l'air tellement pris dans sa conversation qu'il n'a même pas remarqué que j'étais entré dans la pièce. Mes yeux rencontrent ceux de Fi plutôt.

     

    De la main, je demande à Fi s'il peut attirer l'attention de Phun pour moi et il s'exécute rapidement. Il lui faut deux bons coups de coude pour qu'il se retourne enfin dans ma direction et me regarde. Il semble surpris de me voir.

     

    Marrant, étant donné que je suis planté ici depuis un moment.

     

    Il me fait un grand sourire et je lève le bras pour lui faire le V de la victoire de mes doigts (je ne peux pas lever le bras trop haut non plus sinon les autres vont m'accuser d'être partial).

     

     Ah...Je ne peux pas traîner ici plus longtemps ou Knott va péter un plomb.

     

    Je forme silencieusement les mots « bonne chance » avec ma bouche et quitte la salle en un clin d’œil.

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Knott est enfin capable de gérer le son tout seul après que nous avons fini avec les dernières vérifications. (En fait, Art est avec lui, c'est juste une précaution vu que les équipements sont très chers). Maintenant, il est temps que j'aille m'installer à mon poste, à la table des juges. Je garde les talkie-walkie, le tournevis et la clef à molette au cas où les amplis s'arrêteraient encore. (C'est votre devoir de faire tout ça quand vous être président du club de musique).

     

    La compétition démarre avec un discours du proviseur (qui l'a invité, bordel?), suivi d'un autre des professeurs qui ont supervisé l'organisation de l'événement. Ensuite, je dis quelques mots en conclusion (très brève) avant que le combat ne commence.

     

    Il n'y a que 15 groupes, et je pense que ce n'est ni trop ni pas assez. Je consulte la liste et remarque que quelques juniors que je connais participent aussi. Per, par exemple. Je constate que nong Mawin s'est assis à distance des rangées de bancs. Je suppose qu'ils se sont encore disputés. Je tourne la page et vois que nong Mick est sur la liste également. Il est avec d'autres 10 ème année. Je ne peux m'empêcher de chambrer Ohm à ce sujet.

     

    « Ah...J'ai l'impression que ce groupe va avoir des notes excessivement bonnes ».

     

    Je pointe du doigt le nom du groupe de Mick mais bien sûr, Ohm ne lâchera rien.

     

    « Film ne fait pas partie des juges ».

     

    Oh, bien sûr ! Fais-moi croire ça ! Ce mec m'énerve.

     

    Je secoue la tête avec perplexité, ne réalisant pas encore que je serai le prochain sous les feux des projecteurs.

     

     

    « Et toi ? Tu es pour P'Queer ou Mafia ? Après tout, c'est toi M. Populaire ».

     

    Nous y voilà. Je me retourne vers lu et lui décoche un regard noir.

     

    « Très drôle. Mafia, bien sûr ! Ah ah ah ! »

     

    Je fais comme s'il s'agissait d'une bonne blague et Ohm me met une tape sur le crâne.

     

    « Je le savais. Ce concours est couru d'avance ».

     

    Ohm m'attrape par le cou et coince ma tête dans son coude.

     

    Aaaaah ! Je ne peux plus respirer, putain !

     

    « Je – je - je plaisantais ! Laisse-moiiiiiii ! »

     

     Je me débats contre sa poigne et entends son rire amusé.

     

    Je t'aurai la prochaine fois !

     

    Si ce n'était pas l'heure pour le premier groupe de se produire, je n'aurais pas permis que cet affront reste impuni. Mais les présentateurs de la compétition (nong Kim et Ken se sont proposés) appellent la première formation à monter sur scène donc Ohm et moi reprenons vite contenance et nous nous concentrons sur ce qui se passe devant nous.

     

    Un bon moment plus tard, c'est au tour du 4ème groupe de jouer. Le troisième a eu quelques problèmes techniques avec le son de la guitare qui a lourdement résonné à travers tout le gymnase (j'étais sur le point de m'endormir quand ce son strident m'a réveillé. Je suppose que c'était fait exprès). Et bien sûr qui est chargé de réparer ça ? Ce n'est nul autre que Super-noh. Est-ce qu'on va me décerner un prix spécial pour tout ça ? Finalement, ce n'était pas un problème technique mais le guitariste qui avait mal réglé son enchaînement (vous pouvez le régler pour avoir une fréquence plus ou moins aiguë mais quand vous le faites mal, vous obtenez un son comme si vous aviez planté un micro devant un haut-parleur et c'est fort et agaçant). J'ai dû mettre la main à la pâte pour rien ! J'aurais dû leur retirer des points rien que pour ça !

     

     J'ai sombré dans une sorte de songe jusqu'à le 5ème groupe, celui d'Earn, montre sur scène. Je suis un petit peu plus éveillé maintenant, uniquement à cause d'Ohm qui m'écrase le pied encore et encore.

     

    Bâtard. Tu m'achèteras une nouvelle paire de chaussures si j'ai la moindre trace sur celles-là.

     

     Je jette un regard mauvais à Ohm avant de tourner la page de mon document de de notation et d'inscrire le nom de « P'Queer » en haut de la feuille vierge. Pour la finale, chaque formation doit jouer trois chansons en maximum quinze minutes. Si leur matériel dysfonctionne, il faut qu'il le répare dans le temps imparti (sauf si c'est l'équipement du club qui déconne, là on arrête la pendule).

     

    Le groupe d'Earn installe s'installe rapidement sans perdre de temps, sous les encouragements du public. La plupart d'entre eux sont des juniors qui ont travaillé à l'organisation de la compétition, donc ils sont particulièrement bruyants.

     

    P'Queer essaie une nouvelle fois de s'attirer les faveurs du jury. Ils commencent avec « 7 words » de Deftones, le groupe préféré d'Ohm (courageux de leur part, cela dit). Quand Earn chante le refrain avec ses « suck, suck, suck » (1), je jette immédiatement un regard au surveillant qui affiche une expression sévère (et Earn en rajoute une couche en hurlant le « Fuck » dans le micro. Vas-y, continue de me filer les foies !). Mais tout se passe sans incident car la compétition est l'occasion pour les étudiants de se défouler un peu, ah ah ah. Honnêtement, j'aime bien cette chanson, surtout grâce à leurs arrangements. J'aime les chansons avec de grosses basses (c'est probablement lié au fait que je joue du violoncelle (2)), donc c'est une de mes préférées. Je suppose que je peux donner quelques points bonus pour le choix des chansons. (Ne le dites à personne). La suivante est « Zero » des Smashing Pumpkins.

     

    Combien de temps ce groupe a-t-il l'intention de sucer Ohm, exactement ? Ce dernier ne cesse de gigoter dans son siège. Il se tourne vers moi et me murmure à l'oreille : « Earn est un mec bien aussi, tu sais. Il n'est peut-être pas aussi beau que Phun mais il a bon goût ». On peut acheter ce connard pour une bouchée de pain !

     

     Je me contente de remuer mollement la tête, parce que je ne veux pas me battre avec lui. Je bouge aussi pas mal sur mon fauteuil en entendant Earn chanter, cela dit. La batterie est bien en rythme. Tous les membres du groupe jouent harmonieusement ensemble sans le moindre accroc. Je ne dis pas ça pour être partial, mais ils vont avoir de sacré bonnes notes. C'est juste dommage que la voix d'Earn ne sonne pas aussi agressive que celle de Billy Corgan (3). Je pense que sa voix est trop claire et suave, il est plus fait pour chanter du Bakery music (4) (ah ah). En parlant de ça d'ailleurs...ce qui suit n'en est pas, mais ça s'en rapproche beaucoup.

     

    Je lève la tête vers la scène en entendant les accords familiers d'une guitare. C'est un son radicalement différent des chansons rock qu'ils jouaient juste auparavant. Earn m'adresse un grand sourire sournois. Il présente la dernière chanson d'une voix profonde qui me fait ricaner pendant qu'Ohm me fiche un coup dans le tibia (tu es courant que ça fait mal?). Earn me regarde et me fait sa fameuse mimique qui fait ressortir ses fossettes.

     

     « J'ai toujours l'espoir que tu reconsidères ce que tu m'a dit ».

     

     

    « Ce n'est peut-être qu'un rêve

     Est-ce que le moment où tu me diras que tu m'aimes aussi viendra un jour ?

     Alors, je te le demande :

     Qu'est-ce que tu penses vraiment des choses que j'ai faites pour toi ?

     Sais-tu seulement

     Que ce que tu m'as dit

     M'a rendu triste

     Quand tu m'as dit que tu ne pouvais pas me donner plus que ça

     Je te demanderai juste si tu penses que tu pourrais seulement me donner une chance

     S'il-te-plaît, ne nous condamne pas dès maintenant

     Penses-y

     Aux choses que j'ai faites

     Nul besoin de faire peur à ton cœur

     Et peut-être que je ne suis pas la bonne personne pour toi

     Mais essaie juste de garder l'esprit ouvert et d'accepter mon cœur

     Est-ce que ça t'est possible ?

     Qu'est-ce que tu penses vraiment des choses que j'ai faites pour toi ?

     Sais-tu seulement

     Que ce que tu m'as dit

     M'a rendu triste

     Quand tu m'as dit que tu ne pouvais pas me donner plus que ça

     Je te demanderai juste si tu penses que tu pourrais seulement me donner une chance

     S'il-te-plaît, ne nous condamne pas dès maintenant

    Penses-y

     Aux choses que j'ai faites

     Nul besoin de faire peur à ton cœur

     Et peut-être que je ne suis pas la bonne personne pour toi

     Mais essaie juste de garder l'esprit ouvert et d'accepter mon cœur

     Est-ce que ça t'est possible ?

     Penses-y

     Aux choses que j'ai faites

     Nul besoin de faire peur à ton cœur

     Et peut-être que je ne suis pas la bonne personne pour toi

     Mais essaie juste de garder l'esprit ouvert et d'accepter mon cœur

     Est-ce que ça t'est possible ? »

     

    Hum...Ce bâtard d'Ohm ne cesse de me donner des coups dans la jambe. Hum...Quand est-ce qu'Earn va arrêter de me fixer ? (Et il se trouve que je suis le genre de type qui fixe en retour quand il est fixé). Hum...Et donc, maintenant ? Je ne sais même pas comment je suis supposer noter ça.

     

    Finalement, les dernières notes résonnent. Je fais un sourire maladroit au chanteur qui me dévisage toujours avec une air rayonnant. Puis, il quitte la scène et Ohm est la première personne que l'on entend s'exprimer, évidemment haut et fort.

     

    « En plein milieu du gymnase, mec ! Ce type a des couilles en acier ! »

     

    Très drôle. Il n'a même pas dit mon nom. Tout le monde n'est pas aussi indiscret que toi.

     

    Je remue la tête et réfléchis à la note à donner au groupe. Voyons...ils ont bien joué. Les deux premières chansons n'allaient pas vraiment avec la troisième, en revanche. (Voyez bien que la voix d'Earn convient mieux aux chansons genre sérénade). La sélection des chansons était un peu bancale, en conséquence, malheureusement. Ils auraient dû s'attacher à ne jouer qu'un seul type de musique plutôt que de faire du punk, puis du rock, puis une balade. C'était compliqué de bien rester en rythme. Il faut que je leur retire quelques points pour ça, j'espère qu'il comprendra.

     

     Le groupe qui succède à celui d'Earn se nomme Les Sept Nains. Je rigole en voyant ce nom sur la liste. C'est la formation de nong Mick. Mais Ohm se la joue nonchalant, il tripote son stylo tout en fixant obstinément le papier qu'il a sous les yeux. Il refuse de regarder nong Mick bien que le gosse le cherche du regard comme s'il voulait y trouver un encouragement. Cette fois c'est à moi de m'occuper de son cas. Je donne un coup de pied dans le tibia d'Ohm.

     

    « - C'est le tour de ton mec. Il a l'air nerveux, si c'est pas mignon 

     - Tu ferais bien de faire gaffe ou Film va te botter le cul », m'envoie-t-il balader.

     

    L'intro commence et nous arrêtons de nous disputer pour regarder leur performance. Le groupe de Mick est un groupe de Ska vu qu'ils jouent tous à des instruments à vent (5).Nong Mick joue du cor (Ohm est un bon professeur, bizarrement, il lui a vraiment appris à jouer de ce truc) et à chaque fois qu'il joue une partie, le public réagit bruyamment. (Il est franchement adorable, sérieusement). Ils sont en train de gagner des points chez moi étant donné que c'est exactement le genre de musique que j'écoute.

     

    Je bouge mes jambes en rythme et Ohm finit par m'envoyer un coup de pied. Je suppose qu'il pense que j'en fais trop.

     

     « Quoi, tu n’aimes pas ce qu’ils font ? »

    Qu’est-ce qu’il lui prend ? Ce mec est le genre jaloux, hein ?

     

     Je ne prête pas attention à lui et m’occupe d’inscrire les résultats plutôt. Je remarque qu’Ohm fait des sourires au gamin par-ci par-là. Chaque fois que leurs yeux se rencontrent, nong Mick est tellement gêné qu’il en est presque à sortir une fausse note. Ce que c’est trognon ! (Mais qu’est-ce qu’il trouve à Ohm honnêtement ?).

     

    Apres le passage du groupe de Mick (qui a quitté la scène sous les yeux tristes d’Ohm. Et tu vas encore oser nier après un truc comme ça ?), d’autres groupes se produisent sur scène. Per a joué de la guitare dans son groupe (et même chanté une chanson) mais ils faisaient complètement dans l’indé parce que je n’avais jamais entendu une seule des chansons qu’ils ont interprétées. Pendant que Per chantait, il fixait nong Mawin et le pauvre gosse a commencé à pleurer. (Je ne sais pas si c’est parce qu’il était touché ou embarrassé que Per ait raté la première note). Ça pourrait bien être le potin de la journée d’ici demain. Hem hem, ma scène n’est pas faite pour déclarer vos sentiments, vous savez !

     

     Quant aux All Stars, ils étaient vraiment le groupe à battre. P’Oak a changé la composition du groupe à chaque nouvelle chanson (où a-t-il trouvé tous ces types ?) et chacune avait aussi des nouveaux arrangements qu’ils avaient faits eux-mêmes. Ma scène ce n’est pas non plus les Hot wave music awards (6), bon dieu ! On ne peut avoir que 30 points maximum dans chaque catégorie de notation, je leur en aurais bien donné 80, mais je ne pouvais pas, donc je leur ai mis la note maximale dans chacune.

     

    Finalement, on arrive à l’avant-dernier groupe. Je suis toujours à moitié dans ma sieste donc je fais une petite pause et bois un peu d’eau que Ngoi m’a apportée à la paille. Quand je lève les yeux, je vois Phun qui s’installe avec son instrument sur la scène. Il me fait un petit sourire en passant avant de contrôler sa guitare et ne regarde plus dans ma direction par la suite. La première chanson qu’ils choisissent de jouer est « Because We are Humans » des Street Funk Rollers. Encore une groupe qui tente de m’acheter. Je suis un peu surpris quand même qu’ils aient choisi une chanson avec des instruments à vents. Mais je comprends quand je constate qu’ils ont emprunté nong Mick et ses amis du club de musique pour jouer avec eux. (Quand est-ce qu’ils leur ont demandé ?). J’aime la manière dont Phun joue de la guitare, ça va bien avec les basses. La batterie est un peu trop forte, mais elle fonctionne avec le reste aussi. Elle apporte une dimension différente à la chanson.

     

    Ah, merde. Est-ce que les gens vont penser que je les favorise si je donne une très bonne note a ce groupe ?!

     

    Ensuite, on a…c’est quoi cette chanson ? Ah, « Tuk Tuk Breakdown » des Kaoi-Jo Brothers. Quand est-ce qu’ils ont viré au groupe de reggae ? (Ils ont joué du rock pour les éliminatoires).

     

    Alors c’est ça la surprise dont il parlait ? C’est hilarant.

     

    Tout le monde danse maintenant, même Ohm se lève et s’y met aussi. Il essaie de me tirer vers lui pour que je danse aussi mais pas moyen que je le rejoigne ! J’ai ma fierté, merci !

     

    Phun rit de bon cœur devant les mouvements de danse bizarres de certains (en provenance du Angels Gang) et je commence à me dire qu’il est particulièrement beau aujourd’hui. Je me demande s’il a fait quelque chose de spécial. Peut-être qu’il parlait sérieusement quand il disait la veille qu’il fallait qu’il soit particulièrement a son avantage pour la finale ? Est-ce qu'il s'est fait un masque pour le visage ? Est-ce qu'il porte du maquillage ? Il paraît vraiment soigné. Ou peut-être que je me fais des films. Peut-être que ça vient des projecteurs orange de la scène.

     

     Le plus drôle, c'est quand Fi commence à jouer du khene (7)

     

    Ah ah ah ! Il sait vraiment en jouer ? Voilà comment le président du club des étudiants vient de briser son image ! T’aurais dû nous dire que tu étais plus un joueur de mor lam (8) (ah ah ah).

     

    Deux chansons plus tard, le public est franche ment épuisé. Je commence à penser qu’ils jouent juste pour la déconne et pas du tout pour gagner. Leur sélection de chansons est étrange. C’est désordonné mais amusant. Leur technique n’est pas extra, mais leur performance vaut bien plus de 30 ! Ohm est hors d’haleine ce qui signifie qu’ils sont vraiment incroyables s’ils ont réussi cet exploit ! (ah ah ah).

     

     J’ai hâte de voir ce qu’ils vont jouer après « Tuk Tuk Breakdown ». Mais à ce moment-là, les gosses qui jouaient des instruments à vent quittent la scène. Il ne reste plus que les quatre membres du groupe. Fi s’approche pour dire quelque chose dans le micro.

     

    « La fête s’arrête ici puisque le mec le plus moche du groupe a soudainement décidé qu’il voulait chanter. »

     

     Tout le monde commence à crier et rire après que quelqu’un a lancé : « Bah alors, c’était pas toi ? ».

     

    Je remarque que Fi s’apprête à lever son troisième doigt mais il s’arrête juste à temps. Il se retourne et fait un sourire embarrassé au pion.

     

    « Vous avez tort, et un grand besoin de lunettes. Bon, Phun, tu as intérêt à bien chanter. Si on perd des points à cause de ça, je te tue ».

     

    Phun change alors d’instrument pour prendre une guitare acoustique qu’il avait amenée avec lui, puis il tire un tabouret sur le devant de la scène et s’assied dessus. Il sourit brièvement sans rien ajouter.

     

    « La scène lui appartient maintenant ! » conclut Fi avant de la quitter.

     

    Phun, assis au milieu, devient alors le centre de l’attention. Le public, jusque-là bruyant, fait silence. On dirait que Phun est également très concentré. Une mélodie douce s’échappe de sa guitare, tellement douce que je n’arrive pas à détacher mon regard de lui en dépit des petits coups de pied incessants que m’assène Ohm.

     

     Phun lève la tête et me regarde, puis me fait un sourire gêné avant de commencer à chanter :

     

    « Dans un monde qui ressemble à un labyrinthe

     Dans un monde où tout le monde doit lutter

     Où tout est troublant, fatiguant, éreintant,

     Dans un monde que la douleur domine

     Et revient constamment dans ma vie

     Parfois, je ne sais pas comment dépasser cela

     Mais plus j'avance dans la vie et plus je l'expérimente

     Plus je réalise

     Que je suis heureux de t'avoir dans ma vie

     Je suis heureux de t'avoir rencontré

     Tu es le seul encouragement que j'ai

     A chaque minute

     Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

     Peu importe ce que j'aurai à affronter

     Je suis confiant

     En sachant que tu seras juste à côté de moi

     A travers toutes ces épreuves

     A travers les doutes et le chaos

     A travers mon futur, mon présent, et mon passé

     A travers les souffrances que je dois endurer

     Et auxquelles je ne peux échapper

     Je ne sais pas à quoi d'autre j'aurai à faire face demain

     Mais plus j'avance dans la vie et plus je l'expérimente

     Plus je réalise

     Que je suis heureux de t'avoir dans ma vie

     Je suis heureux de t'avoir rencontré

     Tu es le seul encouragement que j'ai

     A chaque minute

     Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

     Peu importe ce que j'aurai à affronter

     Je suis confiant

     En sachant que tu seras juste à côté de moi

     En sachant que tu seras...avec moi... »

     

     

    Une fois que la mélodie cesse de retentir, il y a un tonnerre d'applaudissement venant du public. Même les juges se sont levés pour féliciter Phun. Je remarque qu'il essuie ses larmes, comme beaucoup d'autres, dont moi.

     

    Phun n'a pas une super voix (il a même fait des fausses notes à une ou deux reprises). Il ne chante pas très bien et n'est pas capable de faire des mélopées comme Earn. Il ne peut pas non plus jouer de la guitare aussi bien que certains seniors. Mais sa détermination et sa sincérité transpiraient durant la chanson. Ce sont ces choses qui me font réaliser...que la personne pour qui il chantait est la plus chanceuse du monde.

     

     « Phun a gagné, mec » me dit Ohm, qui applaudit toujours. Je lui fais une chiquenaude, les yeux toujours embués de larmes. Il me tapote la tête comme si j'étais un bébé en train de pleurer.

     

     Earn applaudit aussi à l'autre bout de la salle. Il me sourit comme s'il voulait me dire quelque chose. Quoi que ce soit, je lui souris en retour.

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Il n'y a pas eu de coup de théâtre ou de surprise quant aux résultats du Live Contest. La première palce est revenue au groupe de p'Oak, les All stars, comme prévu. La deuxième place a été pour un autre groupe de seniors. La troisième place, au groupe d'Earn (je suis sûr qu'ils ont reçu une tonne de points d'Ohm). Personne ne conteste les résultats, et les gens venus assister à la compétition semblent content. Je félicite joyeusement les lauréats sur la scène :) Le groupe de Phun n'est pas sur le podium mais il a gagné les faveurs du public. Les chansons rapides étaient vraiment marrantes tandis que la balade était incroyablement touchante. Personne ne s'oppose à leur titre de chouchou du public, même s'il n'y a pas de prime ou de trophée pour celui-là (ils ont eu une boîte de crackers pour rigoler, ah ah) mais le grand sourire éclatant de Phun quand il était sur scène reste la chose qui méritait le plus d'être vue.

     

     Après, les membres du club de musique, même ceux qui n'ont pas participé à l'organisation de l'événement, aident tous à ranger les instruments (bizarrement, il n’y avait pas autant de monde quand on a dû les monter sur la scène). Cela ne prend pas longtemps avant que tout soit de nouveau en ordre.

     

     

    « Merci, tout le monde, merci beaucoup », dis-je à tous mes amis et aux cadets. Tout le monde a contribué à la réussite de l’événement, si une seule personne s’était absentée, ça n’aurait pas pu se dérouler convenablement. Je remarque que nong Win est assis près de nous, attendant Per pour qu’ils puissent rentrer ensemble chez eux. (Je m’en doutais vu que Per n’arrêtait pas de regarder dans les rangées, il devait être inquiet). Ohm et nong Mick sont en train d’aider à transporter des choses, et ils sont vraiment mignons ensemble. Aussi, je suis forcé d’écouter la complainte de Film, qui n’aurait « pas dû laisser du poisson grillé à côté d’un chat ». (Ohm n’est pas un chat, il est plus comme un lion vicieux, hem).

     

    Quant à Phun, il aide mes amis avec le matériel du son. Nong Knott semble très fier de lui vu qu’il a été capable de gérer la situation sans l’aide d’Art. (Art a lu des mangas pendant toute la compétition, le bâtard). Je suis content pour lui mais aussi pour moi-même étant donné que j’ai enfin trouvé un nouvel ingénieur du son. Peu de temps après, on se dit tous au revoir et chacun rentre chez soi.

     

    Je salue mes amis avant de quitter l’école avec Phun. Le ciel est sombre et il fait un peu frais. Mais avec Phun à mes côtés, je ressens moins le froid que quand je marche seul.

     

    « Dis-donc, tu chantes bien, hé hé » lui dis-je pour le taquiner alors que son visage vire au rouge. Je suppose que d’autres personnes ont dû le chambrer avec ça depuis qu’il a quitté la scène.

     

    « Tu pourrais éviter d’en remettre une couche ? Je sais très bien que je ne sais pas chanteeeer » répond-il, boudeur comme un gamin.

     

    Ah ah c’est marrant ! Je ne lui ai même pas dit de truc méchant. Je ris encore plus maintenant que je vois à quel point il ne se faisait pas confiance avant de monter sur scène, je pense qu’on a dû pas mal se moquer de lui.

     

    « Je ne n’ai même pas fait de critique. C’était génial et j’ai adoré » lui dis-je mais je me sens bizarre en même temps. Est-ce que ça sonne comme si j’essayais de lui faire passer un message ? Je ne suis pas sûr. Je sais seulement que je n’arrive pas à le regarder en face maintenant que je lui ai dit ça.

     

    «  Vraiment ? Tu as aimé ?

     - Oui...

     - Tu es sûr... ?

     - Ouiiiiii ! »

     

    Arrête de me demander ! J'arrivais à peine à me retenir de sourire en te regardant sur scène. Le silence s'installe un instant, rempli par le flux des voitures qui vient combler le vide. Je traîne les pieds, la tête basse. Mais soudainement, je sens une chaleur dans ma main. Je me retourne pour regarder Phun qui me sourit brièvement avant de reporter son attention sur la route. On se tient simplement la main en silence. C'est la première qu'on fait quelque chose comme ça.

     

    « Noh... » m'appelle Phun, ce qui me sort de ma rêverie.

     

     Il cesse de marcher et se retourne vers moi. Son regard est déterminé comme s'il était sur le point de me dire quelque chose de très important. Je le vois prendre une longue respiration et je peux sentir sa prise sur ma main se raffermir. On dirait que ses lèvres bougent au ralenti quand il se met enfin à parler.

     

    « Je suis prêt maintenant...à savoir la vérité...toute la vérité ».

     

    Phun sort de derrière les fagots un sujet que j'avais presque oublié. Ses yeux ont une expression sérieuse, mais douce à la fois.

     

    « Noh, tu seras là quand le moment viendra ? N'est-ce pas ? »

     

     Je serai toujours aux côtés de Phun, peu importe les circonstances.

     

     « Oui, je serai là ».

     

     A suivre..

     

     

    (1) Vous pouvez retrouver les paroles de la chanson sur ce lien : http://www.azlyrics.com/lyrics/deftones/7words.html

     

    (2) J'avoue ne pas saisir le rapport, si quelqu'un s'y connaissant bien en musique peut nous l'expliquer, laissez un commentaire !

     

    (3) Leader et chanteur des Smashing Pumpkins.

     

    (4) Grand label thaï, qui a lancé beaucoup d'artistes thaïs contemporains. La musique populaire thaï est plutôt douce et langoureuse, d'où la réflexion de Noh.

     

    (5) Une nouvelle fois, je ne comprends pas le rapport. Le Ska est un type de musique jamaïcain teinté de jazz et de blues qui inspira beaucoup le reggae, et qui certes se sert beaucoup d’instruments à vent, mais également à corde (guitare entre autres) et de percussion. Si quelqu’un sait de quoi il en retourne, n’hésitez pas à l’écrire en commentaire !

     

    (6) Les Hot wave music awards sont une cérémonie qui récompense les meilleurs chanteurs populaires thaïs de l’année, c’est un peu l’équivalent des NRJ music awards.

     

    (7) Le khene est une grande flûte en bois originaire du Laos.

     

    (8) Style de musique traditionnelle originaire du Laos, plutôt lent et sirupeux.

     

     


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  • Chapitre 42 : Où que tu sois

    Quelques jours après le Live Contest, Phun et moi organisons un rendez-vous avec Golf. Il est 23h30 le samedi soir quand nous nous retrouvons à siroter un café en l’attendant dans un Mc Donald de Ratchaprasong (1). La rue principale, qu’on aperçoit dehors, grouille de monde même s’il est déjà tard. Pourtant, la personne assise en face de moi est si silencieuse que c’est comme s’il n’y avait personne d’autre autour et qu’elle était seule dans la pièce.

    Je bois une gorgée de mon café tout en essayant de décrypter son expression, difficile à lire. Depuis qu’on est arrivés, je ne l’ai pas vu sourire une seule fois. J’ai essayé de faire des blagues et même de très mauvais jeux de mot, puis de lui raconter comment certains de mes amis s’étaient tapé la honte récemment mais tout ce que j’ai obtenu ont été un sourire forcé et des rires sans vie. Comme si ils ne les avait faits que pour s’en débarrasser.

    Je suppose qu’il préfère réfléchir tout seul dans un moment comme ça. Du coup, je décide de le soutenir en silence et laisse le murmure des personnes qui discutent aux alentours accompagner sa léthargie.

    Il est presque minuit quand Golf arrive enfin.

    « Désolé, je suis en retard. On a mis du temps à s’organiser. Salut, Phun ».

    Je salue Golf d’un signe de la main en continuant à boire mon café. Il s’assied à côté de moi et consulte sa montre.

    « On y va ? Le rendez-vous est fixé à Ari (2). On peut prendre le tram. Ce sera le dernier, d’ailleurs », dit-il en se levant, nous invitant à en faire autant.

    Je lève ma main pour leur signifier que j’en ai pour deux secondes à finir mon café et les rejoins.

    « Ari ? Y’a un bar là-bas ? » demandé-je car je n’ai aucune idée des endroits où on peut sortir ( je ne vais jamais en boîte après tout, hem).

    Mais Gold remue la tête en signe de négation.

    « Non, c’est un appartement… » répond-il avant de se tourner vers Phun.

    « Tu es sûr que tu peux faire ça ? »

    Je vois de l’incertitude dans ses yeux mais finalement, il se met à sourire de façon confiante. Le même sourire que j’ai vu l’autre jour.

    « Oui…si ce n’est pas un trop gros problème pour toi ».

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Le dernier tram nous amène à Ari. Golf remarque sa montre qui lui indique qu'il est un peu plus de minuit puis il se retourne pour nous dire : « on devrait sans doute attendre jusqu'à 1 heure avant d'y aller ». Phun et moi allons décidons d'aller attendre à une buvette des environs pendant que Golf va passer un coup de fil. Phun est toujours complètement silencieux.

    « Tu veux une bière ? »

    Puisqu'on est là, autant s'en prendre une.

    Phun me fait un sourire forcé sans me répondre verbalement

    . « Un pichet de bière, sil-vous-plaît ».

    Je suppose qu'il est d'accord (hem) et je commence avec quelque chose de léger car je préfère ne pas me bourrer la gueule ce soir. Je passe la commande à la fille du bar qui n'est pas très jolie (comment a-t-elle eu le boulot?) mais a une sacré paire (sans doute comme ça) et elle se met à remplir la cruche.

    Je jette un œil à Phun qui est toujours en train de contempler un point imaginaire. Je ne peux m'empêcher de me sentir de plus en plus inquiet. Ses lèvres bougent sans former de mot, comme si son état d'esprit actuel était trop stressant et difficile à supporter. Je commence à être être démoralisé moi aussi.

    Quand Phun souffre, je souffre encore plus.

    « Phun...l'appelé-je pour qu'il lève la tête vers moi, avant de prendre gentiment sa main. Ne t'en fais pas. Je reste avec toi ».

    C'est la première fois aujourd'hui que je vois un vrai sourire se dessiner sur son visage, un sourire qui part de ses yeux. Il recouvre ma main celle qui lui restait et la serre.

    «Merci ».

    On sirote nos bière jusqu'à 1h passée. Golf revient et nous annonce qu'il est temps d'y aller. Phun semble aussi alarmé que moi.

    « Tu as pu aller jusque là...ne fais pas demi-tour maintenant, mec » dit Golf à Phun dont le sang a déserté le visage.

    Phun sursaute puis se retourne vers Gold qui lui tapote le dos.

    « Il y a plein de nanas géniales dans le monde » ajoute-t-il avant de nous mener dans petite rue non loin d'ici.

    Il y a une grande résidence avec une entrée sécurisée, d'ailleurs le garde ne nous lâche pas des yeux depuis qu'on se dirige vers elle.

    « Je peux vous aider ?

    - Est-ce que Aek vous a prévenu qu'il recevait des amis ? » demande Gold au garde sans la moindre appréhension.

    Je suis un peu inquiet vu que je n'ai aucune idée de qui est cet Aek.

    « Ah, les amis de khun Aek. Entrez, je vous en prie ».

    Ça a marché. Le garde est passé de son expression sévère à un air amical et même respectueux. Il se dirige rapidement vers l'ascenseur et l'appelle pour nous. Golf appuie sur le numéro 17 une fois que tout le monde est entré dedans. On reste silencieux tandis que l'ascenseur démarre.

    « On ferait mieux de se magner avant qu'Aek ne change d'avis. Sinon, on est foutus »., murmure Golf en appuyant vigoureusement sur le bouton 17 comme si cela allait nous faire arriver plus vite.

    Ça ne marchera pas, abruti, me dis-je en rigolant dans mon for intérieur tout en jetant un œil à Phun qui ne semble même pas physiquement présent. Ses yeux sont emplis d'incertitude. Je me fais du mouron pour lui, je ne l'ai jamais vu comme ça avant. Je décide de saisir sa main froide et de la serrer doucement. Il tressaille avant de se retourner vers moi ; la seule chose qu'il y verra est mon sourire. Je veux lui assurer qu'il a mon soutien total. Il me sourit en retour.

    La porte de l'ascenseur finit par s'ouvrir et nous sortons. Nous arrivons à la porte de l'ami de Golf et nous arrêtons devant. Golf regarde Phun, l'air mal à l'aise.

    « Tu ne pourras pas reculer une fois qu'on sera entrés. Tu es absolument sûr d'être prêt ? »

    Golf a un air grave sur le visage et Phun semble brutalement manquer de confiance en lui. Je lui tapote le dos, je crains que ce ne soit trop pour lui et qu'on lui mette une énorme pression

    . « On peut faire ça un autre jour si tu ne le sens pas ».

    Mais Phun se contente de me serrer la main.

    « Il faut que ça se termine ce soir. Je suis prêt, Golf ».

    Il acquiesce lentement avant de prendre une grande respiration. Il prend son portable et compose un numéro. Bientôt, on entend quelqu'un au bout du fil.

    « Je suis devant ta porte. Vaudrait mieux que vous vous arrêtiez maintenant, mon pote » dit Golf d'une voix presque acide.

    Je ne sais pas si c'est moi qui imagine des choses mais j'entends qu'il y a de l'agitation derrière la porte. Après un petit moment, un mec de notre âge vient ouvrir la porte.

    « Il était temps, mon frère ! J'étais sur le point de céder ! »

    Ce doit être Aek ? Aek, donc, qui ne porte qu'une serviette autour de la taille, engueule Golf.

    « C'est dans la chambre, moi je vous laisse, j'ai vraiment besoin d'aller à la salle de bain, je peux plus tenir, là ».

    Ce type – Aek – dit tout ça à Phun avant de de se ruer dans la salle de bain et de refermer la porte derrière lui, nous laissant tous les trois perplexes.

    Golf finit par ricaner : « au moins, il a attendu. J'ai cru qu'il allait nous lâcher. Bon, nous deux, on n'y va pas, donc bon courage ».

    La main de Golf s'extirpe de sa longue main et il la pose sur l'épaule de Phun pour lui témoigner son soutien. Moi je reste planté là, à la regarder. J'ai une petite idée de ce qui attend Phun dans cette chambre. J'ai aussi une petite idée de ce qu'il doit ressentir en ce moment. Ce dont je n'ai aucune idée, par contre, c'est si oui ou non il aura la force de l'affronter. Phun me fait un de ses sourires forcés une dernière fois. Ses yeux sont vides.

    « Je serai de retour bientôt. On se voit tout à l'heure ».

    La porte se referme sur lui après qu'il a prononcé ces mots. Mais je ne suis plus réellement privé de savoir ce qu'il va se passer dans cette chambre. Entendre le cri surpris d'Aim rend mes genoux flagadas.

    Okay...ce ne sera plus long, maintenant...c'est bientôt fini.

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

    Golf et moi retournons dans l'entrée de la résidence. On s'assied sur les canapés et on attend. Aucun de nous deux ne veux entamer une conversation. Il paraît aussi inquiet que moi pour Phun. Quand vous êtes l'ami de Golf, il enrôle tout le monde pour vous remonter le moral quand vous avez un coup dur. Il essaie toujours me faire rire quand je suis stressé à propos de quelque chose. Mais ce soir, les choses ne se déroulent pas ainsi. Golf lâche plusieurs soupirs pendant qu'on attend, chacun sur son sofa. Le temps passe trop lentement. Une seconde est comme une heure. Une minute comme un jour entier. Golf ne peut plus être immobile, il commence à gigoter et à jeter de fréquents coups d’œil à l'ascenseur.

    Finalement, il me dit qu'il va aller au 7-eleven le plus proche et me demande si je veux quelque chose. Je remue la tête en signe de négation, je ne peux rien avaler maintenant. Je sais très bien que Golf n'a probablement pas faim non plus, il veut juste tuer le temps. J'irais bien aussi mais je me sens trop faible. Je réponds que je resterai attendre Phun ici.

    S'il redescend, il me trouvera.

    Un certain temps passe encore et je me sens trop fatigué pour consulter ma montre et calculer depuis combien de temps nous sommes assis là. Golf est revenu avec un sac plastique contenant deux canettes de café et des chips qu'on aime bien tous les deux.

    « Ça...ça prend probablement beaucoup de temps parce qu'ils ont besoin de discuter de beaucoup de trucs, je suppose », dit Golf en me tendant une canette.

    Je n'ai pas soif mais je la prends quand même vu que je n'ai rien de mieux à faire. Il dégage une légère de cigarette qui me fait dire qu'il en a profité pour fumer. Je regarde le sac plastique et remarque qu'il y a des chewing-gums et du chocolat en plus des chips. Golf dit que ça aide à déstresser.

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Golf et moi avons fini nos cafés et ce qu'il y avait à manger depuis un moment. On a décidé de feuilleter une pile de magazines disponibles dans l'entrée. Golf a même commencé à discuter avec le garde. Mais peu importe ce qu'on choisit de faire pour s'occuper, on a pas plus l'impression que Phun Phumipat sortira bientôt de cet ascenseur.

    Finalement, je regarde ma montre. A ma grande surprise, il est 2h passées maintenant. Je ne peux m'empêcher de me demander si c'est normal que ça prenne autant de temps. « Golf, il est déjà 2h. Il n'est toujours pas là », lui dis-je avec impatience. Il a l'air aussi anxieux que moi.

    « On devrait peut-être monter et aller voir ? »

    Golf laisse échapper un gros soupir.

    « Non. Ils sont ensemble depuis des lustres. Il peut pas juste aller la voir, la larguer et partir, non ? ».

    Bon, ce qu'il dit semble raisonnable mais... Il se rend probablement compte que je stresse à fond puisqu'il vient me taper sur l'épaule.

    « Fais-lui confiance. C'est un mec intelligent.

    - Ouais... »

     

    Ding.

     

    L'ascenseur sonne dernière nous. On se retourne tous les deux. Mon cœur bat très fort dans ma poitrine quand je regarde la haute silhouette de Phun en sortir. On se rue sur lui comme s'il y avait des fusées attachées à nos chaussures.

    « Quelqu'un aime prendre son temps » le charrie Golf, qui se donne un air détendu alors que je sais qu'il a juste trop peur de demander directement comment ça s'est passé.

    Je n'en ai pas le courage non plus. Les yeux de Phun sont rouges comme s'il avait pleuré pendant des heures. Ses lèvres orange essaient avec beaucoup de difficulté de former un sourire. Il semble avoir encore plus de mal à se forcer qu'avant.

     

    « Oui...désolé pour ça 

    - Tu as faim, Phun ? » lui demandé-je alors qu'on quitte la résidence.

     

    J'espère que la perspective de manger de la bouffe délicieuse va l'aider à aller mieux, même un petit peu. Mais...

     

    « Non...je devrais rentrer chez moi ».

     

    On dirait que l'inviter quelque part ou même entamer une discussion n'est pas une bonne idée, là maintenant. Golf et moi échangeons un regard sombre.

     

    « Je vais rentrer aussi, alors. Porte-toi bien, mon pote » dit Golf en tapant l'épaule de Phun plusieurs fois avant de héler un taxi qui passe par là.

     

    Phun se retourne et lui fait un signe de la main : « merci...mon pote ».

     

    Golf le regarde, lui communicant son soutien par les yeux, puis respire un bon coup avant de lui redonner une tape sur l'épaule comme s'il voulait lui donner de l'énergie. Puis, il entre dans le taxi. Phun le regarde partir au loin puis se retourne vers moi et me fait un de ses sourires forcés. Il est temps qu'on trouve un taxi pour nous. J'en hèle un puis j'ouvre la portière et laisse Phun entrer le premier.

     

    « A Thong Lo, p'. On te dépose d'abord, d'accord ? »

     

    Phun acquiesce sans rien dire, les yeux fixés sur la rue. Il est 3h du matin et Phahonyothin road est aussi silencieuse que lui, dont les yeux n'expriment rien. Seuls les sons du moteur et de la radio se font entendre dans la voiture. Je continuer de jeter des coups d’œil réguliers dans la direction de Phun. A chaque fois, il est perdu dans ses pensées et je n'ai aucune idée de ce qui lui traverse l'esprit. La seule chose que je peux faire, c'est lui prendre doucement la main. Et là, je le sens qui la serre. Le taxi se gare devant le portail du manoir des Phumipat, plongé dans le noir. Il n'y a qu'une lanterne à côté du portail pour apporter un peu de lumière à la petite entrée que j'ai souvent empruntée.

     

    « T'as tes clefs, hein ? » demandé-je à Phun qui opine de la tête en réponse.

    « Okay, bon ben on se v... » mais avant que je ne puisse finir ma phrase, les bras de Phun encerclent soudainement mon corps tout entier.

     

    Cela me tire de ma somnolence parce qu'il me serre tellement fort qu'on dirait que je suis la dernière personne qu'il lui reste sur Terre. Cela dure longtemps. Je lui tapote gentiment le dos pour le consoler tout en jetant un regard en biais au chauffeur, car j'ai l'impression qu'on abuse de son temps. Toutefois, il nous sourit dans son rétroviseur. On a eu de la chance d'être tombés sur un type sympa. On dirait que ça ne la dérange pas d'attendre, donc je ne presse pas Phun.

     

    « Ça va ? Tu veux dormir chez moi ? »

     

    Je prends conscience de ce qu'il se passe quand je l'entends renifler et que je sens que mon épaule est un peu humide.

     

    « Noh... » Je lui tape encore l'épaule pour lui signifier que j'écoute.

     

    « J'ai rompu avec Aim ».

     

    Ses mots me font sursauter. Même si je sais qu'Aim n'est pas une fille bien et que ça devait inévitablement se terminer de cette façon, ça me perturbe quand même parce que Phun a vraiment tout fait pour qu'ils restent ensemble, et depuis des années. La nui où Phun m'a dit à quel point il l'aimait...je m'en rappelle très bien. La nuit où Phun m'a dit à quel point il voulait la rendre heureuse...ces mots sont toujours dans un coin de ma tête. Je ne pensais pas que ce jour arriverait. La nuit où il apprend que tout était mensonge. La nuit où toutes ses bonnes intentions envers cette fille se sont transformées en courant d'air.

     

    « Hé...ça va aller, mec. T'es riche et beau. Tu pourras tout recommencer avec quelqu'un d'autre et ce sera encore mieux ! »

     

    Je me force à faire une blague alors que ma tête est complètement vide. Je ne peux qu'espérer que ça lui remontera un peu le moral. Mais au lieu de ça, il me serre tellement fort que je peux à peine respirer.

     

    « Je...ne peux pas recommencer avec quelqu'un d'autre » dit-il. Je fronce les sourcils alors qu'il poursuit : « c'est trop tôt...pour remplacer Aim. Je ne peux pas, juste comme ça... »

     

    Sa voix profonde tremble, elle est à peine audible. Pourtant, j'entends chaque mot. Je sais très bien ce qu'il veut dire.

     

    « Hé...ça va aller. C'est normal. Je comprends. - Je suis désolé, Noh ».

     

    Phun s'agrippe à ma manche encore plus fort. Je lui tapote doucement la tête.

     

    « Oui, je comprends ».

     

    Parce que si Phun parle de lui et moi...je n'y ai jamais même pensé. Je n'ai jamais eu le moindre espoir. Juste être son ami, juste le voir sourire, juste le savoir heureux, c'était suffisant pour moi. Ça sonne comme si je jouais les héros, hein ? Mais c'est vrai, je ne suis qu'un mec normal. Un mec normal qui veut voir la personne qu'il aime heureuse. C'est tout.

     

    « Attends-moi, Noh... »

     

    Phun me laisse avec ces mots avant de sourire et de sortir du taxi. J'attends jusqu'à que son dos large soit hors de vue avant de dire aux taxi (qui continue de sourire) de me ramener chez moi.

    Je pense que Phun s'en remettra.

    Je pense que mes bras l'aideront dans ce cheminement.

    Je n'ai pas besoin d'attendre Phun, je serai toujours à ses côtés.

     

    A suivre....

     

    (1) Quartier commercial de Bangkok situe près de Siam.

    (2) Quartier principalement résidentiel de Bangkok, organisé autour d’une station de tramway.


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    Chapitre 43 : Retour aux sources

     

     

     

    Tout redevint normal après cette nuit. Le lundi matin suivant, je m'étais précipité à l'école pour avoir des nouvelles de Phun. C'est là que je l'ai vu devant le bureau des étudiants, un grand sourire sur le visage. C'était comme si rien ne s'était passé. Je m'étais inquiété pour rien.

     

    A partir de ce moment-là, la vie a repris son cours. Phun et moi avions tous les deux plein de projets dont nous devions nous occuper. L'un de ces projets était d'organiser la kermesse de Noël et il m'a quasiment rendu dingue. L'ampli, qui agonisait déjà au Live Contest, a rendu son dernier souffle le jour-même de la fête (tu parles d'un super timing). Ohm et moi avons dû prendre un taxi, aller chez le professeur Whaen et amener son ampli à l'école. (Cette saloperie était tellement lourde qu'on nageait dans notre sueur quand on est revenus). Phun a été occupé aussi vu que des cadets se sont battus (sérieux, les mecs?). C'est lui qui est intervenu pour les séparer, les conduire à l'infirmerie puis à l'administration pour qu'ils puissent écrire des mots d'excuse à leurs parents, et il a même dû rester attendre pendant qu'ils se faisaient sermonner. Tout ça a bien pris une demi-journée. Quelle plaie pour lui. Heureusement, on a finalement pu avoir du temps libre pour profiter de la kermesse (qui allait bientôt fermer) tous les deux ^___^

     

     L'Angels Gang était hilarant. Ils avaient décidé de tenir un stand où on pouvait lancer des balles sur une personne assise en suspension au-dessus d'un bac d'eau pour la faire tomber dedans. Phun et moi avons joué à ça un bon moment. (Un bon paquet d'entre eux est tombé dans la flotte. C'était très jouissif, voilà ce qui arrive quand on passe son temps à me casser les couilles). Mais ensuite, des Angels nous ont traîné à l'arrière du stand. Ils m'ont attaché à l'une des cibles et je suis devenu la victime. (Hey ! Vous auriez au moins pu demander si je voulais le faire ou non!). J'ai essayé de me défiler, je le jure, mais ils ne voulaient rien entendre. Quel genre de travelo sont ces types, bordel ? Comment ça se fait qu'ils aient autant de force ? (C'était flippant. S'ils voulaient abuser de moi, je ne pourrais absolument pas me défendre). Phun, lui, n'en avait pas grand chose à faire. Il riait et n'a opposé aucune résistance quand ils l'ont attaché lui aussi. Juste après, c'est Earn que j'ai vu subir le même sort.

     

    La kermesse est devenue encore plus amusante après ça. Tout le monde s'est rué dans cette partie des stands pour participer aux différents jeux. (Je vous aurai, la prochaine fois). Tous ceux qui avaient été harcelés par le conseil des étudiants pour qu'ils écrivent des mots à leurs parents après avoir enfreint le règlement se sont mis à la file devant le bac de Phun et la queue allait aussi loin que je pouvais voir. (Ils auraient probablement préféré que ce soit Fi mais il était aux abonnés absents. Je suppose qu'il savait qu'il risquait sa peau en venant). Puis ceux de la Cheer Team qui avaient dû nettoyer les gradins pour le match vinrent se venger sur leur président. Et moi, vous vous demandez ? Ce connard d'Ohm avait rameuté un groupe de membres du club de musique. Quel bâtard!).

     

    Mais tout compte fait, c'était vraiment marrant. J'étais tellement trempé à la fin que j'ai dû aller m'acheter un autre t-shirt. J'avais eu raison de dire à Yuri de ne pas venir, je n'aurais pas eu de temps à lui consacrer. Et exactement comme je l'avais pensé, j'ai effectivement été pris toute la journée.

     

    Si vous vous demandez si j'en sais plus au sujet de Phun et Aim,je vais être honnête, je ne sais toujours pas ce qu'ils se sont dit cette nuit-là. Par contre, je sais qu'elle sort avec quelqu'un d'autre maintenant (ça a été rapide, putain), qui va aux mêmes cours du soir que moi même s'il n'est pas dans notre école. Je ne le connais pas personnellement, je l'ai juste vu une ou deux fois à Siam avec Aim, bras-dessus bras dessous. Et écoutez, pas que je prenne le parti de Phun, mais je trouve qu'il est largement plus beau que ce type (ah ah). Au début, Yuri se plaignait de Phun du matin au soir parce qu'il avait brisé le cœur de sa meilleure amie. Je n'ai pas cherché à la détromper vu que je ne savais pas vraiment quoi dire. Mais finalement, elle a vu qu'Aim s'était trouvé quelqu'un d'autre en un clin d’œil et a arrêté de parler de ça. Je pense qu'elle a commencé à plus ou moins comprendre ce qu'il s'était réellement passé.

     

    Phun n'avait pas l'air aussi touché que la première fois qu'ils avaient rompu. Il a essayé de faire comme si tout était parfaitement normal. Je dis « essayé » parce que même quand il riait ou souriait, il y avait toujours un moment où il finissait par se soustraire à la conversation et à aller s'asseoir tout seul sur un banc, l'air mélancolique. Parfois, il était complètement perdu dans ses pensées et ne remarquait plus ce qu'ils se passait autour de lui. Mais il était déterminé à aller mieux. Une semaine après, je l'ai entendu éclater de rire et depuis il s'est remis à se comporter comme le chieur qu'il est. Ses bizarreries ont cessé.

     

    Quant à moi, j'ai été très occupé à nettoyer tous les instruments du club. Il y a en a une tonne et ils étaient vraiment crades. Il faut vraiment qu'on en prenne mieux soin. Soupir.

     

    « Putain, Ngoi ! Ajuste les cordes du violon d'abord où elles vont se péter ! » hurle Ohm à l'esclave du club.

     

    Ngoi avait commencé à nettoyer un violon sans détendre ses cordes au préalable. Si elles se rompent, je te vends au premier bar gay que je trouve pour pouvoir payer la réparation. Mais je ne suis pas sûr qu'on m'en offrira assez pour couvrir les frais.

     

     

    La salle du club est pleine à craquer. C'est une de nos traditions que d'organiser un grand nettoyage au début de l'année. En plus, les gars sont là pour entretenir les instruments qu'ils utilisent personnellement. Moi je range un peu tout ce qui me tombe sous la main, ce qui n'est pas terrible vu que ça signifie que je vais finir par aider tout le monde et m'occuper de toute la pièce.

     

    « Je n'ai pas peur des matins qui viennent

     J'ai juste peur qu'ils ne viennent jamais

     Même s'il est très tôt

     Je peux le supporter »

     

    Ne partez pas en courant. J'ai simplement changé ma sonnerie une nouvelle fois, hé hé hé. C'est une chanson de Leo Putt. J'attrape mon portable sans vérifier qui m'appelle au préalable (En fait, je l'avais laissé par terre et ça vibrait tellement fort que ça m'a terrifié). Malgré tout, je sais très bien qui est au bout du fil.

     

    « Où es-tu bon sang ? »

     

    C'est le pauvre secrétaire du Conseil des étudiants abandonné. Il me colle comme un chewing-gum depuis qu'il a rompu avec sa copine.

     

    «Au club de musique. Et toi ? » lui dis-je en tenant le portable entre ma joue et mon épaule vu que je dois cirer les flûtes en même temps. Je peux l'entendre feuilleter des papiers.

     

    « Au bureau. Donc tu es toujours au lycée ? Tu viens me tenir compagnie ? »

     

    Vous voyez le truc ? Phun se sent vraiment seul. Dernièrement, il m'invite sans arrêt à venir le rejoindre, à un tel point que je suis devenu un membre honorifique du Conseil des étudiants maintenant. Mais là, je ne peux vraiment pas aller le voir vu tout ce que j'ai à faire.

     

     « Je peux pas. Je nettoie les instruments.

     - Amène-les alors »

     

    T'es sérieux ? Tu veux que traîne une contrebasse, un trombone et un piano électrique jusqu'au bureau du Conseil des étudiants ?!

     

     «  Hilarant. Qu'est-ce que tu fais, d'ailleurs ? »

     

     Je l'entends encore tourner des pages.

     

    « Je contrôle la répartition du budget pour le premier trimestre. J'ai l'impression d'avoir un marteau qui cogne à l'intérieur de ma tête ».

     

     J'ai demandé ce que tu faisais pas comment allait ta tête. Il faut vraiment qu'on s'intéresse à lui pour qu'il soit content, celui-là. Ne pense pas que le Noh que tu as en face de toi va compatir.

     

    « Toi, amène tes dossiers là, alors. Et dépêche-toi avant d'en être à voir des fantômes », lui dis-je avant de raccrocher.

     

    Moins de dix minutes plus tard, la haute figure de Phun Phumipat se tient à côté de la porte, tout sourire. Tu t'étais déjà préparé à venir ici avant que je te le propose, hein ?

     

    « P'Phun ! Salut ! » l'accueillent certains des cadets.

     

    Pour dire vrai, Phun est tellement souvent venu ici qu'il est quasiment considéré comme un membre du club. Je me retourne pour le voir les saluer de son beau visage. Il vient s'asseoir à côté de moi, trois gros classeurs dans les mains.

     

    « C'est sûr qu'il y a plus d'animation, ici » dit-il en ouvrant un des classeurs.

     

    Il aurait pu continuer à travailler si quelqu'un ne s'était pas mis à aboyer.

     

    « Qu'est-ce que c'est ce bordel, Phun ? J'aurais pensé que ton bureau était beaucoup plus confortable pour bosser. Je me demande bien pourquoi tu as ressenti le besoin de venir jusqu'ici... »

     

    Je n'ai pas besoin de préciser qui a dit ça, n'est-ce pas ? Il est toujours comme ça. Il ne se fatigue jamais, franchement ? A faire ce genre de commentaire tout le temps.

     

    « Ne dis pas ça, p'Ohm. P'Phun trouve cette pièce plus confortable...émotionnellement.

     - Ouuuuuh ! »

     

    Putain, Per ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?! Mais en plus, tout le monde dans la salle s'arrête de nettoyer et se met à siffler. C'est terminé. Ma vie est finie. Je fais des doigts d'honneur à à peu près tout le monde dans la pièce alors que Phun ricane.

     

    « Il a raison, tu sais...

     - Ouuuuuuuuuuuh ! »

     

     T'es sérieux, là ? T'entres dans le jeu de ces mecs ? Les « ouh » sont encore plus nombreux maintenant -_- Si je ne venais pas tout juste de nettoyer cette flûte, je la lui aurais écrasée sur la crâne. Ce manège continua un moment avant qu'Ohm n'ait à son tour des problèmes (après tout, nong Mick était dans la pièce). Finalement, on retourna tous à notre ménage, chacun à sa tâche.

     

     Phun a mis des lunettes et se concentre désormais sur sa calculette à côté de moi. Il semble totalement pris dans le calcul du budget. Je le vois rarement porter des lunettes (il m'a dit qu'il n'en avait besoin que quand il avait beaucoup de choses à lire) mais je pense vraiment qu'il a l'air trop cool avec.

     

    « Qu'est-ce que tu regardes ? Je suis sexy, hein ? »

     

    Bon dieu, ce connard a des couilles pour sortir un truc pareil. Je fronce les sourcils en lui décochant un regard noir alors qu'il me renvoie une expression moqueuse. J'ai envie d'attraper quelque chose et de la lui jeter à la gueule.

     

    « Ouais, aussi sexy que mes petites peaux de pied ».

     

    Hé hé. A ce moment-là, je me sens en mesure de dire des trucs comme ça, aussi. Phun hausse les épaules comme s'il choisissait d'ignorer ce que je venais de dire et se remet à pianoter sur sa calculatrice.

     

    « Je n'ai pas peur des matins qui viennent

     J'ai juste peur qu'ils ne viennent jamais

     Même s'il est très tôt

     Je peux le supporter »

     

    Leo Putt recommence à chanter bruyamment depuis mon portable. Je tressaille une nouvelle fois mais Phun est plus rapide que moi : il regarde ce qui s'affiche avant que je ne puisse le faire. Le nom et la photo de Yuri illuminent l'écran. Ses yeux se posent sur moi alors que je réponds à l'appel.

     

     « Oui. Quel jour c'est ? Ah, demain ? Oui, oui, bien sûr »

     

    Je sens toujours le regard de Phun sur moi. Pourquoi il me fixe comme ça, franchement ?

     

    « On peut se donner rendez-vous à Siam, alors. Je serai peut-être un peu en retard, cela dit. D'accord, à plus tard ».

     

    « Alors comme ça tu es pris, demain ? » me demande Phun immédiatement après que j'ai raccroché. Je me retourne pour le regarder, l'air confus.

     

    « Ben ouais, je viens juste de faire des projets. Pourquoi ?

     - Pour rien... » répond-il avant de retourner à son travail sans me prêter la moindre attention.

     

     Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

     

    °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

     

    Après avoir dû rester assis à écouter les plaintes et gémissements de Yuri hier, je me suis rapidement occupé de la requête du couvent. Ils nous ont sollicités pour qu'on joue à leur cérémonie de fin d'année. On s'était déjà produit en milieu d'année et il semblerait qu'on va y retourner très prochainement, je suppose que ça signifie qu'ils ont vraiment aimé notre prestation. C'était un petit trop agité pour moi mais c'était pas si mal non plus vu que les professeurs ont autorisé un nouveau concert. Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est de décider de qui va jouer. Je quitte la station BTS à Siam à presque 17h. Je cours jusqu'au Starbucks où Yuri a dit qu'elle m'attendrait. Elle m'a appelée hier en faisant un scandale parce qu'elle ne m'avait pas vu depuis le Nouvel an, donc j'ai décidé de sortir avec elle aujourd'hui.

     

     « Désolé d'avoir été si long ».

     

     Je m'excuse rapidement mais elle me fait un sourire doux.

     

     « Ça n'a pas été si long. Je pensais que tu arriverais plus tard, en fait » me répond-elle en rangeant le livre qu'elle lisait dans son sac. Puis elle se lève et place son bras en dessous du mien alors qu'on quitte le café ensemble.

     

     « On va manger quelque chose ? Tu dois retourner chez toi tôt, aujourd'hui ? 

     - Je ne suis jamais pressé de retourner chez moi, mais ce n'est pas bon pour toi de rentrer trop tard, tu sais »

     

     Je lui rappelle mon intérêt pour son bien-être mais il est clair qu'elle ne m'écoute pas. On déambule dans le quartier et on se retrouve à Hong Kong Noodle vu que Yuri a dit qu'elle voulait manger des raviolis aux crevettes et que ça me tentait bien moi aussi. Le serveur apporte un verre e thé glacé pour Yuri.

     

    « Hé, j'ai entendu que ton club allait donner un nouveau concert à mon école bientôt ? ».

     

    J'opine du menton.

     

     « Oui, l'assemblée vient juste de donner son accord. Quel genre d'événement organise ton école ?

     - Juste une journée portes-ouvertes. Je suis trop contente de pouvoir te réentendre chanter ! » me dit-elle, un grand sourire plaqué sur le visage.

     

     Je lui souris en retour.

     

    «  Je ne chanterai peut-être pas. Il faut qu'on décide de ça tous ensemble, d'abord. Si un autre groupe est prêt à jouer, je ne monterai pas sur scène

     - Ooooooooooooh »

     

    Elle laisse échapper un profond soupir de dépit. Je ne peux m'empêcher de passer ma main dans ses cheveux pour la décoiffer, dans un geste d'affection. De gros bols de soupe de nouilles arrivent bientôt sur notre table, ainsi que le riz fris au crabe et le canard rôti qu'on a commandés. Yuri mange, tout en se plaignant des raviolis, qui sont trop gros pour être ingurgités correctement. Pourtant, je me souviens que c'est elle qui voulais tant manger des raviolis (alors pourquoi elle râle, maintenant?). C'est mignon de la voir se débattre pour les avaler, cela dit. Finalement, elle m'en donne un pour que je puisse les finir. Alors qu'on a presque fini notre dîner, j'entends un groupe de filles débarquer. Je ne m'y intéresse pas (étant donné que je suis concentré sur ma nourriture), jusqu'à ce que Yuri sourie et les salue.

     

    « Oh, Yuri. Tu as un rendez-vous ? »

     

    Une fille avec des tresses s'approche, suivie par d'autres qui entourent bientôt notre table. Hem, ça fout un peu les jetons.

     

    « Oui et je ne vais pas vous laisser nous interrompre, hé hé ! » dit Yuri, son sourire atteignant maintenant ses oreilles. Je dis bonjour à tout le monde. On dirait qu'elle me dévisagent, ou alors c'est moi qui imagine des trucs ?

     

    « Ça doit être Noh. T'es vraiment quelqu'un, Yuri. On criait toutes pour attirer son attention au concert l'année dernière et finalement elle l'a attrapé en douce et gardé pour elle toute seule.

     - Mais oui...Elle t'a jeté un sort ou quoi ? »

     

     Les filles jouent à taquiner Yuri mais je remarque qu'elle ne semble pas partager leur amusement.

     

    « Hilarant. Vous feriez bien de faites gaffe.

     - Ça ne s'est pas passé comme ça »

     

     

    J'interviens avec un sourire pour aider Yuri. Elles laissent tomber le sujet et parlent de la pluie et du beau temps avant de finalement nous quitter pour rejoindre leur table. C'est à ce moment-là que je peux clairement voir que Yuri est fâchée.

     

    «  Quelque chose ne va pas, Yu ? »

     

    Elle remue la tête.

     

     « Non...finissons et partons, Noh ».

     

     C'était bien mon intention (vu que je voulais voir pour des livres à Kinokuniya (1)) mais maintenant que je l'entends dire ça, je me presse d'autant plus.

     

    Juste au moment où on finit nos plats, le son d'une chaise que l'on tire nous fait laver la tête de nos assiettes.

     

    « Salut »

     

     C'est une des filles de tout à l'heure. Elle s'assied à côté de nous. Elle me sourit ce qui fait avoir une expression amère à Yuri.

     

    « Sa...salut ».

     

     Je n'ai pas d'autre choix que de lui répondre même si je sais que Yuri préférerait que je ne le fasse pas.

     

    « Tu es le président du club de musique de cette année, hein ? Je suis aussi membre du club de musique de mon école ».

     

    Elle commence à me faire la conversation et je me demande si elle est supposée être l'amie de Yuri ou la mienne. Mais je ne peux pas me montrer impoli et l'envoyer balader.

     

    « Ah... ?

    - J'ai entendu dire que tu jouais vraiment bien. Je ne suis pas très bonne avec les instruments. Je pourrais avoir ton numéro pour t'appeler au cas où j'aurais besoin de conseil ? »

     

    Hem...elle attaque, là. Ça me prend par surprise mais comme elle utilise la musique comme prétexte, je ne peux pas vraiment lui dire non étant donné que je suis la président de mon club de musique.

     

    « Euh, c'est 089...hé ! »

     

    Yuri me met un coup de pied dans le tibia juste au moment où je m'apprête à donner mon numéro. Mais elle me frappe ! Mon agresseuse se retourne vers la fille qui nous a rejoints et lui adresse un sourire mielleux.

     

    « Tu peux me demander si tu as la moindre question. Je la transmettrai à Noh. L’addition, s'il-vous-plaît ! ».

     

    Je suis franchement confus quant à ce qu'il vient de se passer mais je tends un billet au serveur qui s'amène immédiatement avec la note.

     

     « C'est pour moi » dit Yuri en se tournant de nouveau vers l'autre fille, un grand sourire sur le visage.

     

    Elle a l'air extatique.

     

     « On va y aller, à bientôt » dit-elle avant de reprendre mon bras.

     

    On quitte le restaurant ensemble.

     

    Hum...Je crois que je commence à comprendre.

     

    A suivre...

     

     

     

    (1) chaîne japonaise de grandes librairies

     


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